Le nom de Kevin Ogilvie ne parle pas forcément à tout le monde, c'est un fait. Par contre, quand on parle de Nivek oGre de SKINNY PUPPY, niveau réaction, ce n'est pas du tout la même chose... OHGR est donc son projet solo, qui n'a d'ailleurs rien à voir, pour ceux qui n'aurait jamais su/suivi/compris. Et il défend cette année un très attendu nouvel album.

Artiste étonnant et complet, donc chaque concert avec SP tient de la performance, Ogre signe ici un album intimidant de prime abord. En effet, les morceaux ne se suivent pas, ils forment une chaîne étrange, interrompue par des ballades plus ou moins glauques ou surréalistes. Tenant du grand moment de l'électro comme de l'expérience minimaliste, cet ensemble fait voyager dans des dimensions décalées et délirantes. On découvre au détour de morceaux des souvenirs de son influence sur son groupe, mais aussi des jeux de mots, de sons et de voix surprenants. oGre prend le contrôle de tout un environnement onirique et l'exprime par autant de variations musicales.
Difficile d'ailleurs de n'écouter qu'un titre. Le contenu est dense, riche et très réfléchi, et chaque piste prend son sens en suivant, contrecarrant et sublimant la précédente. On se demande régulièrement si, plus qu'une musique, on ne serait pas en face d'une ambiance, d'essais toujours bien trouvés et efficacement concrétisés. On se perd entre les genres, les expériences et les sensations. Il n'est pas évident de rentrer dans le délire, plus encore d'y tenir, mais c'est presque avec nostalgie qu'on s'enferme dans ce labyrinthe d'ambiances. Qu'on aime ou non, ces variations, du slam industriel à un électro rock minimaliste fait de ce DimD un grand moment planant et psychédélique totalement contemporain, mécanique et électronique. Quelque part entre PUNISH YOURSELF, PRODIGY et un zombi d'HENDRIX actualisé se trouve cet OHGR.

Au final, l'expérience OHGR reste un moment à part. Difficile d'ailleurs de savoir, dans la mesure où il n'a pas été absolument insupportable à la première seconde, si l'on a apprécié cette galette. On se demande si elle nous a changés, abandonnés ou autre, mais les sensations lorsqu'elle s'arrête vous laissent hagard. Oreilles préparées, esprits ouverts et âmes voyageuses, tentez l'aventure. Mais partez prévenus, vous vous laisserez guider vers nulle part. Ça peut être « concept », « géant » ou « minable », voire « incompréhensible ». En tout cas, ça ne parlera qu'à vous de cette façon. Et pour tout ce qu'on découvre, il mérite bien qu'on lui tire notre chapeau...


Rédigé par : Aneria | Voyageurs musicaux : 17/20 Sédentaires des genres : 11 | Nb de lectures : 10862