On en a maintenant l’habitude, les metalleux renommés n’hésitent pas à s’offrir de petites récréations solos en dehors du milieu metal. Que ce soit Karl Sanders ou Scott Hull avec leur album d’ambient, Tommy Rogers avec le pop/rock quatre étoiles ou Freddy Madball avec le hip hop, ceux-là ont franchi le pas. Mais cette fois, c’est l’inverse qui se produit. C’est un musicien étranger au monde du metal qui se lance dans la composition d’un album… de Metal. OF LEGENDS est apparu tout récemment sur les écrans de contrôle du petit monde du rock ferreux, propulsés sur le devant de la scène par Ben Weinman dont ils sont devenus les petits chouchous. Enfin, il est devenu le petit chouchou car OF LEGENDS est un one man band. Derrière le projet se cache Luis Dubuc, qui se lance dans le Metal après s’être fait un nom dans le monde de l’indie rock/electro avec The SECRET HANDSHAKE. Las de jouer ce genre de musique et d’amasser les dollars, Luis décide de se lancer dans le Metal en 2010 et c’est ainsi que OF LEGENDS vu le jour. Avec dans la foulée, une signature chez Season Of Mist.

En bon musicien polyvalent qu’il est, Luis a composé cet album tout seul et y joue de tous les instruments sauf la batterie. Pour tenir la place derrière les fûts, il fit appel à un des batteurs les plus chauds du moment : Travis Orbin de PERIPHERY. Normal vu le son pratiqué par OF LEGENDS : un mix de « Djent » (quel qualificatif de merde), de Meshuggah et d’une petite touche de Metalcore bien moelleux pour la forme. Musicalement, le projet de Luis Dubuc ne révolutionne en rien le Metal et emprunte les voies plus que pénétrables du Meshuggah like. L’alerte au gros son et aux gros riffs est donc déjà lancée. Dès les premières notes de « Nothing Matters » on entend l’influence du sieur Thorendal. Riffs syncopés, son de gratte maousse et rythmique qui s’attaque d’entrée de jeu aux vertèbres cervicales. Ce n’est certes pas du Meshu mais ça y ressemble beaucoup au premier abord. Puis au fil de l’album, on remarque que ça n’y ressemble pas tant que ça. Les compositions d’OF LEGENDS évitent le côté parfois froid et mécanique du style en y injectant une bonne dose de groove et de funkystyle. Ça bastonne certes, mais ça fait tout autant remuer le popotin des filles. Et ça, c’est toujours bon à prendre.

Luis Dubuc, de par son passé de zicos tout entier dédié au swing dribble le côté parfois un peu péteux et pète-couilles de Meshuggah grâce à l’ajout d’un petit quelque chose en plus. Une petite touche Converge que je ne saurais pas trop comment définir mais qu’on ressent à l’écoute de certains titres, des parties un peu freestyle à la Dillinger Escape Plan sur « Save The Humans » notamment. Puis il faut aussi saluer le formidable travail de Travis Orbin à la batterie qui prend à son compte certains morceaux un peu plats niveau grattes et les emmènent très haut vers les cimes « Djent » malgré un son un peu trop mécanique au niveau de la grosse caisse. Orbin vole le show et prend possession de plusieurs morceaux, plaçant les guitares comme simples instruments de soutien. C’est le cas sur « Death Eyes » tout entier possédé par la batterie, mixée très en avant d’ailleurs. Les six, sept ou huit cordes, reprennent les choses en main sur « Off Guard » qui s’offre quelques réminiscences Fear Factoryenne et sur un « Save The Humans » Dillingerien. « We Wish Death » lui est groovy en diable. C’est assez remarquable de la part de Dubuc que de faire sonner de façon aussi rondelette des riffs à ce point carrés et rigides.

Pour une première incursion dans le metal, le gaillard se démerde pas mal du tout même si à la longue il s’embourbe dans une structure trop répétitive et un enchaînement de riffs qui finit par tourner dans le vide. Pourtant l’album n’est pas long : 12 titres, dont 2 sont mystérieusement passés à la trappe sur le promo presse qui n’en compte que 10. Dubuc a l’intelligence de proposer des titres courts, en moyenne 2 minutes, et de ne pas s’embarquer dans des compostions fleuves. Chaque morceau pris séparément est efficace et touche au but mais mis ensemble, le tout est trop homogène et peut finir par sonner comme une étude de riffs et de rythmiques plutôt que comme un vrai album. Vocalement là aussi il s’en tire correctement même si, encore une fois, ses lignes de chant sont trop répétitives se ressemblent énormément. La grande force de OF LEGENDS est la maîtrise des instruments et un groove omniprésent. Maintenant il faudrait bosser la composition pour rendre le tout plus profond et plus riche. Un petit coup de bigot au parrain Weinman devrait arranger ça. « Stranded » est un album sans surprises, qui se laisse écouter sans problèmes et possède quelques morceaux pas piqués des hannetons. Ca devrait plaire aux fans de Meshuggah et de « Djent » en général puis vu que c’est l’effort d’un novice on va pas être trop bâtard et lui souhaiter bonne chance car indéniablement, la gars a un potentiel qui ne demande qu’à exploser.




Rédigé par : Seb On Fire | 13.5/20 | Nb de lectures : 12923