On connaît tous des petits groupes que l'on suit depuis des années, dont on aime la discographie et qu'on aimerait vraiment voir sortir un peu de l'anonymat et enfin susciter un peu d'intérêt car ils le méritent. OFFICIUM TRISTE est sur ma liste personnelle de ces groupes. Ce sextet originaire de Rotterdam et qui fêtera l'année prochaine ses vingt ans d'existence nous offre avec ce "Mors Viri" son cinquième album et on ne peut pas dire qu'ils aient jamais déchaîné les foules alors qu'ils ne manquent clairement pas d'atouts pour séduire les amateurs du genre. Il faut dire que le groupe a connu tout au long de sa carrière quelques problèmes de line-up qui ont sans doute desservi le groupe mais ceux-ci semblent désormais faire partie du passé et, en dehors de l'arrivée d'un nouveau batteur en 2009 pour remplacer Martin Kwakernaak qui n'a pas quitté le groupe mais a décidé de se consacrer exclusivement aux claviers, le groupe semble enfin avoir trouvé un line-up stable. On se demande alors pourquoi il est resté si discret depuis la sortie de "Giving Yourself Away" son dernier album en 2007. C'est à peine si le groupe s'est rappelé à notre bon souvenir en 2009 par la sortie de "Charcoal Hearts - 15 Years of Hurt" une compilation célébrant les 15 ans d'existence du groupe et l'an dernier par la sortie d'un split album avec les Allemands de OPHIS où on ne trouvait que deux nouveaux titres, pour un total de 17 minutes certes, mais deux titres seulement quand même.

Dire que "Mors Viri" reprend les choses là où "Giving Yourself Away" les avait laissées serait donc un peu hasardeux tant l'eau a coulé sous les ponts entre les deux albums mais c'est en fait tout de même un peu le cas. "Giving Yourself Away" avait marqué une évolution notable avec un piano plus présent, des compositions d'un niveau supérieur et un chant clair qui prenait le dessus sur les growls avec un Pim Blankenstein qui avait beaucoup progressé dans ce domaine. "Mors Viri" garde le même cap et propose une musique toujours doom, toujours influencée par MY DYING BRIDE, l'ANATHEMA des tous débuts et également leurs voisins danois de SATURNUS même si avec le temps ces influences se font de plus en plus diffuses et discrètes tant le groupe a maintenant une solide identité propre. Le côté mélodique a encore été renforcé ici, les morceaux sont encore un peu plus accessibles et faciles d'accès que par le passé. Ils sont un peu plus courts, on en compte 8 sur cet album contre 5 ou 6 sur les albums précédents. Certains morceaux sont vraiment très catchy et vous restent dans la tête dès la première écoute, tel "Your Fall From Grace" qui ouvre l'album ou encore "Your Heaven, My Underworld" et ses quelques notes de piano redoutablement efficaces.

Le chant clair est plus que jamais présent sur cet album. Pim Blankenstein a visiblement ou plutôt audiblement encore étendu son registre par rapport à l'album précédent. C'est notamment le cas sur l'excellent "To the Gallows" et son refrain déclamé dont l'alternance avec des growls bien profond rend ce titre vraiment très bon et efficace. Les 8 titres ou plus exactement 7 titres plus un interlude que l'on croirait tout droit sorti d'une musique de film sont tous très bons et surtout bien différents les uns des autres, le groupe y varie les ambiances avec un égal brio que ce soient les ambiances lourdes à la "Burning All Boats and Bridges" ou beaucoup plus légères et aériennes comme sur "Your Heaven, My Underworld".

OFFICIUM TRISTE est donc de retour en grande forme, voilà une bonne nouvelle alors que le groupe fêtera l'an prochain son 20ème anniversaire. Espérons juste qu'il ne faudra pas attendra 2019 pour qu'il sorte l'album suivant...


Rédigé par : Sheb | 16/20 | Nb de lectures : 14099