La Hollande -enfin les Pays-Bas pour être correct- est un endroit étonnant. Un pays de 10 millions d'habitants à peine qui se paie le luxe d'abriter une grosse poignée de groupes ultra-cultes (vous savez lesquels) et une multitude de formations estimables, une concentration de salles de concerts enviable et une scène metal plus que dynamique, des filles aux jambes interminables et des estaminets largement pourvus en bières trappistes des voisins flamands. Non ce n'est pas un dépliant de l'office de tourisme mais bien l'introduction de la chronique du dernier OFFICIUM TRISTE. Un groupe avec une carrière mouvementée, émaillée d'une séparation à la fin des années 90 et de multiples remaniements de line up qui parvient malgré tout à alimenter régulièrement sa discographie en albums, EP et autres splits de qualité. "Charcoal Hearts" est précisément un album anniversaire venant célébrer la quinzième année d'existence de la formation néerlandaise.

La composition du disque est loin d'être négligeable puisqu'on y retrouve un titre illustrant la dernière mouture du groupe, un inédit issu de la session du précédent album -mais qui aurait largement mérité d'y figurer, une reprise acoustique d'un standard du groupe, une reprise du hit de Killing Joke « Love like blood », un split CD réenregistré pour l'occasion et leur premier EP désormais épuisé. Neuf titres qui offrent un panorama assez complet de la carrière du groupe tout en démontrant l'homogénéité de sa musique et la constance de sa valeur.
La force de leur Rotterdoom (si, si, vous allez trouver le jeu de mot) réside essentiellement dans l'habile combinaison entre les growls profonds de Pim Blankenstein et le travail harmonique des guitares alternant riffs ultra lourds et mélodies accrocheuses. Le chant encore, alterne lignes profondes et envolées lyriques dans une illustration d'un oxymore qui définit bien le doom/death : l'allégresse mélancolique. La texture des morceaux se dote de couleurs très personnelles dans un registre toujours sensible auquel le travail des claviers n'est pas étranger. Le précédent album du groupe avait beau s'illustrer d'une potence, je reste convaincu que le son d'OFFICIUM TRISTE est davantage une invitation à des rêveries solitaires qu'à une morne dépression.

Je reconnais que le groupe n'arrivera vraisemblablement jamais à la notoriété des MY DYING BRIDE et autre ANATHEMA auprès desquels il puise son inspiration principale sans parvenir à la digérer complètement. Il n'en reste pas moins que cet album anniversaire n'a pas à rougir au milieu des sorties imminentes de KATATONIA ou PARADISE LOST.
Pour reprendre le titre de l'album je ne pense pas que le groupe ait consumé toute sa créativité pour ne laisser qu'un cœur de charbon, j'en voudrais pour unique preuve la superbe reprise acoustique du titre éponyme rehaussée d'une partition à la mandoline absolument poignante. Surfant sur le succès de « Giving yourself away » et doté d'un line up enfin solide OFFICIUM TRISTE peut enfin se donner les moyens de pérenniser sa place dans la scène doom actuelle pour une quinzaine d'années supplémentaires.
Comme on dit là-haut : Prettige verjaardag en gefeliciteerd!


Rédigé par : #Guillaume# | 15/20 | Nb de lectures : 10362