Rien qu'à la pochette et à la lecture du feuillet promo, je savais que ça allait bloquer entre nous. La pochette, d'abord est... plutôt laide. Un moustique en train de pomper un oeil. Wouh. Cohérent avec le nom du groupe, puisque mon petit doigt me susurre que le mot Oestre "regroupe des insectes diptères, généralement de grosses mouches surtout répandues dans les régions chaudes, mais aussi tempérées du globe, dont les larves parasitent (endoparasites) l'homme et/ou certains animaux dont les bêtes de somme, bœufs, moutons, des oiseaux... Les larves de certaines de ces espèces provoquent des maladies humaines dites « myases » souvent peu dangereuses pour les animaux, mais dépréciant les peaux."

Ou comment se cultiver en chroniquant des groupes moyens. 'Fin revenons à nos moutons, ça justifie pas une pochette laide, ni un magnifique verso avec cette même pochette mais avec nos cinq lascars croisant les bras et fronçant les sourcils, incrustés avec un logiciel digne du Paint ouzbecque. Pourquoi qu'ils sont pas contents? Y'avait plus de papier dans les toilettes? Y'avait pas de cartes Yu-Gi-Oh dans le paquet de Frosties comme marqué? Sérieux, ça me gave tous ces groupes qui se sentent obligés de tirer la gueule sur les photos promos juste parce qu'ils font de la zik "brutale", si on veut être crédible c'est en musique et pas en pixels...

Et là-dessus, constat plutôt mitigé. Oestre évolue dans un metal/hardcore froid pas extraordinairement folichon, dans la veine de ce que peut proposer Meshuggah, Mnemic (pour les samples cyber) ou Fear Factory. En moins inspiré. Rythmiquement c'est en place, le batteur se distingue particulièrement à ce jeu-là, en balançant ses polyrythmies à tout va et en proposant un jeu à la double de qualité et des breaks efficaces. Par contre, la grosse caisse a droit à un son triggé pas fabuleux. Les deux gratteux proposent des riffs pas très aventureux et qui tournent vite en rond. Toujours le même terrain de jeu. C'est simple, cette monotonie m'a empêché d'écouter cette galette plus de dix minutes d'affilée.

Pourtant sur le feuillet promo ils vantent les passages samplés indus/ambient/jungle... Bah c'est pas la fête non plus. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Le préposé aux samples a renversé sa bière sur son matos pendant l'enregistrement? Les nappes sonores débarquent au petit bonheur la chance, certaines donnent vraiment l'impression d'avoir été posées à l'arrache et le choix des ambiances est parfois discutable. J'y suis resté aussi impénétrable que le crachin breton lorsqu'il vient s'abattre sur mon beau ciré Guy Cotten. Balancer Aphex Twin en influence ne justifie pas tous les écarts. Y'a des choses qui m'échappent...

Vocalement, c'est répétitif, monotone. Une voix grave bien bateau grognée à la Lofo (pas de bol, jamais pu blairer la voix de Reuno), monocorde, sans aucune variation. Ah si, y'a deux trois passages clairs/atmosphérique exactement comme ceux que balance Joe de Gojira. J'ai même pas envie de m'étaler sur les paroles, les quelques bribes que j'ai saisies m'ont bien refroidi ("en équilibre sur la corde de la vie..." hum hum). La prod' est honnête pour un premier album, mais quand même un peu juste. Quand on entend certaines autoprods aujourd'hui...

Au final un premier album très moyen, assez indigeste sur sa totalité. La musique manque de consistance à tous les niveaux, de la voix aux riffs, de la prod' aux samples... Limite franchouillard. Faut être un peu plus ambitieux que ça si on veut pouvoir se distinguer parmi les 15000 groupes du style qui font ça mieux. A revoir.


Rédigé par : Crown_me | 09/20 | Nb de lectures : 11726