Il y a (déjà) cinq ans, nous évoquions ensemble dans les pages de VS le second album d'Odroerir Götterlieder. Enfin, "ensemble", non pas avec toi qui a découvert le folk metal avec le dernier Equilibrium. Mais tu peux rester quand même, ô jeune, car cela va t'intéresser. Par contre, tu te permettras de poster un comm quand tu m'auras soigné cette mauvaise peau.

Il s'en est passé des choses en cinq ans. Comme la saillie drôlatique du paragraphe précédent tentait de l'évoquer, la vague pagan metal nous a depuis submergés, laissant au pilotage une nouvelle génération avide de s'étriper avec des épées en mousse. Les Teutons (notamment) ont fait tourner la photocopieuse, pillant sans vergogne une thématique et une vision du metal, jusqu'à la lie. Il faut désormais se lever tôt pour trouver un groupe de folk metal qui se démarque un peu du lot.

Mais Odroerir était là avant. Et avant encore, il y a avait Menhir, dont est issu Fix, le maître à penser de la formation germanique qui nous intéresse aujourd'hui. S'il n'est pas possible de nier la filiation, Odroerir s'est toutefois presque dépouillé de sa partie metal pour se concentrer sur la beauté de parties vocales portées par une instrumentation traditionnelle. Götterlieder avait ainsi réussi le hold-up dans quelques cœurs de guerriers il y a cinq ans par la poésie d'un album hors-norme.

Cinq ans plus tard (et c'est long un quinquennat parfois), la recette n'a pas changé. Le traditionnel aura la part belle dans ce nouvel album qui ressemble de manière troublante à son prédécesseur (même le long final de plus d'un quart d'heure est là). Pendant 63 minutes, Odroerir nous rejoue une fête médiévale avec une délicatesse tout aussi touchante malgré les années.

Comme pour le précédent album, je ne peux que regretter le manque d'intérêt des parties de guitare. La seule caution metal, ce sont des rythmiques fadasses et des solos mal branlés. Pour le reste, l'album est simplement parfait. Les vocalises sont encore une fois magiques et sont magnifiquement soutenues par les instrumentistes. Quel dommage d'avoir installé un groupe électrogène dans le village!

Uniquement dédié au poète-troubadour qui sommeille en vous, Götterlieder II est un album aussi émouvant que ses parties de gratte sont maladroites. Et c'est peut-être cette maladresse qui apporte une humanité à tout le bazar. Bon, on va surtout remercier le chant, hein. Mais quel chant! C'est bien lui qui nous transporte, loin des lumières de la cité, dans une époque où le temps s'écoule lentement. Tant que la guitare se tait, c'est farpait.


Rédigé par : Prince de Lu | 15/20 | Nb de lectures : 13471