Dans la guerre sans pitié qui opposent depuis des éons les tristus et les rigolus, October Falls se positionne dans le camp des moins drôles sans aucune ambiguité. Auteur du EP "Tuoni" en 2003 et de l'album "Marras" en 2005, le Finlandais Mikko Lehto maîtrise mieux que quiconque l'art de faire fondre en larmes un gagnant du Loto. October Falls, c'est un énorme coup de spleen à qui se penche sur ses compositions. Après deux premières réussites sponsorisées par Kleenex, le successeur du très mal-nommé "Marras" se faisait gentiment attendre. Jusqu'à l'annonce de la sortie en début d'année chez nos Frenchies de Debemur d'un nouveau mini intitulé "The Streams of the End".

Première surprise, d'autres instrumentistes se sont ajoutés au projet. Le bâton glacé est accompagné d'un bassiste et d'un batteur, ce qui bouleverse un répertoire jusque-là basé sur des instrumentaux avec guitare acoustique, piano et flûtiau doucereux. La basse est ici tenue par un certain V. Metsola qui a déjà aidé à l'enregistrement de "Tuoni". Et d'ailleurs la notion d'instrumentaux en prend un sacré coup puisque des "vocals" sont bel et bien présents. On parle bien ici (je cite) d'une nouvelle "perspective" pour October Falls, qui a le bon goût d'évoluer. Bien, bien.

S'armant de sons électriques et de la section rythmique qui nous est désormais familière, October Falls se mute brusquement en un projet de black atmo à tendance folk. Les passages acoustiques sont évidemment toujours présents, mais le cœur de l'action est maintenant dans les mains de rythmiques sourdes portées par des tapis de double tissés main ("Shores of Fire", puissamment efficace). Les vocaux de Gremlins courroucé ne sont pas des plus marquants, mais l'instrumentation prend suffisamment les devants pour que ce détail ne transparaisse pas trop.

Les morceaux sont assez simplement structurés autour d'une poignée de riffs bien mélodiques. Néanmoins, les transitions sont réalisées avec suffisamment de doigté pour que rien ne semble forcé. Le pont central de "Shores of Fire" est notamment magnifique. Sans nul doute, ces quatre titres sont empreints de la mélancolie que Mikko Lehto a explorée dans ses premières sorties. Si les solos s'avèrent franchement dispensables, les morceaux sont puissants et ravageurs (sauf le quatrième qui est une outro acoustique et qui est juste triste comme un petit lémurien agonisant. Chienne de vie…) Evoluant entre passages plombés et rythmiques lancées à fond de train, les titres s'avèrent assez convaincants, sans pour autant jamais vraiment perturber ni émouvoir.

October Falls abandonne ce qui faisait réellement son originalité pour se lancer dans le peloton des groupes du genre. Le pari est osé et délicat, vu le style pratiqué. Après cette première tentative timide mais correcte, il faudra au groupe trouver rapidement sa marque pour rayonner, sous peine de se noyer dans l'anonymat. Souhaitons leur bonne chance. Sauf que je ne sais foutrement pas comment ça se dit en finnois…




Rédigé par : Prince de Lu | 06/10 | Nb de lectures : 10672