OCEANS OF SADNESS, groupe belge dont j’ignorais jusqu’à l’éxistence, nous délivre tout de même son cinquième album en l’espace de huit ans. Et quel album…

OoS n’y a pas été avec le dos de la cuillère.
Depuis le début de leur carrière, ils s’amusent à brouiller allégrement les pistes en mélangeant énormément de visions, élargissant au maximum leurs horizons et les champs musicaux. Imaginez, pour ceux qui ne connaissent pas, une voix polymorphe pouvant passer d’un chant clair à la Chris Cornell, puis à la Daniel Gildenlow, un peu rauque, puis des cris à la Dani Filth, puis encore des growls gutturaux. Des guitares également polymorphes, comme le reste, tantôt planantes, douces, caressantes, puis soudain lourdes, avec mélodies et souplesse, puis incisives, puis saccadées, une batterie qui vous attend au tournant, sans cesse en mutation, comme l’ensemble. Et des synthés en nappes ou très progressifs, insaisissables. Et tout cela forme un ensemble hydresque.

Cet album est difficile d’accès. De prime abord, je me suis demandé dans quel bourbier je glissais, sans pouvoir m’échapper. Les premières notes du titre d’ouverture me donnèrent une idée bien fausse de ce qui allait suivre. Et je n’ai pas tardé à m’en apercevoir quelques mesures plus loin.

Les musiciens signent ici une œuvre grande, haute, très sombre. Même si je ne peux m’empêcher de me dire que cet amas en apparence chaotique de tant de styles est trop polymorphe pour être honnête. Quand un titre commence métal prog’ puis passe sur du heavy à chant lyrique féminin presque trop proche d’un NIGHTWISH, je me demande ce qui se passe. Et pourtant, il y a une véritable richesse.
OoS est une sorte d’OVNI, qui fait ce qui lui plaît et avec brio, mais risque de perdre l’auditeur le moins exigent en route.

Evidemment, il n’y aurait pas cette production absolument magnifique, équilibrée, puissante, la pilule passerait avec beaucoup plus de difficulté. Les références parlent d’elles-mêmes : produit par Jens Bogren (OPETH, KATATONIA), enregistré au Fascination Street Studios, en Suède, Johan Liiva (ARCH ENEMY, HEARSE) en invité, ainsi que Annlouice Loegdlund du Diablo Swing Orchestra. Vous comprendrez que la puissance est maîtrisée et vous clouera les oreilles au casque ou aux enceintes.

Ajoutez à cela le sempiternel artwork rébarbatif de Seth Siro Anton, reconnaissable entre mille, vu mille fois, qui n’apporte rien, sinon une haute touche de professionnalisme sans âme, impersonnelle.
C’est le seul regret que j’ai sur ce disque. Une musique de ce niveau, il aurait été bon d’avoir un visuel original, unique.

Bon, voilà, rien à redire, tout à dire. J’écoute encore et encore cet album, et je me pose toujours autant de questions. C’est bien construit, surprenant. C’est le mot. Et pourtant, je m’assoie et je me tais.
TAOI est un album insaisissable, plein, remuant, riche, qui change sans cesse et vous surprendra encore après de nombreuses écoutes.

« Let’s go, not to slow ».


Rédigé par : Matthieu | 15/20 | Nb de lectures : 10853