OBSIDIAN KINGDOM - A Year With No Summer (Season of Mist) - 08/06/2016 @ 07h06
C'est vrai, mon sang n'a fait qu'un tour à l'annonce de l'arrivée en ce début d'année 2016 de la deuxième galette des Barcelonais d'OBSIDIAN KINGDOM, dont le premier effort ici chroniqué sur votre droite, "Mantiis", m'avait méchamment baffé. Ce petit trésor de créativité qui se jouait de toutes les étiquettes, death, black, prog, doom pour accoucher d'un monstre metallique protéiforme et attachant. Une démarche artistique ambitieuse couronnée d'un succès d'estime relatif qui rappelait les plus belles heures de MADDER MORTEM. Inutile de vous dire que les attentes étaient élevées, très élevées... trop élevées peut-être à en juger par la direction empruntée par ce "A year with no summer" qui s'inscrit dans une lignée stylistique bien distincte de son glorieux aîné.

Quatre ans séparent les deux albums et l'on sent bien que ce laps de temps a été mis à profit pour tracer les contours d'une démarche artistique différente... à défaut d'être révolutionnaire. Ah oui, "Le changement c'est maintenant" me sussure-t-on dans l'oreillette. D'ailleurs, le lead guitariste et le bassiste qui officiaient sur "Mantiis" l'ont bien compris ! Les deux bougres ont claqué la porte du vaisseau Espagnol, remplacés par deux inconnus au bataillon, Seeborn Apre Tot et Om Rex Orale. Qui viennent ici tenir les manches en déshérence...

Premier grand changement qui saute aux esgourdes : les mid-tempos sont légion et annoncent, comme sur le titre d'ouverture "A year with no summer", des morceaux plus évidents, directs aux structures plus simples et immédiates. Moins d'originalité, plus d'efficacité pourrait-on déduire un peu vite. Sauf que sur "April 10th", l'atmosphère se fait tout de suite beaucoup plus sombre, presque mystérieuse avec une narration lointaine, de la reverb en veux-tu en voilà et une batterie en mode économie d'énergie : le nouveau visage d'OBSIDIAN KINGDOM est troublant. Avant de rebasculer sur des constructions plus classiques, laissant échapper un couple de guitares bien burnées à l'occasion, avec un "Darker" efficace mais gâché par des lignes vocales irritantes. Oui, vous avez bien lu. Exit les growls et autres vocalises porcines, ici c'est chant clair only ma brave dame, ce qui n'est pas une fin en soi. Sauf que le fameux chant clair est encore le cul entre deux chaises et manque de justesse par moment. "Kandisky group", lui sonne comme si OBSIDIAN KINGDOM était tombé le nez le premier dans un flacon d'éther pour en sortir un portrait flou, trouble, presque cotonneux. Etrange, d'autant que le père Attila Csihar vient y poser quelques vocalises grognées du meilleur effet, et quand on connaît l'amour immodéré du bonhomme pour la décadence, le doute n'est plus permis : le bad trip est imminent. Et bien non, perdu, on reprend des forces et on regarde à nouveau vers la lumière avec le court interlude "The polyarnik" et ses violons de toute beauté qui se noient dans un océan de notes diffuses, la mélancolie est à nouveau palpable, on se prend à imaginer ce que cela pourrait donner sur un format plus long. Avant de replonger sur "Black Swan" dans le mid-tempo quoiqu'un poil plus progressif avec ses claviers plutôt inspirés et un chant plus convaincant.

C'est finalement sur "Away/absent" que je retrouve le MADDER... euh l'OBSIDIAN KINGDOM qui me procure des sensations fortes avec ses sept minutes hallucinées et musclées, qui tordent le cou à une première partie d'album en demie-teinte. Explosif, ce morceau remet au goût du jour la force de frappe du quintet lorsqu'il s'adonne à ce qu'il faire de mieux, des embardées rythmiques de toute beauté qui jonglent avec des breaks judicieux avant de repartir pour l'explosion finale ! Du grand art, assurément.

Je dois l'avouer, je ne sais trop quoi penser de cet album au final, je me rends compte si ce n'est qu'il est bien loind de la folie des débuts discographiques du groupe. Il déroutera assurément ceux, qui, comme moi, en attendait beaucoup. Beaucoup trop. De nombreuses écoutes attentives sont donc à prévoir pour l'apprivoiser malgré des structures globalement plus simples et directes. En apparence d'ailleurs, puisque sur des parties plus audacieuses ("Kandisky group" ou "The polyarnik") il laisse entrevoir du potentiel pour une suite qui viendra peut-être s'égarer sur des plate-bandes plus atmosphériques voire electro. N'est-ce pas là finalement la marque de cet album, qui certes n'égale jamais la profondeur et la créativité débridée de "Mantiis", là n'est pas la question mais initie la première étape d'une mue vers un style encore plus affiné, personnel et abouti ?

En attendant la résilience est à l'ordre du jour, pour sûr...




Rédigé par : TarGhost | 13,5/20 | Nb de lectures : 8122




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Commentaire
grozeil
Membre enregistré
Posté le: 09/06/2016 à 00h21 - (120360)
J'avais bien accroché en concert. Du coup, j'avais pris le premier cd, qui ressort finalement assez rarement de son étagère. Je vais donner sa chance à celui-ci mais sans trop de conviction.



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