OBSEQUIAE - Suspended in the Brume of Eos (Bindrune) - 09/01/2012 @ 08h21
Nous le savons, les Etats-Unis est un vaste territoire où tous les extrêmes se rejoignent, le pire comme le meilleur. Ainsi, OBSEQUIAE nous vient précisément du Minnesota et prétend pratiquer un Black d’obédience médiévale. A ces mots, je ne pus empêcher l’effroi de m’étreindre. Connaissant le «bon » goût récurrent de ces fins gourmets, je me voyais déjà me farcir une rondelle estampillée Folk Metal à deux balles en peau de bêtes et sandales « made in China », une sorte de KORPIKLAANI, les croisades en plus ! Finalement, ce ne fut pas le cas, bien au contraire, notre duo de rednecks aurait même tendance à donner une bonne leçon d’authenticité à nous autres du vieux continent.
Mais revenons au début, sous le nom d’AUTUMNAL WINDS, le groupe sortit une pléthore de démos entre 1997 et 2004. Après trois années à vaquer à d’autres occupations musicales, le duo décida de relancer le projet tout en l’affublant d’un nouveau sobriquet. Après une démo en 2009, le combo sort enfin son premier véritable album sous la bannière de Bindrune Recordings. Après avoir admiré l’illustration du gigipack digne d’une tenture du musée de Cluny, il est temps de plonger plus avant dans ce Roman de la Rose musical.
Musicalement, nos deux troubadours n’ont pas menti car effectivement l’ensemble des lignes mélodiques s’approprient les oripeaux des ritournelles moyenâgeuses qui faisaient la joie des seigneurs de l’époque. Ainsi, nous nous voyons gratifier de nombreuses ornementations instrumentales avec moult arpèges et leads mélodiques nous plongeant entre les murs d’enceinte de ces anciennes citées fortifiées. Une gigue entraînante nous attrape au vol surtout que nos médiévistes privilégient un mid-tempo assez Rock qui telle une madeleine de Proust m’a furieusement rappelé une vieille cassette d’un live d’ALAN STIVELL qui a beaucoup bercé mon enfance à la fin des années 70, racines bretonnes obligent… Finalement ces comptines moyenâgeuses rappellent les harmonies celtiques et puis il y a ce côté limite Rock Prog typé seventies avec ces soli et ces digressions mélodiques. Mais attention, l’amour bien que courtois se pratique en armure et l’épée à la main !
Courtois mais fruste ! En effet, nos deux chevaliers joutent dans un style rugueux. C’est brut, pas d’instruments exotiques excepté quelques interludes acoustiques, pas de Bontempi de superettes mais un Metal à l’ancienne avec des accélérations Heavy/Thrash, du tapis de double et des vocaux haineux, un peu comme si BATHORY s’était pris de passion pour la musique médiévale. Outre ce côté Rock, nous festoyons entre de gros riffs bien cadencés imposant la solennité nécessaire et ces irruptions faisant headbanger les chastes damoiselles du château comme sur le très vif The Starlit Shore. Un morceau où vous risquez bien de perdre votre heaume à force de vous agiter. Par ailleurs, il s’avère que le son suit la même voie grâce un rendu certes rustre mais de bon aloi. Un rendu naturel se révélant bien agréable pour mes oreilles de gentilhomme.
Maintenant, une croisade n’est pas forcément une balade de santé et il arrive que le chevalier même bien préparé finisse par se prendre les pieds dans sa cotte de mailles. Le plus gros écueil de ce voyage dans le temps et le sentiment de redondance qui vient finalement nous bercer l’oreille. Toutes ces magnifiques lignes mélodies finissent un peu par se mélanger dans notre cerveau imbibé d’hydromel. D’autant plus que ce mid-tempo prédominant achève de nous engourdir les jointures de la cuirasse.
En dépit de ce souci, il faut bien avouer que je suis tombé sous le charme ensorcelant de ce petit objet passéiste possédant une authenticité brute et s’écoutant avec un plaisir délectable. Finalement, le parti pris observé à la lettre par nos duettistes confère une personnalité assez unique à leur musique. Un voyage un peu répétitif qui m’a donné une sainte envie de me replonger dans les écrits de Chrétien de Troyes.
L'extrait est vraiment alléchant !
Et jolie kro au passage !
Monceau Membre enregistré
Posté le: 10/01/2012 à 00h36 - (99751)
En tout car ça a du chien que ça soit visuellement ou musicalement. Fait sur mesure pour les évasions ponctuelles comme un bon livre.
Magnifique kro aussi, très précise. Un bel hommage au bel objet.
Antiq IP:212.194.52.52 Invité
Posté le: 10/01/2012 à 13h59 - (99769)
Tu parles, ça a le niveau d'authenticité des coussins fleurdelysés de la boutique de la Sainte Chapelle.
DARK RABBIT Membre enregistré
Posté le: 10/01/2012 à 17h17 - (99786)
La Sainte Chapelle...?
La Chambre Ardente, tu veux dire ...
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Mais revenons au début, sous le nom d’AUTUMNAL WINDS, le groupe sortit une pléthore de démos entre 1997 et 2004. Après trois années à vaquer à d’autres occupations musicales, le duo décida de relancer le projet tout en l’affublant d’un nouveau sobriquet. Après une démo en 2009, le combo sort enfin son premier véritable album sous la bannière de Bindrune Recordings. Après avoir admiré l’illustration du gigipack digne d’une tenture du musée de Cluny, il est temps de plonger plus avant dans ce Roman de la Rose musical.
Musicalement, nos deux troubadours n’ont pas menti car effectivement l’ensemble des lignes mélodiques s’approprient les oripeaux des ritournelles moyenâgeuses qui faisaient la joie des seigneurs de l’époque. Ainsi, nous nous voyons gratifier de nombreuses ornementations instrumentales avec moult arpèges et leads mélodiques nous plongeant entre les murs d’enceinte de ces anciennes citées fortifiées. Une gigue entraînante nous attrape au vol surtout que nos médiévistes privilégient un mid-tempo assez Rock qui telle une madeleine de Proust m’a furieusement rappelé une vieille cassette d’un live d’ALAN STIVELL qui a beaucoup bercé mon enfance à la fin des années 70, racines bretonnes obligent… Finalement ces comptines moyenâgeuses rappellent les harmonies celtiques et puis il y a ce côté limite Rock Prog typé seventies avec ces soli et ces digressions mélodiques. Mais attention, l’amour bien que courtois se pratique en armure et l’épée à la main !
Courtois mais fruste ! En effet, nos deux chevaliers joutent dans un style rugueux. C’est brut, pas d’instruments exotiques excepté quelques interludes acoustiques, pas de Bontempi de superettes mais un Metal à l’ancienne avec des accélérations Heavy/Thrash, du tapis de double et des vocaux haineux, un peu comme si BATHORY s’était pris de passion pour la musique médiévale. Outre ce côté Rock, nous festoyons entre de gros riffs bien cadencés imposant la solennité nécessaire et ces irruptions faisant headbanger les chastes damoiselles du château comme sur le très vif The Starlit Shore. Un morceau où vous risquez bien de perdre votre heaume à force de vous agiter. Par ailleurs, il s’avère que le son suit la même voie grâce un rendu certes rustre mais de bon aloi. Un rendu naturel se révélant bien agréable pour mes oreilles de gentilhomme.
Maintenant, une croisade n’est pas forcément une balade de santé et il arrive que le chevalier même bien préparé finisse par se prendre les pieds dans sa cotte de mailles. Le plus gros écueil de ce voyage dans le temps et le sentiment de redondance qui vient finalement nous bercer l’oreille. Toutes ces magnifiques lignes mélodies finissent un peu par se mélanger dans notre cerveau imbibé d’hydromel. D’autant plus que ce mid-tempo prédominant achève de nous engourdir les jointures de la cuirasse.
En dépit de ce souci, il faut bien avouer que je suis tombé sous le charme ensorcelant de ce petit objet passéiste possédant une authenticité brute et s’écoutant avec un plaisir délectable. Finalement, le parti pris observé à la lettre par nos duettistes confère une personnalité assez unique à leur musique. Un voyage un peu répétitif qui m’a donné une sainte envie de me replonger dans les écrits de Chrétien de Troyes.
Rédigé par : Dark Rabbit | 15/20 | Nb de lectures : 12414