Une fois n'est pas coutume; le label Rotten Roll Rex (qui collectionne les bouses et les pépites) réunit sur un split CD deux formations totalement inconnues qui proviennent du mauvais côté du Rhin (Héhé!). Au menu du jour: Grind Core en entrée, Brutal Death en plat, et Goregrind en dessert. Mais pour gagner du temps tous ces mets ont été passés au mixeur, au finale on a une belle bouillie pour bébé… Attention, le biberon est chaud!

Votre œil sagace et lubrique aura compris à la lecture du titre du split que le groupe qui pointe son nez en premier n'est autre que OBSCURE OATH. Après une intro qui ferait peur à madame Boutin si elle retirait les ostie qui lui bouchent les tuyaux, OBSCURE OATH dévoile son vrai visage, un visage hargneux et buriné qui a été sculpté par toutes les branches du Metal dit extrême. Du Grind, du Death et un chouia de Crust. La marmite de ce groupe bouillonne de tous ces ingrédients intelligemment dosés. Les amateurs d'étiquettes seront sans doute chamboulés par ce mélange de Grind Core à l'ancienne, de Brutal Death à l'ancienne et de Goregrind… devinez quoi… à l'ancienne aussi! OBSCURE OATH tartine une musique qui sent bon le terroir. Si la musique se penche essentiellement du côté d'un Grind Core musclé à la BLOCKHEADS / NYCTOPHOBIC / RETALIATION, on devine qu'elle a aussi été allaitée par les grosses mamelles dodues de groupes tels que FLESHLESS ou EXHUMED. En effet, cette partie du split n'y va pas avec le dos de la main morte… surtout au niveau des vocaux qui - à l'instar de GOREROTTED – oscillent entre braillements aigres de grunts classiques qui dérapent souvent dans le glaireux grâce à l'utilisation raisonnable de pitches gerbouleux. Au fil des écoutes, on est surpris et vite émoustillé par ce mille-feuilles sonore composé de PLASTIC GRAVE, de senteurs CANNIBAL-iennes et de passages mous et collants évoquant le premier album de LORD GORE. A défaut d'être ultra original, l'ensemble des huit titres est donc passablement intense et groovy.
Une jolie tranche de Grinding Death qui mettra en émoi ceux qui sont en constante recherche de nouvelles idylles… On continue l'exploration de la rondelle avec SLAUGHTER OF THE INNOCENTS…

… Premier constat, le groupe bénéficie d'une prod nettement plus crade que celle de OBSCURE OATH. Un handicap? Non, puisque le style pratiqué par SLAUGHTER OF THE INNOCENTS se prête parfaitement à ce genre de son grinçant et abrupte. Une fois que l'on s'est accoutumé à ce Grind Core Old School ultra sauvage on prend un panard total avec ces seize titres. Chaotique à faire passer ABADDON INCARNATE pour du Jean-Jacques Goldman… Ca ratatine, reratatine et rereratatine, SLAUGHTER OF THE INNOCENTS porte son nom à merveille, une boucherie totale sans concession qui fera tourner de l'œil tous ceux qui chouinent dès qu'un groupe ne beurre pas ses compos d'au moins 95% de technique. La mandale est forte et laisse sur la joue une marque qui peut ressembler aux coups d'axel, de rudi et de pelle assenés par des foufous du genre DISCORDANCE AXIS qui auraient fricoté avec HELLNATION. Brutal, agressif, ultra rapide et débridé, on ouvre une fenêtre sur un monde merveilleux peuplé de psychopathes qui se sont levés du pied gauche... Certes, c'est assez éreintant de traverser cette nuée de bestialité sans faire un petit pic-nic break. Bestial, über hargneux et acide comme une circoncision au coupe-ongle! Une charpie qui vous attrape par la luette et vous retrousse les boyaux comme une chaussette! Ce n'est pas de la musique, c'est mieux que ça, c'est l'incarnation de la fureur! En se plongeant dans ce défuloir, on oublie tout (même de mettre un "u" à "défouloir") et on se crispe les doigts sur la gatling en arrosant de pruneaux d'hypothétiques zombies! Ils explosent comme des piñatas remplis de mayo! Mi-molle garantie sur facture! Bref, on va pas passer le ramadan sur cette kro, on va la conclure en se roulant par terre les yeux révulsés! Soit on aime, soit on adore, quoi qu'il en soit on ne reste pas indifférent face à ce bain de furie.

OBSCURE OATH joue, SLAUGHTER OF THE INNOCENTS tue.


Rédigé par : Cobra Commander | 14.5/20 | Nb de lectures : 12102