Attention prodige en marche ! Et pourtant, ce n’était pas exactement ma première impression lorsque j’étais tombé sur ce groupe une paire d’années en arrière. Certes les Teutons qui venaient de sortir « Retribution » leur premier album autoproduit envoyait un brutal death solidement ficelé de technicité où pointaient déjà d’entêtantes lignes de guitares mélodiques. Tellement bien ficelé et tellement démerdard qu’OBSCURA avait réussi à décrocher la première partie de la tournée européenne de SUFFOCATION et surtout à attirer l’attention de Relapse toujours à l’affût des bons filons.

Deux ans plus tard, OBSCURA est prêt à faire ses grands débuts à l’international sous l’égide de Relapse avec « Cosmogenesis » et il faut bien admettre que la mouture actuelle du quatuor n’a plus grand-chose à voir avec celle de leurs débuts puisque Steffen Kummerer, véritable cerveau du groupe, a fait un grand ménage de printemps puisqu’il reste l’unique rescapé de la formation qui avait enregistré « Retribution ». Le garçon ayant visiblement une idée aussi précise que progressive du death metal qu’il avait envie de plaquer avec ses petites mimines s’est donc entouré d’un nouveau trio de camarades de jeu plus enclins à satisfaire son priapisme musical. Et le voilà qui recrute Christian Muenzer et Hannes Grossmann respectivement ex-guitariste et ex-batteur de NECROPHAGIST de même que Jeroen Paul Thesseling exception batave du groupe teuton, connu pour avoir été le bassiste de PESTILENCE pendant leur période « Spheres ».

Vous avez dit pedigree d’exception ? Mais le meilleur reste à venir puisque OBSCURA qui ne semblait pas destiné à flirter avec le dessus du panier techno-death progressif, parvient à se hisser au niveau des meilleurs avec un disque qui marquera probablement cette année encore jeune.

Imaginez un peu le rejeton que donnerait le croisement chiadé entre des formations comme CYNIC, NECROPHAGIST, PESTILENCE et DEATH. Un monstre ? Oui, c’est exactement ça et c’est donc en toute logique que ce « Cosmogenesis » s’impose comme un disque monstrueux sur bien des points. Outre un niveau technique des plus pointus jumelé avec une production limpide laissant tout loisir d’expression à une basse fretless six cordes, OBSCURA conjugue sur la cinquantaine de minutes de cette rondelle de véritables trésors de mélodies entrecoupés d’accélérations particulièrement percutantes sur la seconde partie de l’album. Empruntant à CYNIC son côté éthéré (Tymon Kruidenier fait d’ailleurs partie des guests présents sur ce disque) et quelques brides de chant synthétisé, à DEATH son sens exacerbé de la composition et à NECROPHAGIST ses penchants les plus radicaux, OBSCURA se distingue également par des enchaînements volontairement plus simples. Et c’est sans doute pour cette raison que, malgré l’invraisemblable quantité de riffs déversés à longueur de morceaux, OBSCURA n’engendre pas le disque imbitable et purement démonstratif qu’il aurait pu avoir la mauvaise idée de nous proposer.
Pas une seconde de répit ou d’ennui ne vient ternir l’éclat du métal façonné de main d’orfèvres. Sur certains passages on tutoie littéralement la perfection. La beauté de certaines lignes de guitares subjugue, envoûte et l’on arrive même à trouver dans ces tourbillons effrénés de six cordes un p’tit côté à la Satriani.

L’écoute de « Cosmogenesis », se résume donc à un monstrueux panard ; un bon gros « raaaaaaahhh lovely » des familles qui s’étire sur toute la longueur du bestiau pour peu qu’on soit sensible aux orgies de guitares. Pour un coup d’essai, c’est donc un coup de maître et malgré l’inestimable intérêt que je porte au personnage et à son dernier disque, Paul Masvidal a intérêt à se sortir les doigts s’il ne veut pas voir CYNIC tourner en première partie d’OBSCURA dans un avenir plus ou moins proche. Et plutôt que de continuer cet article par une demi-page de superlatifs enthousiastes, je vous conseillerais de jeter une oreille, ou encore mieux : les deux, sur les quelques morceaux en écoute sur leur page myspace.

15 ans en arrière un disque comme « Cosmogenesis » serait devenu un classique.
La légende est en marche…


Rédigé par : Tonton | 18/20 | Nb de lectures : 16665