Il fallait s’y attendre, en confiant une sous division de leur label aux éminences grises de DARKTHRONE, les gens de Peaceville pouvaient escompter des choix de signatures définitivement ciblés. Ainsi, après s’être fait plaisir avec les récents albums d’AURA NOIRE, OLD ou encore ABSCESS, Fenriz et son compère continuent de propager une idée bien spécifique du métal, cette même idée qui les faisait déjà vibrer voilà vingt ans au point de les pousser à fonder leur propre groupe.

Natif de Kolbotn (le même bled norvégien que DARKTHRONE) et initialement destiné à faire du punk métal plus ou moins expérimental (on ne saura finalement jamais ce qu’ils comptaient faire avec deux bassistes) le quatuor d’OBLITERATION, qu’on prendra bien soins de ne pas confondre avec sa bonne demi-douzaine d’homonymes plus ou moins défraîchis, a finalement opté pour un death métal bien thrashy aux entournures. Un changement de cap qui n’a pas été pour déplaire au duo de Tyrant Syndicate bien décidé à pérenniser le style des glorieuses années 87/91.

Si OBLITERATION est une formation relativement récente, on imagine volontiers qu’il n’en est pas de même pour ses membres vu le parfum d’authenticité qui flotte dans les riffs de « Perpetual Decay ». On retrouve ici une majeure partie des caractéristiques qui ont bâti les fondements du métal extrême comme ce chant vomitif à la rencontre des voix thrash et death, ces riffs ultra incisif et nerveux plaqués avec la même impétuosité que celle de certains mouflets autodidactes vingt ans plus tôt. Si l’ombre de SLAYER plane encore sur la construction des titres, on sent bien que le style est en train de prendre son envol pour aboutir à quelque chose de plus radical et de plus jusqu’au-boutiste.

C’est dans cette exact optique qu’OBLITERATION a conçu son album, sur une imposante trame thrash un peu speed métal sur les bords et jouant sur des accents crossover, black, heavy voir même doom sur des passages des excellents « Sadistic Nekroabortion » et « Sinstorm » inaugurant et couronnant respectivement cette galette. Comme à cette époque, l’exécution se veut purement instinctive et pas toujours bien maîtrisée mais qu’importe. L’idée d’un disque comme « Perpetual Decay » est de balancer un album avec les tripes plus qu’avant la tête et on peut dire que nos petits amis ont relativement bien réussi leur coup.

Quelques accents plus marqués ne sont pas sans évoquer quelques noms magiques sans pour autant les supplanter, AUTOPSY, MORBID ANGEL, REPULSION, DEATH, POSSESSED et encore autant de groupes qui ont recouvert d’innombrables « vestes à patch » dans l’antiquité du death métal.

OBLITERATION fait mouche à tout coup par des titres bien sentis et suffisamment variés pour maintenir l’intérêt. Pourtant, si « Perpetual Decay » perpétue efficacement un genre qui n’est pas près de tomber en décrépitude, on lui préférera sans doute quelques « Horrified », « Severed Survival » et autres « Altars of madness ». Une conclusion qui confirme une nouvelle la difficulté de se faire une place lorsque les meilleurs sont déjà passés par là. Reste un p’tit disque bien sympa mais qui ne rentrera pas dans les anales.


Rédigé par : Tonton | 13,5/20 | Nb de lectures : 10701