OBLIQUE RAIN nous vient du Portugal où la scène métal a longtemps (toujours ?) été dominée par l’immense MOONSPELL qui, on peut le dire, a inventé un genre à lui tout seul. En dehors de cette icône, peu de formations rock/hard notoires sont venues bousculées la hiérarchie en place. *

Mais les choses pourraient changer et OBLIQUE RAIN s’imposer comme l’artisan de cette petite révolution. Il a toutes les qualités pour s’affirmer comme le candidat idéal mais dans un genre un peu différent que son illustre devancier. En observant attentivement la pochette d’"October Dawn", le second opus des jeunes Lusitaniens**, vous devriez avoir cerné à quelle famille du métal il appartient. Comment en effet ne pas reconnaître un air de parenté ou au moins une communauté de pensée avec Dark Suns, Disillusion mais aussi Paradise Lost, Opeth et Katatonia.

Certes, l’habit ne fait pas le moine mais ici, en l’occurrence, le moine porte bien la soutane et sa tonsure ne fait aucun doute sur sa nature profonde. Une nature généreuse et prometteuse d’un avenir radieux pour ne pas dire céleste.

Les 5 pointures mentionnées plus haut sont bien au rendez-vous d’"October Dawn" sans être outrageusement plagiées. Ce qui permet un périple attrayant au pays du métal multiformats. Progressif bien sûr mais présentant des visages composites ; puissant ("Soul Circles" 5min02 – "Reminiscence" 5min05), atmosphérique lourd ("Out There" 5min00) ou plus léger ("Absent Avory" 6min00) où se distingue la voix de Flavio Silva, sorte de mixe Duda/Ackerfeld.

Il sait également se montrer complexe sans être techniquement pompeux (traduisez chiant !). Comme sur "Inanity" (7min03) qui symbolise peut-être le mieux le fond de la musique d’OBLIQUE RAIN.
A noter que les Portugais possèdent trois guitaristes. Bien utiles dans le heavy pour faire ronfler la machine et varier les solos, ici c’est à un mur sonore imposant que l’on se heurte, les claviers étant pour le coup superfétatoires.

Mais c’est "Spiral Dreams" qui emporte les suffrages (en tout cas les miens): voix mixte claire et gutturale en équilibre intelligent, architecture sophistiquée, riffs rageurs et développements aériens alternent avec sagacité pour 7min43 de bonheur quasi parfait. Ce morceau en particulier provoque une forte addiction qui pousse l’auditeur à abuser de la touche « repeat ».

La petite minute et les 53 secondes de "Dawn" sont une parenthèse acoustique bien venue après la furie d’"Inanity" et avant le final énervé de "Dark Woods" (6min50) qui clôt en beauté le surprenant second album d’une formation qui a toutes les chances de se faire un nom au-delà de son pays d’origine si on lui en donne l’occasion. Car pour l’heure, OBLIQUE RAIN souffre de réelle visibilité. Ou si vous préférez, il lui manque un label plus en vue pour lui permettre un envol plus que mérité. A bon entendeur…

* jetez tout de même une oreille sur ce que fait FORGOTTEN SUNS dans le registre néo prog (cf kro VS du 17/01/2005)

**1er album "Isohyet" paru en 2004.


Rédigé par : Karadok | 18/20 | Nb de lectures : 12184