Fin 80-début 90, Tampa, Morrisound, Scott Burns, Death Metal, MORBID ANGEL, DEICIDE, CANNIBAL CORPSE, OBITUARY… « Slowly We Rot », « Cause Of Death », « The End Complete »… Tous ces enchaînements de syllabes totalement obscurs pour les étrangers à la scène doivent encore donner la chair de poule à ceux qui se sont pris la première vague death dans la tronche il y a presque vingt ans. Pour certains, ce ne fut qu’une histoire d’amour passagère, comme un fleurt d’ado sur une plage ensoleillée, mais pour d’autres cette période marqua le début d’une indéfectible passion qui, dix-huit ans après la sortie de « Slowly We Rot », les rend tout aussi fébriles à l’annonce d’un nouvel album d’OBITUARY. Les américains ont connu le succès puis la galère et ont subit peut-être encore plus durement que les autres le désintérêt pour le death traditionnel dont la scène a souffert au milieu des années 90, les conduisant au split en 1997 juste avant la sortie l’année suivante d’un live gigantesque en forme de testament, « Dead ». Mais ils sont toujours bien vaillants et hormis le remplacement d’Allen West purgeant une peine de prison par Ralph Santolla (ex-DEATH, ICED EARTH, DEICIDE), la formation est restée la même durant toutes ces années.

Si « Frozen In Time », sorti il y a deux ans, reçu un accueil injustement mitigé de la part des fans en raison des plans hardcore un peu trop présents pour un album présenté comme l’album du retour et attendu comme tel, son successeur « Xecutioner’s Return » ne pouvait se permettre la même liberté. Cette fois, dix ans après un premier retour aux sources, « Back From The Dead », enterré presque aussi sec, avec un titre en référence affichée et assumée aux premières années du groupe et cet artwork d’Andreas Marschall (OBITUARY, SODOM, BLIND GUARDIAN) on ne peut plus métal, la seule option possible était de balancer une dizaine de boulets putrides dont la fulgurence des uns n’aurait d’égale que la lourdeur celtic frostienne des autres...

Et bien vous savez quoi ? Ils l’ont fait !!! « Xecutioner’s Return » déboîte, laboure, déchire le cul de sa mère ! Le bourreau frappe dès la première seconde, sans semonce, sans pitié, avec toute la rage destructrice qu’on peut attendre d’un fou furieux resté enchaîné trop longtemps. « Face Your God » et « Lasting Presence » marquent l’ouverture d’album la plus rapide de l’histoire d’OBITUARY, une mise en bouche nirvanesque à peine adoucie par le tempo plombé de « Evil Ways »… Et oui, notre bourreau est cinglé, mais méticuleux : après avoir découpé à l’arrach’ tout ce qui tombait sous la lame affamée de son sabre, il faut bien finir le boulot et c’est à lourds coups de bottes qu’il entreprend sur les trois titres suivants de réduire en bouillie les morceaux de barbaque éparpillés. Une fois le sol recouvert d’un tas informe de restes sanguinolents, sa fureur le reprend, plus intense que jamais, et « Seal Your Fate » déboule à mach 3 avec un John Tardy possédé, vomissant ses vocaux à la vitesse d’un Araya sous coke. Avec ce titre, OBITUARY devient vraiment violent, ce qu’il n’avait jamais été jusqu’à maintenant : groovy, rapide, agressif, mais pas Violent. On headbangue sur les morceaux d’OBITUARY mais on ne serre pas les mâchoires, on ne fronce pas les sourcils et on ne découvre pas les dents, poings crispés en préparation d’un affrontement sanguinaire. Avec « Seal Your Fate », si. Ce sera malheureusement une expérience fugace puisque le dernier morceau rapide de l’album, « Lies », est conforme aux standards obituariens.

Une ombre vient tout de même obscurcir ce portrait idyllique, la même qui ternissait « Frozen In Time » et « Back From The Dead » : la production est lamentable ! Les américains ont construit leur propre studio pour enregistrer l’album et si on en croit John tardy ils ont obtenu exactement le son qu’ils désiraient, comprendre des guitares sourdes venant du fond d’une caverne humide et une basse dévoreuse qui bouffe toutes les fréquences. Supportable à faible niveau sonore mais fatiguant dès qu’on monte le volume, d’autant que cela arrondit considérablement le son général et lui retire une bonne partie de son agressivité. Reste le chant de Tardy, égal à lui-même, jouissivement inhumain, qui ressort de cette bouillie avec le même tranchant qu’il y a quinze ans.

« Xecutioner’s Return » se place juste après le cultissime et indétrônable trio « Slowly We Rot », « Cause Of Death », « The End Complete », tout aussi primaire que ces trois monuments incontestés du death metal floridien. On peut bien entendu lui reprocher de n’être qu’une compilation des riffs de l’époque et de ne rien proposer d’autre qu’une resucée fadasse de ce qui a fait leur succès, mais que leur demander d’autre ? De faire du death technique ? Du goregrind ? Que John Tardy se mettre au chant clair ? Bien évidemment non, OBITUARY doit rester aussi basique que possible et ils ont fait l’album que tout le monde leur demandait de faire depuis le flop (la encore quelque peu injuste) de « World Demise » en 1994, sans les longueurs de « Back From The Dead » et avec les solos limpides de Ralph Santolla qui illuminent chacun des morceaux. On aimera toujours OBITUARY pour les mêmes raisons qu’on le trouvera minable, en ce qui me concerne mon choix est fait depuis longtemps… Infecteeeed !

Edit : l'album est maintenant dans les bacs, et une édition limitée est disponible. C'est un coffret carton type "Stench Of Redemption" de DEICIDE renfermant un poster double face sur le recto duquel on peut voir l'artwork (dans les mêmes proportions que sur la pochette, donc tronqué au niveau du bassin de l'Xecuitioner) et au verso les membres du groupe. On y trouve également la version digipack de l'album avec un titre bonus mais sans livret. Un dessin au crayon reprenant le thème de la pochette avec l'Xecutioner tenant le Y du logo d'OBITUARY dans sa main est visible à l'intérieur du digi, et on discerne un énorme logo XECUTIONER calqué sur celui d'OBITUARY en arrière plan. Le titre bonus, "Xecutioner Returns", est un morceau pesant à la CELTIC FROST, typique d'OBITUARY, qui n'aurait pas dépareillé sur "World Demise"


Rédigé par : Dungorpat | 17/20 | Nb de lectures : 17447