Voilà quinze jours que « Darkest Day » tourne sur la platine, seul ou avec quelques uns de ses grands frères, et quinze jours également que malgré les tentatives les plus poussées d’auto-persuasion, la conclusion est toujours la même : putain mais quelle daube !!! La déception causée par l’album des frères Tardy il y a quelques semaines amplifie peut-être le phénomène, mais il n’en reste pas moins qu’on a vraiment l’impression que c’est un groupe au bout du rouleau et sans plus aucune énergie qui a composé ce disque.

Si les deux premiers titres peuvent faire illusion, « List Of Dead » avec son tempo rapide (et encore) et « Blood To Give » avec ses percussions à la « World Demise », son ambiance extrêmement pesante et son accélération au deuxième tiers, les suivants ont vite fait de remettre les pendules à l’heure. « Darkest Day » est heavy, et OBITUARY semble bien décidé à défendre son statut autoproclamé de « Heaviest Band In The World ». Par « heavy », comprendre lourd, bien sûr, voire lourdeau, lourdingue, et tous leurs synonymes.

Certes, la lourdeur (dans le bon sens du terme cette fois) est une des marques de fabrique du groupe. Certes, aucun de ses derniers albums n’est exempt de défauts. Mais aucun ne manquait non plus d’inspiration à ce point-là, et il suffit de faire tourner quelques fois « Darkest Day » puis de remettre « Frozen In Time » pour se rendre compte que ce qui semblait un poil réchauffé à l’époque sonne avec le recul beaucoup plus sincère et surtout INSPIRÉ. Après les deux premiers morceaux évoqués plus haut, il faudra attendre les septièmes et huitièmes, « This Life », et « See Me Now », pour retrouver un semblant d’énergie avec des titres pas fracassants mais au moins un minimum rythmés. Ensuite, rebelote : on balance du riff à deux balles, John Tardy s’égosille pour rien, Santolla fait semblant de gratouiller ses cordes et on passe à la piste suivante en baillant.

Inutile de perdre notre temps à passer en revue chaque seconde du disque, nous avons tous mieux à faire. Production similaire à celle d’« Xecutioner’s Return », donc guitares toujours aussi peu crades, son général sans aucun relief quoique plus homogène, guère bandant mais pas repoussant non plus. Artwork d’Andreas Marchall que les fans apprécieront et que les autres trouveront cliché à souhait, suite thématique de celui d’« Xecutioner », livret minimaliste avec de grosses photos des musiciens au recto et un agrandissement du visuel au verso (trop cool), sans paroles comme il est de coutume avec OBITUARY, et plage CD-rom contenant extraits de concerts et interviews en lieu et place du maintenant traditionnel DVD. Old school que j’vous dit ! Les 19 euros à lâcher pour l’objet sont tout ce qu’il y a de plus actuel par contre, un élément à prendre en compte au moment de l’achat… qui ne rend ce huitième album que plus dispensable.

Histoire de terminer sur une note positive, et ne serait-ce qu’en raison du respect que j’ai pour ce groupe, je dois admettre qu’entre le TARDY BROTHERS et ce « Darkest Day », il y avait matière à faire un très bon album : les titres les plus inspirés du dernier avec les plus aventureux du premier auraient formé un mélange audacieux de la part de musiciens à qui on reproche systématiquement de ne pas avancer, et auraient constitué une prise de risque qu’on ne les a plus vu prendre depuis quinze ans. OBITUARY est bien plus qu’un tribute band à CELTIC FROST ou un groupe de death old school incapable d’écrire plus de trois riffs par album. Ils ont déjà écrit quelques unes des plus belles pages de l’histoire de l’extrême, ne reste plus qu’à remplacer les cartouches vides pour en écrire d’autres…


Rédigé par : Dungorpat | 09/20 | Nb de lectures : 13850