Réussir à faire monter la sauce melodeath suédois mais avec un arrière-fond bien de chez nous, pas mal de nos compatriotes s’y sont tentés, sans jamais vraiment casser la baraque. À part SCARVE peut-être sauf que ce n'était qu’un élément parmi (beaucoup) d’autres. À l’inverse, les Nordistes de LYZANXIA qui, eux, en ont fait leur fonds de commerce exclusif n’ont jamais réussi à convaincre, malgré les louanges tressées par le producteur Fredrik Nordström ou le soutien indéfectible de notre VsGreg national. C’est donc sur un terrain super-miné par pas mal d’a priori et une compétition féroce (entre des labels comme Coroner Records qui ne fait QUE signer des clones de SOILWORK et tous les groupes de deathcore ricain qui ne font que régurgiter dans tous les sens ‘Slaughter of the Soul’) plus le double handicap d'un nom plutôt lourdingue et d'une arrivée tardive qu’OBDURATED se jette aujourd’hui dans la mêlée… Alors, survivra ou survivra pas ?

Eh bien pour une fois, on aurait tendance à dire que si c’est le cas, ce sera avant tout la faute à pas-de-chance ou à un sens du timing pas très heureux. Parce que pour tout le reste, ces Picards (parmi lesquels on retrouve deux membres des chouchous de Cobra Commander, SPIRITUAL DISSECTION) ont assuré comme des bêtes. À dix mille lieux de leur premier album auto-produit de 2005, nettement plus bastos-dans-ta-gueule et moins plan-plan, ‘The Answers Within’ est conscient que son côté ultra-balisé va jouer contre lui et mise donc tout sur son sens de la diversion. Même pas le temps de te dire dans quel album d’IN FLAMES tu as déjà entendu ce riff que dong, tu te prends une giclée de grosse gratte dans ta gueule. À peine deux secondes après que tu te sois dit que tel plan aurait eu sa place sur le prochain DEW-SCENTED que paf, tu te retrouves sans le vouloir à dodeliner de la tête grâce à de discrets petits bidouillages électroniques accentuant le côté entêtant de tel ou tel refrain. On a même droit à quelques mesures d’instruments à cordes en toute fin de parcours plein de finesse. Et ainsi de suite…

Même s’ils sont peut-être moins versatiles que DESTINITY, les membres d'OBDURATED ont compris l’importance de mettre les petits plats dans les grands et faire péter le gros son. Et preuve suplémentaire que l’on n’a pas trop affaire à des buses, ils ont aussi eu l’intelligence de ne pas inclure la reprise de SOILWORK (« Song of the Damned » qui clôturait ‘Natural Born Chaos’) qu’ils ont apparemment mis en boîte en même temps que l’album et dont l’inclusion aurait été un aveu un peu trop voyant. Alors oui, pas facile de scander ‘OBDURATED !!!!’ à tout bout de champ à un festival (‘Oh Pas Du Radé’ ???) et ils ont contre eux d'arpenter un chemin déjà bien labouré. Surtout qu'il leur manque peut-être tout juste ZE chanson ou ZE refrain pour foutre le feu. Mais en réussissant à marier aussi bien la vieille (agressive et rapide) et la nouvelle (plus mélodique et moderne) école de Göteborg, sans l'entacher de mauvais goût avec, par exemple, du chant clair raté et surtout en faisant preuve d’un professionnalisme sans faille, ils peuvent faire leur demande de naturalisation sans problème demain car ‘The Asnwers Within’ est la preuve que le Swedish melodeath ‘made in France’ est possible !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 12730