OBAKE - Mutations (Rare Noise) - 27/10/2014 @ 07h07
La précision du riffing ou de la section rythmique est tout aussi importante que l’étiquette qui sera attribuée au combo. Le chroniqueur se doit de trouver la case adéquate dans laquelle le ranger, sous peine de heurter la sensibilité des lecteurs les plus rabat-joie. Les étiquettes politiques sont indiscernables et mensongères, celles sur les fringues importent peu puisque tu mets tout dans la machine sans réfléchir. Mais les étiquettes musicales, foutre dieu qu’elles sont importantes, tu y joues ta crédibilité si tu ne tapes pas dans le mille. Le problème, si cela en est réellement un, se pose aujourd’hui avec Mutations des italiens d’Obake.

Pour une fois qu’un combo italien ne nous fatigue pas, il serait de bon ton d’y prêter attention. Hier matin au réveil, je plaçais cette musique dans la case doom. Pendant mon expresso hier midi, j’étais fortement tenté d’appeler cela du postcore. Mais une fois les tartines de nutella en bouche vers 4h, cette musique m’évoquait une version lourde d’Hacride. Pour finalement tout laisser tomber une fois l’apéro consommé, pour trouver une étiquette qui ne plairait pas: du doom-core progressif. Franchement je me gausse d’écrire une ânerie pareille, mais pour ceux qui aiment les ramifications et le détail d’un style et ses dérivés, c’est cette farfelue appellation qui retranscrit ce que Mutations m’évoque.

Le propos est lourd, sans équivoque. La netteté des instruments est de rigueur, où tout est poli et rasé de près. Les titres sont quasi progressifs, se baladant au gré de diverses humeurs, consolidés par un chant complément diffèrent d’un morceau à l’autre, et au sein d’un même titre. De ce côté-là, on a affaire à un monsieur caméléon qui semble se démultiplier avec une voix qui mue au fil de l’album. Peut-être que le chant et le titre de cette galette sont corrélés?! Lorsque Lorenzo Esposito Fornasar chante, il n’a pas l’accent forcé habituel que français, espagnols ou italiens ont lorsque l’on souhaite chanter comme Mick Jagger. Son timbre est quasi anglo-saxon, profond et relativement agréable. La musique n’est pas clichée et sort des carcans habituels pour offrir 8 morceaux variés, techniques et gracieux, avec un fil conducteur et pourtant tous distincts. Des sons électroniques viennent s’immiscer et élargir davantage le spectre musical. Une certaine tension est évidente, et la construction bien exécutée. C’est ce qu’on appelle un tour de force, n’est-ce pas ? Oui, car à chaque fois que j’écoute leur second opus, je ne cesse de me répéter que j’ai un bon petit combo entre les mains, injustement méconnu. Et non, car je me force littéralement à l’écouter. La vie n’est faite que de paradoxes, n’est-ce pas ? Je trouve Mutations bon, mais il ne me donne qu’assez peu envie d’y retourner. Plus d’un mois et demi que je l’ai en ma possession, et j’ai toujours ce sentiment de devoir me mettre un coup de pied au derrière pour l’écouter et le décortiquer. Je pense que les rares montées en puissance qui ne vont pas au bout de l’action, pour maintenir le même rythme tout en retenue sans l’explosion tant attendue, est ce qui lui fait défaut. On est toujours entre 2 eaux, où la tension latente n’a pas l’impact voulu. Techniquement irréprochable, Obake me fait penser à un joueur de foot brésilien qui dribblera 3 défenseurs, pour finalement tirer au-dessus du but. Pourtant l’écriture est savamment maîtrisée et exécutée avec doigté.

Issus de nombreux groupes dont les plus connus semblent être Zu et The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, ces 4 italiens, accompagnés de Colin Edwin (Porcupine Tree) à la basse, confirment qu’ils ne sont pas des bras cassés. Contemporaine, leur musique jongle entre plusieurs styles et plusieurs idées, et se doit d’être écoutée. D’une part, cela vous donnera la possibilité de contredire l’étiquette que je lui ai placé, ensuite, il sort aujourd’hui, vous permettant de suivre assidûment l’actualité Metal, et d’autre part, cela vous permettra de réaliser que l’Italie, même si elle est le parent-pauvre de la scène metal européenne, sait, de temps à autre, sortir de sa relative médiocrité et nous surprendre avec une qualité musicale indéniable. Obake devrait en surprendre plus d’un.


Rédigé par : Bras Cassé | 14/20 | Nb de lectures : 11340




Auteur
Commentaire
Shourka
IP:109.28.39.169
Invité
Posté le: 28/10/2014 à 18h28 - (114387)
Ayant vraiment adoré le premier opus, il me tarde de poser l'oreille sur celui ci...

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