Chausse promise, chose drue. Après Bran Barr, intéressons-nous à un album sorti simultanément chez Trollzorn, le second opus de Nydvind. Les points communs sont évidemment nombreux entre les deux formations franciliennes. Le leader de Nydvind, Richard Loudin, n'est autre que le brailleur Yoltar de Bran Barr. Les deux groupes ont longtemps fait attendre une seconde sortie longue durée, le premier Nydvind, Eternal Winter Domain, datant de 2003 (et réédité avec des bonus par Adipocere en 2006). Le deuxième opus, Sworn to the Elders, fut également attendu depuis des lustres (encore jeune et ferme, j'en parlais déjà dans la chro de 2006!). L'album a été mis en boîte par un line-up très Bran Barrien, hormis le batteur, Juanjo Esquivel, parti fricoter exclusivement avec Aes Dana depuis. Loïc "Kraban" Courtete a aussi laissé souffler le vent nouveau, remplacé à la guitare par Kelen (Sentence, ex-Whispering Tears). Bref ce Sworn to the Elders semble avoir connu la même destinée que le Sidh de Bran Barr.

L'album a été mis en boîte fin 2005 au CCR studio (Aborted, In-Quest, Hyadningar) et a connu un mixage record au studio belge, annoncé dès janvier 2006 pour se terminer en novembre 2007. Le groupe ne donne ensuite plus de nouvelles jusqu'en novembre 2008, pour annoncer sa participation au Cernunnos 3 et une sortie de l'album chez Det Germanske Folket début 2009. Et comme Bran Barr, c'est finalement Trollzorn qui récupère le bébé fin 2009 pour une sortie en février 2010. Tout comme Bran Barr, vous comprenez donc que ce nouveau Nydvind ne fait pas l'âge réel de ses sillons, mais date bien d'il y a cinq ans. Si le groupe bretonnant s'en sort bien dans l'histoire, la formation plus viking qu'est Nydvind souffre directement d'une énorme concurrence européenne qui s'est lancée dans le style ces dernières années.

Les fans retrouveront bien dans ces sept nouveaux titres (plus une intro), le souffle glacé du premier album du groupe Nydvind, livré dans un très beau digipack tout de blanc vêtu. Les mélodies épiques s'entremêlent avec des assauts farouches, les chœurs guerriers répondent aux hurlements sauvages. Les guitares alignent leurs accords dans les mediums, accompagnées par les sautillements d'une basse très présente et vivante. Techniquement, l'ensemble est impeccable, mis en place avec rigueur et n'offre que bien peu à redire. La composition partagée entre Richard Loudin et Loïc Courtete donne lieu à deux types de compositions, entre les titres plus efficaces de 5-6 minutes de Richard Loudin et les atmosphères posées sur les onze minutes du titre éponyme et du morceau final "The Godless" composés par Loïc Courtete. Nydvind n'hésite pas à faire vibrer ses riffs sur une longue durée, et c'est finalement ce qui lui réussit le mieux.

Car, en dehors de ces deux titres évolutifs qui vagabondent au fil d'atmosphères très prenantes, on sent que le groupe moissonne sur un champ de bataille qu'il connaît fort bien et que sa stratégie en devient hélas quelque peu prévisible. La faute aussi, comme je le disais précédemment, a une concurrence débridée qui se déchaîne depuis quelques années. Et Nydvind ne parvient pas non plus à éclipser les premiers Borknagar ou Vintersorg. Les alternances chant black/chant clair, si elles sont réussies, sont donc connues. Les passages acoustiques ou les assauts menés sabres au clair ne sont pas plus originaux. Hormis ses deux plages d'évasion, je trouve que Sworn to the Elders est un album rigide et froid, qui n'apporte que peu de surprises.

Le constat peut sembler sévère, mais Nydvind livre tout de même un opus efficace, qui saura faire headbanguer les amateurs de mélodies guerrières. Disons que le groupe porte sur ses épaules le poids d'un genre et de thématiques qu'ils ont su importer dans notre contrée, mais que l'ensemble est globalement moins personnel qu'une production du cru comme l'est Belenos. Même si on oublie que l'album a été longtemps fantasmé, Sworn to the Elders s'avère efficace, mais pas le dépaysement qu'on aurait rêvé.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 13053