Parfois, avant même de poser une oreille dégoulinante de cire sur un disque, on a une idée toute faite sur ce que l’on va écouter. Tiens, par exemple, tu prends un groupe qui s’appelle NUNFUCKRITUAL. Sacré nom ça ! Une référence à NUNSLAUGHTER, peut-être, faut voir… Ensuite, tu apprends que ce fameux combo est constitué de Teloch (NIDINGR, MAYHEM), Andreas Jonsson (THE BLACK, TYRANT), Espen T. Hangard (ALTAAR) et, last but not least, Dan Lilker (BRUTAL TRUTH, NUCLEAR ASSAULT et une bonne demi-douzaine de combos). Je ne sais pas pour vous mais moi, je me suis tout de suite dit : -Tiens une belle brochette de vieux briscards à qui on ne la fait pas ! Avec un nom pareil, ça sent bon l’hommage à un proto-black bien sauvage avec de vrais morceaux de crasse. Ca hume le doux fumet des premiers BATHORY mélangés avec le son des tribus hostiles d’Amérique du Sud !

Eh bien en définitive, ce n’est pas du tout ça ! Bon, on trouvera bien la touche vieille école mais pas celle que j’attendais. Comment vous décrire ça, imaginez ELECTRIC WIZARD qui sur un coup de tête se serait pris de passion pour le Black’n’Roll de SATYRICON lorque ce dernier se fait dépouillé comme sur Die By My Hand ou Den Siste, enfin dans ces eaux-là. De plus, la mixture aurait même tendance à s’immerger dans un Black Ambient distillé par des arpèges décharnés et des samples créant une atmosphère bien occulte. Finalement, ça reste du Black mais joué très lentement et avec un goût avéré pour un certain groove doomesque et pour les larsen et autres tortures de cordes frôlant le Drone d’un SUNN O ))). Les vocaux gargouillent, psalmodient et nous auront même le droit à l’apparition de Ravn (1349) et d’Attila Csihar (MAYHEM).

La chute au fond de l’abysse est une alternance de gros riffs plaqués et d’arpèges déliquescents. Les ténèbres nous laissent tout de même distinguer des architectures semblables d’un titre sur l’autre. Ainsi, chaque rituel occulte est ponctué d’une rupture portée le plus souvent par des samples voire quelques fugaces accélération en tremolos. Les riffs oscilleront entre le pur Doom et le Black tout en cherchant le plus souvent à disséminer un groove poisseux. Ainsi, un morceau comme Parthenogen nous la joue Black’n’Roll bien dansant. L’objectif est de nous immerger dans une transe hypnotique afin de participer à ce rituel obscur.

Certes, l’atmosphère est saisissante lorsque un orgue psychédélique, issu d’un film d’horreur des années 70, vient secouer le très lourd et lancinant Christotokos. On se soumet volontiers au joug de ces maîtres de la cérémonie occulte malheureusement le rituel n’aura pas grande incidence sur notre existence. La conversion ne sera pas pour aujourd’hui. Au final, nous avons juste la sensation de s’éveiller d’un cauchemar qui ne nous aura laissé qu’une vague impression. Il apparaît que tous ces arpèges se sont déjà usés sur nombre d’albums. De plus, certains riffs finissent par se ressembler rendant le cérémonial plus répétitif qu’il n’est déjà.

Un premier album bancal en dépit de la longue expérience des participants. Des riffs usés et peu palpitants, des longueurs provoquant l’ennui plutôt que le malaise, mais il y a cette ambiance occulte et ritualiste vraiment palpable et il y a une promesse à défricher, celle de réussir ce mélange entre ce Doom sombre quasiment seventies et ce Black hésitant entre le groove et l’Ambient. En comparaison, la dernier THE RUINS OF BEVERAST était bien plus abouti dans un style finalement assez similaire. Pour l’instant, l’impression d’esquisse, de brouillon nous empêche de vraiment adhérer complètement à ce voyage initiatique et hypnotique. Des fulgurances perdues dans une litanie trop tiède pour ne pas finir dans les flots du Léthé.




Rédigé par : Dark Rabbit | 11/20 | Nb de lectures : 13929