Le pays basque est terre d'une poignée de groupes de black metal dont la renommée reste encore à faire. Il faut dire que quand on pense musique basque, on imagine plutôt des types en jupette avec un pompon sur la tête en train de sautiller dans la montagne. Un art de vivre bien moins misanthrope que les conférences de presse encagoulées, mais pas très metal.

Du pays basque, peut-être avez-vous entendu les piou-piou d'Elffor? Ca tombe bien puisque Eöl, le maître à penser pro-elfe, vient également clavier/hurler dans Numen. Mais la formation existe depuis bien plus longtemps que ça, faisant palpiter sa rage depuis 1997. Le groupe a dans son tableau de chasse deux minis et trois albums, dont le dernier éponyme a vu le jour en 2007. Leur promotion ne doit pas être terrible car je n'ai découvert le groupe que récemment, sur les planches du Cernunnos. Autant dire que j'ai foncé sur leur stand à l'issue du set. Autant dire aussi que Les Acteurs de l'Ombre Productions ont vu là une injustice à réparer et ont décidé de rééditer Numen pour le bonheur de nos esgourdes.

Faute de place, on ne met pas les rééditions ou les lives en sélection sur VS. Dommage, car cet album y aurait filé directement. Une fois passé le premier abord folklorique du groupe (qui hurle en euskera), Numen époustoufle par sa vivacité. L'auditeur innocent se fait coller au sol par du blast déchaîné et des trémolos furieux, il se fait souffler par des passages épiques qui déboulent à toute vitesse. Par sa vitesse et sa précision de frappe, par ses atmosphères mises en place par une orgie démoniaque de trémolos, Numen m'évoque immédiatement ce qui m'a fait craquer mon slibard dans un Beyond the Apocalypse de 1349.

La sauce basquaise se complète élégamment par des moments plus black/folk que les amateurs de Kampfar apprécieront ("Ahanzturaraen Hilobia") ou par un chant hurlé type Burzum/Silencer qui vient appuyer les égosillements avec justesse (le final de "Gauaren Irrifarre Izkutua" est terrible). Les moments plus épiques sont nombreux et bien amenées (le germanique "Etsipeneren Ispilu"). Et l'album se cloture sur le long "Isiltasunaren Hots Hutsa" dont les trémolos aigus évoquent les productions norvégiennes des années 90. Mais surtout Numen maîtrise ses riffs. Le groupe enchaîne les parties avec fluidité et une efficacité rares, le tout pilonné par une batterie implacable et de haut vol. Du très lourd!

Côté réédition, la très sobre édition d'origine a été revue et complétée par les textes en anglais. La pochette change de paysage et se voit dotée d'un cadre qui évoque les rééditions de Sorhin. La lisibilité des polices choisies dans le livret n'est pas optimale, mais les illustrations sont bien plus avenantes que le digipack de 2007. Sinon, pas de titre bonus, pas de remastering. Rien qu'un rocher brut de taille qui nous retombe sur la tronche du haut de ses montagnes.

Je n'ai absolument rien à redire à cet album, avouez que c'est pas tous les jours! Numen est une pépite trop longtemps oubliée dans les strates de la Terre que l'orpaillage clandestin des Acteurs de l'Ombre a remontée à la surface. Il ne tient qu'à vous de vous baisser pour la ramasser et devenir plus riche. Boudiou, avec toutes les bouses photocopiées qu'on s'enfile à longueur d'année, vous allez bien faire un effort pour cet album, bande de moules!




Rédigé par : Prince de Lu | Réédition/ | Nb de lectures : 12913