NO RETURN est de retour !!! D’aucun les voyaient sur le déclin pour ne pas dire agonisant. C'est bien mal connaître le groupe parisien qui, refusant de s’en laisser compter, nous revient sempiternellement avec un nouvel enregistrement et une nouvelle détermination, pour ne pas dire, une farouche obstination, forçant le respect même hors des rangs de leurs émules.

Pour votre humble chroniqueur vibrant d’amateurisme comme de partialité parfaitement assumée, c’est un peu la peau de banane, le cadeau empoisonné du moment que j’aurais volontiers décliné si VSGreg de son habile sens de la formule n’avait fait taire mes arguments boiteux par une repartie sans appel « L’avis d’un ancien sera des plus utile » me remémorant au passage que je n’étais pas moi non de toute première fraicheur.

Alors oui ! Près de quatre ans après « Manipulated mind », NO RETURN est de retour pour le meilleur (ou pour le pire selon votre attachement au groupe) ; nouvelle galette, nouveau label (le cinquième en cinq albums) et nouveau chanteur (L. Chuck D, ex-CARNAL LUST, ex-YORBLIND) le huitième d’une carrière riche en rebondissements. Huit albums cumulants des montées en puissance comme la période « Self Mutilation» qui avait vu le groupe écumer l’Europe en compagnie de NILE, des hauts et des bas pour ne pas dire des traversées du désert pas véritablement méritées, les affres de line-up particulièrement instables de dont l’éternel rescapé reste Al1. Bon gré mal gré, NO RETURN, continue son bonhomme de chemin attendant d’être au bon endroit au bon moment et que la chance lui sourit enfin de nouveau et de revendiquer une place légitime dans le haut du panier hexagonal.

Après quelques albums de death/thrash riches en growling vocals, « Inner Madness » célèbre un retour à une mouture plus thrash accentuée par un chant braillé avec conviction. Guitares finement ciselées, solis inspirés et solide mise en place sont, comme toujours, au programme. Hé oui qu'on les vénère ou pas, NO RETURN ça joue et ça joue même 'achement bien. Pas si étonnant si l'on considère que le line-up actuel regroupe quelques fines épées bien connues de la scène parisienne comme Boban Tomic (Ex-KORUM) et Nicolas Coudert (ex-7th NEMESIS, ex-KORUM).

Quatre années de labeur pour arriver à « Inner Madness », un album affichant une paradoxale fraicheur. En effet, NO RETURN semble avoir retrouvé l'enthousiasme de ses 20 ans. Outre une rythmique agréablement variée, groovy à souhait, les guitares virevoltent avec une maestria tout à fait délectable qui semble avoir été inspirée par la scène mélo-death (copyright VSGreg 2001) suédoise à l'exception de quelques chorus de guitares (notamment sur le bel instrumental « Morgane's song ») évoquant le DEATH du regretté sieur Schuldiner. Hé oui NO RETURN semble avoir mis au placard ses hormones et ses riffs les plus radicaux pour une mouture musicale un peu plus mélodique mais pas moins fouillée ni couillue.

Bref tout serait au mieux dans le meilleur des mondes si l'ensemble n'affichait pas quelques failles. En effet, si les braillements thrashy d'écorché de L Chuck D sont du meilleur effet, ses tentatives de chant clair s'avère particulièrement laborieuses et pénalisent quelques peu le disque. De même, et c'est un comble, malgré son métier et ses 25 ans de carrière, malgré son potentiel qui n'est plus a démonter et malgré un bel enthousiasme communicatif, on a néanmoins le sentiment que NO RETURN tâtonne un peu à l'aveuglette et se cherche encore une identité propre. De ce fait « Inner Madness », malgré ses irréfutables qualités, laisse un léger arrière goût de préfabriqué manquant quelque peu de spontanéité.

Bref, ce n'est peut être pas ce coup ci que NO RETURN s'imposera comme LE groupe frenchy mais ils sont indéniablement proches du but.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 14445