Selon les musiciens de This Gift Is A Curse, NO OMEGA est l’un des meilleurs groupes actuels de Stockholm. Et on ne peut pas vraiment leur donner tort même s’il s’agit de relativiser cette déclaration emprunte d’amour. NO OMEGA sont de jeunes gens suédois donc, straight edge qui tape dans le hardcore sombre, hanté et charbonneux comme on l’aime du côté de Laval par exemple. Et je ne cite pas Laval juste pour le bon plaisir de réviser mes connaissances géographiques mais parce que la première chose qui vient à l’esprit quand j’écoute « Shame » c’est Birds In Row, les lavallois signé chez Deathwish, label de qui vous savez.

Malgré l’étiquette « straight edge hardcore » qu’on veut bien leur coller sur le paletot, les suédois ne sont pas du genre à se balader en short Champion et sweat à capuche. Pas de youth crew ici mais plutôt du hardcore sombre et torturé à la Killing The Dream, Modern Life Is War, The Carrier et Birds In Row. Entre autres noms issus de toute cette scène modern hardcore tout autant biberonnée aux groupes de chez Bridge Nine qu’au sludge gras et au postcore lourd. Et c’est donc une combinaison de ces trois grands axes que l’on retrouve dans le son de NO OMEGA. Sur une base punk hardcore plutôt speed, le groupe claque quelques ralentissements plombés tout droit sorti de la Nouvelle Orléans. On peut certes mosher mais avec les pieds dans la boue. Comme si Verse avait rencontré Thou. Le mix de cette improbable rencontre fonctionne bien même si les parties hardcore moderne sonnent plus naturellement et n’hésitent pas à partir en blast comme le prouve le très bon « Sleeping In ». Efficace, habité et riche en émotions le titre est un des premiers très bons moments de « Shame ».

Là ou NO OMEGA se démarque (un peu) de la chiée de groupe évoluant dans ce même style ces au niveau de l’intensité des émotions véhiculée par la voix. Une voix un poil plus arrachée qu’à l’accoutumée qui fait que, oui on y croit au désespoir de ce vocaliste. Oui on pense que sa vie pue de la gueule, mais pas plus que la notre finalement Bref, un chanteur qui possède les couilles, le coffre et le cœur nécessaire pour nous embarquer dans son histoire. L’autre petit plus produit des suédois vient de cette capacité à partir dans des dérapages plus ou moins contrôlé de blasts sans prévenir. T’es bien dans le morceau, à l’aise, t’aimes ce que tu entends, ça ronronne bien et là boom ! le batteur frappe furieusement sur ses peaux et tu te demandes ce qui se passe. Et le meilleur est que ça marche pratiquement à tous les coups. Maintenant toutes ses bonnes choses sont contrebalancées par une impression de déjà entendu. Les suédois maitrisent le style sur le bout des ongles mais fondamentalement, ils ne se démarquent pas outre mesure d’une scène riche en nouveau groupes aux dents longues. Ni au niveau des compositions ni du son qui sonne comme sonne beaucoup de groupes. Proprement sale. Mais

NO OMEGA semble suffisamment armé pour tailler sa route au milieu de tout ça par sa capacité à véhiculer un message fort, à se concentrer sur sa musique et à ne pas trop se disperser comme peuvent le faire les Code Orange Kids par exemple. Un bel artwork qui retranscrit bien la musique et l’univers du groupe vient compléter la bonne impression. « Shame » est un disque de qualité, bien exécuté, riche en émotions et qui ne demande qu’à décoller.



Rédigé par : Seb On Fire | 14.5/20 | Nb de lectures : 12038