Super, un patronyme avec une virgule, c’est à la mode dans le milieu deathcore, va encore falloir se farcir de deathcore de quatrième zone bordel. Puis finalement, peut-être pas, si on y regarde de plus près, on remarque que « Now Voyager » fait référence à un petit classique du cinéma américain des années 1940 (« Une Femme cherche son destin » en VF, ouais même dans les années 40 on avait droit aux traductions idiotes. Bref…) Pas trop la came des deathcoreux habituellement. Reste plus qu’à envoyer la rondelle dans le lecteur et voir ce que ça donne. Ho merde, cette voix, c’est un side-project du brailleur de Architects ou quoi ? Ah ben non, c’est un projet original qui vient de Bruxelles. Niveau voix on sait déjà vers qui on va mirer, pas besoin de se triturer le citron bien longtemps. Musicalement, on retrouve un peu de Architects dans le son aussi, peut-être est-ce dû au fait que les Belges ont enregistré dans le fief des Grands-Britons. Mais passé les premières secondes d’accroches, les divergences d’avec Architecs se font sentir même si leur influence fait incontestablement partie de la musique de NOW, VOYAGER, on y trouve autre chose. Des choses assez intéressantes d’ailleurs, preuve que le groupe a su regarder plus loin que le bout de son nez et mixer habilement tout ce qui se fait de meilleur en matière de metalcore et assimilés.

Les premières minutes rappellent fortement le Dillinger récent avant de partir dans un break très BTBAMien, tous claviers dehors. « The Surface », morceau d’ouverture de la bête, fait montre de belles promesses, d’une belle maîtrise et d’un solide sens de la composition même si, et c’est bien normal, on ressent encore beaucoup l’influence des modèles anglo-saxons des Belges. Mais au-delà de ça NOW, VOYAGER maîtrise toutes les ficelles des genres qu’ils abordent et balancent de bonnes chansons alternant entre agressivité, chaos, passages planants, mélodies, breaks, riffs syncopés et envolées post. Pour un premier EP autoproduit ce qui frappe d’emblée c’est excellence du son. Chaque instrument est là où il doit être et possède son petit moment de gloire. Tout est bien en place, homogène et logique. On n’a pas comme ça arrive souvent lors des premiers EP un son étouffé où l’omniprésence d’un instrument qui bouffe toute la place. Pas de ça ici. Les Belges savent parfaitement ce qu’ils font et « Seas » est maîtrisé à tous les niveaux. Un peu trop maîtrisé même, il manque un peu de folie et d’imprévisibilité qui fait le sel des grands disques. Ici, on a parfois un coup d’avance sur le groupe et on devine (on sait ?) quel plan va arriver avant qu’il n’arrive dix secondes plus tard. Ils masquent malgré tout cette trop grande application par un vrai talent de musiciens et de compositeurs. Ils alternent parfaitement les titres plus brutaux avec des plages plus aérées à la limite du post-rock (« Tabula Rasa » le titre de fin avec son canon vocal).

La voix, ou plutôt les voix, venons-y justement. Là aussi il y a de la maîtrise, phrasé agressif typé metalcore, passage parlé à la August Burns Red ou encore des petites réminiscences Betraying The Martyrs sur les passages vraiment clairs-mélodiques, y’a à boire et à manger pour tout le monde. Le groupe use (et abuse) parfois des redoublements de voix comme sur « Foundations », le titre le plus ambitieux du groupe qui contient en plus de cinq minutes tout ce qu’ils savent faire. Toutes les qualités et tous les défauts d’un groupe encore jeune mais au potentiel bigrement intéressant. Tout n’est pas parfait, mais ils osent des choses, tout ne fonctionne pas mais l’essentiel n’est pas là, il est dans la personnalité que l’on découvre en grattant le vernis policé de la prod impeccable de l’élève appliqué. NOW, VOYAGER est un groupe en devenir qui a de nombreuses portes devant lui. « Seas » est une clé qui ouvre l’une de ses portes, à eux de choisir la bonne.


Rédigé par : Seb On Fire | 3/5 | Nb de lectures : 11781