Metal iz evryouère !! C’est ce qu’on peut vraiment se dire avec NOTHNEGAL, groupe formé en 2006 aux… Îles Maldives. 227 km², 400 000 habitants et 6 groupes de Metal actifs (selon Metal-Archives), dont NOTHNEGAL. Moi j’attends impatiemment le premier groupe de Metal de Nauru ou des Îles Kiribati. Enfin bon, difficile de s’imaginer vivre sur des atolls et faire du Metal. Il est tout aussi difficile de s’imaginer un groupe maldivien se faire signer sur un label de renom, c’est pourtant ce qui est arrivé à NOTHNEGAL. Season of Mist est vraiment allé chercher loin !! Mais au-delà de leur côté über-exotique, NOTHNEGAL est-il tout de même un groupe qui vaut le coup musicalement ? Charge à leur premier album, Decadence, de nous le dire…

Le premier EP de NOTHNEGAL, intitulé Antidote Of Realism (2009), présentait une sorte de Power-mélodeath tout à fait plaisant, avec des claviers originaux. Avec le web-single qui avait suivi, Absolute Blood Unification, le groupe était devenu un poil plus agressif et tutoyait même le Black mélodique à la CHTHONIC. NOTHNEGAL a alors rapidement évolué, et autour du trio maldivien se sont greffés deux contributeurs de choix, à savoir le batteur Kevin Talley (DÅÅTH, SIX FEET UNDER) et le claviériste Marco Sneck (KALMAH, POISONBLACK). Le groupe devient donc maldivo-américano-finlandais mais conserve sa patte tout à fait personnelle. Un Metal moderne, mélodeath certes (plus proche de l’école finlandaise), mais nettement plus original que prévu. Le groupe intègre à son art moult claviers et effets électro amenant un côté futuriste assez bluffant, avec des visuels façon « civilisation cyber de Stargate ou Metroid » qui sont vraiment classe (je ne dispose pas du livret, mais les motifs sur le CD sont superbes). NOTHNEGAL se démarque donc par son origine mais aussi par son apparat très personnel. Après, est-ce que c’est bien ou est-ce que ça fonctionne, c’est une autre question…

D’emblée, les défauts (plus de jeunesse qu’autre chose) explosent au grand jour : la prod manque clairement de mordant, les guitares ont un son parfois très faiblard. Seul le jeu très percutant et groovy de Talley ressort bien, ainsi que les claviers qui sont tout de même l’attraction principale du groupe. Le chant de Fufu est tout nul, à des années-lumière de celui du single Absolute Blood Unification, un chant ni black ni death très forcé et poussif un peu gonflant à la longue. Bon à vrai dire ce sont deux défauts assez « évidents », mais étonnamment on arrive à en faire abstraction au fil des écoutes, parce que Decadence tient carrément la route. En 40 minutes et 8 morceaux, NOTHNEGAL va à l’essentiel avec des morceaux directs facilement mémorisables et aux structures simples, malgré les nombreuses touches personnelles et les effets d’ambiance zarbi. L’album s’ouvre avec le très bon "Salvation" aux passages épiques, avant d’enchaîner sur "Claymore" qui est un putain de hit avec un refrain imparable ! Une vraie bonne surprise et NOTHNEGAL ne s’arrête pas en si bon chemin, avec "Janus" qui est un morceau plus ambiancé se révélant au fil des écoutes, notamment grâce à quelques passages bien efficaces, laissant à Talley l’occasion de montrer tous ses talents de batteur. Les 3 morceaux suivants maintiennent un tant soit peu le niveau (bien que "R.A.D.A.R" s’étire peut-être un peu trop en longueur), mais NOTHNEGAL nous livre pourtant une fin d’album carrément différente du reste. Pour les deux morceaux de clôture que sont "Sins of Our Creations" et "Singularity", exit le chant hurlé et les riffs incisifs, place à un chant clair et à un Metal nettement plus progressif, une double expérimentation finale convaincante mais peut-être un peu trop décalée du reste, même si les claviers futuristes sont toujours de la partie.

S’il laisse une impression mitigée aux premières écoutes, Decadence s’avère être très plaisant sur la durée. NOTHNEGAL nous livre ici un album de mélodeath futuriste très accrocheur, avec quelques bonnes idées et des morceaux vraiment forts. Dommage que le chant soit si moyen et que la prod soit si anecdotique, car avec le chant et la prod plus agressive de Absolute Blood Unification, Decadence aurait pu être un excellent disque en tous points. Un groupe vraiment original de par son origine géographique et par ses sonorités et ambiances tout à fait inédites, pour un premier album pas tout à fait réussi mais très bon pris tel quel. NOTHNEGAL a en tout cas une sacrée marge de progression, et j’attends avec impatience la suite qui pourrait être énorme si le groupe gomme ses défauts de forme et pousse encore plus ses expérimentations. Vraiment prometteur… et premier album très cool en attendant.

Sortie prévue le 20 janvier 2012, avec une chance de gagner un voyage tous frais payés aux Maldives par tirage au sort en achetant l’album !


Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 13440