Quand j’ai entendu l’annonce d’un concert acoustique de Nostromo devant se dérouler à Genève, j’ai essayé d’imaginer pendant presque deux mois à quoi pouvait bien ressembler l’adaptation d’une musique aussi violente, et surtout j’ai craint que le groupe ne nous ressorte juste du placard des compos à deux balles de leurs années collèges ou encore des prémices de compositions dénuées de complexité et donc d’intérêt.
Mais encore une fois, Nostromo s’est débrouillé pour faire l’unanimité.
Nostromo en acoustique c’est quoi ?
Guitare et basse éléctro-acoustiques, batterie en sourdine et chant chuchoté ou crié puis étouffé. Côté chanson, on retrouve les plus grands succès des deux albums de Nostromo adaptés, revus et corrigés. Voilà les ingrédient de cet OVNI du Metal HxC.
Au final, les premières notes qui nous parviennent aux oreilles ressemblent à une bossa nova triste et prenante qu’à un titre « dé-métalisé », à l’écoute de l’adaptation du très efficace Rude Awekening , première chanson de cet album, on s’attend presque à l’intervention d’une chanteuse brésilienne de Fado tant le ton est doux et mélancolique. Mais c’est bien le chanteur de Nostromo qui intervient, pour nous chuchoter à l’oreille des mots durs, d’une voix douce glissant doucement vers la hargne qu’on lui connaît.
Avec Epitomize, le rythme devient plus fluide et les interprétations moins libres. On prend bien conscience de ce qu’on écoute, le ton se fait plus dur et plus agressif encore tout en alternant toujours avec des passages doux dans une grande impression de fluidité jusqu’à l’explosion finale.
End’s Eve nous replonge dans une mélancolie, que je ne pourrai croire feintée tant les accords et les solos des deux instrumentistes inspirent une vraie profondeur. La qualité technique de ces musiciens n’est pas à démontrer même si elle ne s’exprime pas toujours en concert du fait de la difficulté qu’a ce groupe a avoir un bon son amplifié.
Sunset Motel dont l’introduction représentait certainement, dans Ecce Lex, les prémices de cet album acoustique, n’était alors qu’un intermède permettant à l’auditeur de reprendre son souffle entre deux assaut sonores. C’est ici une pièce complexe et sombre qui fini de vous clouer les oreilles à ce disque.
Si Selfish Blues est peut-être une des titres les plus efficaces du Metal extrême contemporain, il donne lieu ici à une démonstration technique d’une clarté étonnante qui ne perd étonnamment rien en pèche et en intérêt.
Turned Back clos l’album. Comme Sunset Motel, développé et poussé à fond dans son idée qu’on percevait déjà dans Ecce Lex. L’acoustique laisse alors place à une fin déchirante en son amplifié et à la voix hurlée comme pour annoncer le retour de Nostromo à son registre de prédilection après un intermède divin entre cris et chuchotements.
On ne pourra faire que de rares reproche à ce disque mais il est tout de même à noter que les paroles auraient pu être, à l’image de la musique, adoucies et retravaillées.
A noter que le Cd est accompagné d’un DVD retraçant l’éclosion du projet et son aboutissement.


Rédigé par : Leguman | 18/20 | Nb de lectures : 9976