Nouvel électron libre de l’underground post-core parisien, Nostradamus0014 se propose d’établir de nouveaux standards en matière d’agressivité et de masse sonore. En enrôlant le guitariste de Converge, Kurt Ballou, derrière la platine de mixage, un pas était déjà franchi dans la direction visée. La collaboration est déjà en soi un indice assez net de la trace musicale suivie, même si Nostradamus0014 (quid de ce cet obscur patronyme ?) démontrent une affection plus marquée que leurs aînés US pour les lézardes rythmiques et les parenthèses freestyle lors desquelles les musiciens y vont joyeusement de leurs petites épilepsies impétueuses à forte valeur ajoutée technique. Je n’aime pas le terme de math-metal qui est généralement utilisé pour qualifier ces groupes à l’approche instrumentale hyper pointue qui rôdent de-ci de-là à l’affut d’un cerveau à réduire en nano-particules, mais s’il m’est imposé de l’employer par convention, alors on a ici affaire à du math-metal de niveau math spé ! Au milieu d’une foison de détails impossibles à assimiler d’un seul coup et encore plus difficiles à décomposer, on note en particulier une inclinaison à intégrer des solos de guitare dissonants tout à l’arrière du mix avec une sorte d’effet stéréophonique asymétrique qui n’a pas son pareil pour confondre l’auditeur pendant que la bastonnade en règle des pistes fortes se charge de la distribution des oedèmes, pour le moins généreuse… Ce premier EP 4 titres trouvera sa place sur vos étagères à la droite de The Dillinger Escape Plan, en gardant à l’esprit qu’en terme de vitesse pure, on a une Ferrari d’un côté et une Minardi de l’autre, ce qui n’est pas à considérer comme un argument dépréciatif, bien au contraire : le son de Nostradamus 0014 reste enveloppé d’une certaine lourdeur, ainsi que d’une relative intelligibilité qui devrait justement contenter ceux qui perdent leur patois lorsqu’il y a autant de cassures que d’intervalles… La seule chose qui me chiffonne, outre un temps de jeu assez réduit (moins de 15’00), est cette manie d’expédier un peu trop précipitamment certains plans intermédiaires bénéficiant d’un début de tissu mélodique. D’un côté c’est un peu la raison d’être du style que de ne pas temporiser et d’embrayer les parties de façon chaotique, mais c’est peut-être là, dans ces abrégés à l’emporte-pièces, que se situeraient les 5 minutes supplémentaires qui donneraient à ces morceaux un corps et une personnalité encore plus consistants. Dotée d’une production à toute épreuve - chapeau bas notamment à une batterie aussi ravageuse que limpide - voici en tout cas une démo qui ne devrait pas tarder à rencontrer un écho surmultiplié dans les milieux appropriés, et éveiller quelques expectatives fébriles dans l’optique d’un premier album. Parallèlement, le chanteur aurait confirmé sa participation prochaine à une minute santé Figaro Madame sur le thème « comment jouer au funambule avec son anévrisme ? ». A suivre…

Contact : Alexis / P, 17 rue de Vaucouleurs, 75011 Paris – France


Rédigé par : Uriel | 3,5/5 | Nb de lectures : 7478