Vous en avez marre et je vous comprends bien. Y'en a marre de ces groupes de métal extrême qui tapent comme des mules sur leur batterie, qui jouent de la guitare tellement vite que nous autres neuneus ne comprenons rien à ce qui se passe. Au moins, dans le doom, on comprend des trucs, c'est tout lent. On peut même compter les accords par minute en dessinant des petits bâtonnets sur une feuille de papier. Par contre, il faut penser à changer de ligne pour chaque morceau, sinon on se trompe dans les comptes. Bref, y'en a marre de se faire tambouriner la tête après une dure journée de travail par un groupe de black qui veut montrer comment il est pas content.

C'est sûrement après une journée difficile, un lundi j'en suis certain, que Nortt s'est ouvert une Carlsberg (il est danois) et s'est dit "Quand y'en a marre, y'a Malabar". Et après, il s'est dit "J'ai une heure devant moi avant la rediffusion de Tatort, je vais me composer un nouvel album, tiens". Seulement en une heure, il a seulement composé trois minutes de musique, le pauvre parce qu'il a dû répondre à sa mère au téléphone et qu'elle est bavarde. Qu'à cela ne tienne, Nortt a étalé ses trois minutes sur tout un album. Ni vu, ni connu, j't'embrouille 45 minutes que je vends à Avantgarde.

Si vous avez adoré "Graven" et "Ligfærd", sachez que vous retrouverez le logo sur la pochette. Pour le reste, Nortt a poussé son "Pure Depressive Black Malabar Funeral Doom Carlsberg Metal" un peu plus loin encore. Maman ayant été bien bavarde cette fois, le tempo est ultra-pachydermique, bien plus que sur les précédentes sorties. Un piano vient égrener un thème à quatre notes pendant cinq minutes de temps en temps. La guitare bourdonne un accord de temps à autre, voire s'essaye à de bêtes harmoniques. Dans un souci de préservation de l'environnement, les accords ne sont changés que tous les cinq mille kilomètres. A la vitesse où l'album avance, ça fait très long. Ne cherchez pas, ça ne décolle jamais. Les samples genre "ouah, c'est trop chelou" prennent complètement le pas sur le reste et représentent finalement la seule recherche musicale dans cette BO digne d'un film de série Z.

N'est pas Blut Aus Nord qui veut, Nortt n'a à aucun moment pu approcher le travail de distorsion musicale du groupe français. Si "MoRT" est la porte des Enfers, "Galgenfrist" ne mérite même pas d'en être le paillasson. De temps en temps, Nortt fait un peu gronder sa voix, mais il a globalement plutôt honte avec son album malsain comme un Flanby et ne la ramène pas trop. Bienvenue dans un monde où le métal a cédé la place à l'ambient et où la dépression a cédé la place à un emmerdement maximum pour l'auditeur. Ce "Galgenfrist" est totalement creux et n'est que vain remplissage. Une grosse baudruche pleine d'air et de riffs convenus joués à deux à l'heure.

Pauvre Avantgarde. Pauvre label italien qui récupère des poubelles en croyant signer un projet qui ramène un peu de beurre dans les pastas. Ils se sont déjà fait mettre par Forgotten Tomb en 2007, cette nouvelle année ne commence guère mieux pour eux. Il est loin le temps lumineux des premiers Katatonia, Keep Of Kalessin ou Diabolical Masquerade. Un moment d'inattention et on se retrouve avec Wyrd et Astarte dans son écurie. Et maintenant, voilà Nortt qui sort un truc tout moisi pour fêter la centième production du label. Les lundis, c'est vraiment tout nul.

Je vous ai parlé de l'édition digipack limitée à 100 exemplaires dans un sac en tissu avec tout un bazar dedans ? En fait, on s'en fout...


Rédigé par : Prince de Lu | 04/20 | Nb de lectures : 12699