Le monde du metal est rempli de cliché. C’est un fait.

Les blackeux sont tous des chevelus satanistes et nazis. Les punks sont des ivrognes malpolis et crasseux. Les émos sont gays. Les true metalleux croient à l’existence des dragons. Les paganiens (paganistes ?) se baladent en sandales même l’hiver. Les fans de Cannibal Corpse croient toujours que leurs albums sont bons, etc, etc. On a tous été confronté un jour ou l’autre à ce genre de sentences assassines, fermes et définitives. Il faut bien avouer que même s’il y a parfois une part de vérité là-dedans, quand on est directement visé, ça ne fait jamais plaisir de se voir catalogué de la sorte. Le hardcore n’est pas en reste, bien au contraire même c’est peut-être le courant qui véhicule le plus de clichés de ce genre (trisomie du métal, brutasses, tatouages, marcel, casquette, j’en passe et des meilleurs.) Il est parfois bon de leur tordre le cou. Aux clichés, je veux dire, pas aux coreux… déjà que c’est pas toujours évident d’être un chroniqueur hardcore égaré sur un webzine de metal alors je vais pas, en plus, me mettre à dos les quelques fans du genre que je vois, là au fond, bien planqués derrière la tignasse décrépite des vieux hardos scotchés au bar. Vu qu’on parle de clichés, en voilà un beau, tiens.

Donc tordons le cou à une légende tenue pour vraie du milieu hardcore : Les tough guy sont des brutes dénuées de tout embryon d’humour. Faux. Faux. Archi faux.

La preuve avec nos amis de NORTH SIDE KINGS. Sur papier ils correspondent pile poil à la description fallacieuse et inhérente au groupe de hardcore lambda énoncée par moi-même dans le premier paragraphe. Un gang de grands balèzes tatoués jusqu’au cou, le poil bien ras derrière les oreilles, bandanas, casquettes, bermudas à motif treillis et une attitude à faire couiner Kimbo Slice comme votre petite sœur devant Zach Efron. Bref des mecs avec lesquels il ne fait pas bon partir en vacances. Pourtant, si on y regarde de plus près, on se rend vite compte que les gars ne sont pas dénués d’humour, loin de là même. Déjà en étudiant la jaquette on remarque deux chiots tichoux tout plein, un straight edge attardé, un poulpe et un pèquenaud en train de vomir dans le caniveau. Puis le nom du groupe, NORTH SIDE KINGS. Quand on vient d’Arizona…

Les lyrics eux aussi sont du même tonneau, même si on est pas non plus chez les Patrick Sébastien du hardcore, PITBOSS 2000 des titres comme « Giving emo kids something to really cry about » qui parle de lui-même, « Thugcore » qui se moque gentiment des gros bras, « Nice Gils Finish Last » ou enfin « Street Trash » en hommage au film éponyme qui montre des clochards empoisonnés à l’alcool frelaté se liquéfient sur des chiottes ou jouer au base-ball avec une bite arrachée, sont tous empreints d’un second degré salvateur. La musique par contre ne fait aucune concession. Autoproclamé « Caveman Friendly », le groupe propose un hardcore pur à 100%. Non coupé au metal ou dilué au death. De la bonne marchandise venue direct des ruelles sombres et mal famées d’Arizona. Du producteur au consommateur, payée de la main à la main. Le groupe emprunte les mêmes sentiers que DEATH THREAT, SHEER TERROR, BLOOD FOR BLOOD ou AGNSOTIC FRONT mais en plus actuel et burné. Du hardcore de mec quoi. Comme l’indique si bien le flyer promo : « NORTH SIDE KINGS deliver catchy, hook filled hardcore with enoughsaing-along and heartfelt chants that will leave you shadow boxing in the corner for hours. » Voilà, c’est exactement ça. Pour une fois la division marketing du label a fait du bon taf. Un hardcore vilain, balafré, carré, direct dans ta face et propice au mosh. Puis comme le hardcore est une grande famille, les mecs ont invité quelques bons potes à pousser la chansonnette histoire de varier un peu les plaisir. Puerto Rikan Myke notamment, qui avec son timbre particulier vient donner une petit côté BIOHAZARD à « Hustle Dont Stop ».

Un bon disque finalement, musicalement hyper efficace, on a affaire à des gars qui savent de quoi ils causent et qui savent comment torcher de bons morceaux de hardcore sans se prendre au sérieux et qui se paye le luxe de reprendre « Bad Reputation » de JOAN JETT pour prouver une fois de plus leur humour et « Among The Living » d’ANTHARX car les thrasher sont nos amis, ils faut les aimer aussi. Version « Among The Living » supérieure à l’original parce que perso Belladonna j’ai jamais pu blairer sa voix. Une bonne surprise donc, parce que autant être honnête, je n’attendais pas grand-chose de cet album et au final je l’ai pas mal apprécié. Un disque qui plaira sans aucun doute aux touffe guys qui aiment en découdre dans le pit et à ceux qui aiment s’en moquer. Mais en silence, pour pas se faire taper… Les clichés je vous disais… les clichés…


Rédigé par : Seb on Fire | 13.5/20 | Nb de lectures : 10582