Quand j'ai eu en main le premier album du solo projet autrichien Nonexistence, je me suis empressé de ne pas m'en préoccuper. Ca sentait le caramel, ce bidule. Rien que l'avatar animé avec des lapins sur le MySpace et les photos assez ridicules pouvaient faire siffler pendant quelques mois les oreilles de Philip Santoll (enfoiré, tu l'as mis où Toll ?). Hormis un concept cosmique, peu d'éléments poussaient à la consommation. Tant mieux, la surprise n'en fut que meilleure.

Nonexistence manie pas mal de références dans son black/death mélodique teinté de doom. Selon les titres, on ressent l'influence d'Opeth (l'intro de "Descending Horizons" pourrait être sur "Blackwater Park"), Paradise Lost ("Serenity", les thèmes de piano), voire Thy Serpent (d'entrée de jeu dans les mélodies de "A Myriad of Dead Stars"). Le géniteur du projet préfère voir l'influence de Shining, Katatonia et Forgotten Tomb, mais ça ne me satisfait pas. En tout cas, vous aurez compris que nous ne sommes pas dans le domaine de l'agression mais plutôt dans une mélancolie exprimant par ses mélodies une souffrance contenue et une profonde solitude. Au bilan, Nonexistence propose un black léger, proche des premiers Opeth et très loin d'un Gorgoroth. La référence aux Suédois n'est pas cavalière car la musique de l'Autrichien contient pas mal de rebondissements et montre une recherche pour la construction progressive de morceaux atmosphériques qui font voyager l'auditeur.

Du coup, le concept stellaire est plutôt bien trouvé. Hormis de jolies images pour les fonds d'écran, le vide spatial évoque un certain détachement pour un projet qui ne copie en rien ses contemporains et qui s'en va explorer seul son petit univers. Et il y a ce genre de béatitude pendant les 50 minutes que durent les dix titres de "Nihil". Certains passages sont très réussis (les enchaînements sont très naturels, comme entre "Descending Horizons" et l'interlude "Twilight Inferno") et aucun moment n'est réellement en-deçà dans un opus très homogène. A une mise en place instrumentale impeccable, j'ajoute un travail vocal remarquable, variant constamment entre une voix black qui rappelle Ihsahn, une voix death profonde et un chant clair mélancolique. Philip Santoll parvient à rendre palpables des émotions au travers de nombreuses voix.

Il manque sûrement une plus forte identité au projet, histoire de se démarquer complètement de ses références. En attendant, ce premier opus est une bonne réussite qui mérite l'attention des amateurs du genre. Nonexistence clame paradoxalement son existence. Libre à vous de plonger dans l'immensité de l'espaaaaaceee…




Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 10869