Après un retour plutôt concluant en 2001 avec « Feel the Pain » qui s’était soldé bien triste façon par une vaste escroquerie et l’évanouissement dans la nature du label Metal Age recording, nous étions quelques-uns à croire naïvement, qu’André Lemesle avait tiré un trait définitif sur la carrière du groupe dont il était l’unique rescapé.

Une erreur cuisante, car entre une audition pour monter un nouveau line-up et un tour de chant en hommage à Brassens (un exercice dans lequel André excelle) voilà que le leader du plus mythique groupe havrais décide de rééditer « Requiem » dans une version vinylique limitée à 500 copies. En effet, cette démo sortie en 1993 n’avait jamais connu les honneurs d’une diffusion officielle ou d’une quelconque réédition précédente. Et il aurait été dommage que cela continue vu que « Requiem » reflète une parenthèse très intéressante dans la carrière du groupe et ce n’est pas notre Tastemandeath national qui me contredira puisqu’il s’est déjà étendu sur le sujet sur bon nombre de forums.

1993, alors que NOMED fanfaronnait avec son thrash metal « de le Havre » (les initiés comprendront) depuis déjà quelques années, voilà que le groupe s’octroyait un exercice de style ambitieux en troquant ses textes en anglais contre des paroles en français. Et pas n’importe quelles paroles puisque André et Jean-Luc, les deux uniques membres de l’époque, avaient choisi de mettre en musique quelques poèmes tirés des « Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire, le « Reign in Blood » de la poésie française ; une expérience déjà tentée par certains artistes français et depuis reprise par certains groupes de black metal hexagonaux.

« Requiem » se veut donc le reflet musical du célèbre poète décadent, toxico et syphilitique et fixe toute son attention sur les étroits liens entre le mal, la volupté et la beauté tissés par le sulfureux auteur. En restant fidèle à son thrash efficace, NOMED distille également ici un métal subtil qui laisse pointer de très pertinentes nappes de synthé. Autour d’un thrash metal indissociable de son nom, NOMED brode ici une musique variée qui laisse filtrer quelques tendances relativement variées. Si un titre comme « L’examen de Minuit » délaye quelques relents black metal, « Tout entière » et « Abel et Caïn » se veulent, quant à eux, musicalement plus proche d’un CELTIC FROST alors que « Sépulture » prendra une tournure plus speed metal. Autre point décisif dans cet exercice, le chant très distinct de Jean-Luc permet d’apprécier toute la noirceur poétique des vers mis en musique.

Histoire d’ajouter à la pertinence d’une telle réédition, André a entièrement remasterisé l’enregistrement et l’a enrichi d’un titre jusqu’alors inédit qui avait pourtant été enregistré lors de cette antique session « baudelairienne ». Difficile de savoir ce qui avait poussé le groupe à écarter « Sépulture » de la démo au profit d’une revisite de « The Mission » mais cette nouvelle version voit enfin cette injustice réparée.

Les plus jeunes trouveront peut-être à redire sur le son quelque peu rétro de ce mini malgré son dépoussiérage récent mais il n’en demeure pas moins que « Requiem » propose une intéressante transposition de Baudelaire par quelques titres à l’acier bien trempé. Cette réédition est également l’occasion de ressusciter Putrefaction records, le label d’André qui avait jadis mis le pied à l’étrier à un p’tit groupe norvégien du nom d’ARCTURUS.

Vingt et un ans après ses débuts, la consécration continue d’éviter soigneusement la carrière en dent de scie de NOMED, un groupe qui a forgé sa réputation par la force de sa détermination et par son amour de la musique ; un groupe sans doute plus méritant que les ténors métalliques de l’époque qui ont connu de plus fastes destinées. Gageons que l’histoire de NOMED connaîtra un dénouement à la hauteur de son mérite.

En attendant, un prochain retour de NOMED avec du frais, du neuf, « Requiem » fera sans problème le bonheur des collectionneurs comme des vieux fans.
Nostalgie, quand tu nous tiens.


Rédigé par : Tonton | Réédition/ | Nb de lectures : 14101