On voit depuis quelques années maintenant que la musique instrumentale "Post Hardcore" n'est plus réservée à un public éclairé et averti. De nombreux groupes sont apparus et au fur et à mesure une masse opaque à envahit le monde de ces musiciens à l'esprit parfois embrumé. J'ai le sentiment que lorsqu'on joue ce style de musique on cherche à aller chercher au fond de soi les sonorités qui amènent vers l'imagination.
Progressif, introspectif et personnel, certains skeuds de MOGWAI, CULT OF LUNA ou ISIS sont de véritables odes à la traversé de cette ligne imaginaire qui sépare le rêve et le réel.
Le problème est que bien souvent les combos ont du mal à s'écarter des codes écrits par les maîtres de la discipline et du coup on se retrouve avec des musiciens qui racontent souvent la même histoire. Il reste néanmoins des groupes qui arrivent dès leur premier album à faire émerger quelque chose de carré, de puissant et d'assez personnel. NOJIA est de ces groupes-là.

Les Toulousains nous présentent donc ici un premier skeud comportant cinq morceaux dégoulinant de 65 minutes de musique. Guitare/basse/batterie, c'est avec un attirail relativement léger que les cinq gaziers espèrent nous amener avec eux pour prendre l'autoroute vers un monde crépusculaire où les ombres dévorent les rares îlots de lumières présents. Preuve une fois de plus qu'il n'est pas besoin de faire un vacarme du tonnerre pour arriver à captiver un auditeur et garder son attention. Un simple regard sur la pochette permet à mon avis d'avoir une première idée sur la musique de NOJIA : vaste et diffus mais évoquant une première sensation intriguante.
Les musiciens de NOJIA sont humbles mais opiniâtres et qu'il s'agisse de jouer du gras sur les cordes graves ou de subtils arpèges, on les sent pleinement dans leur trip. En faisant hurler les larsens, en inscrivant des lignes de basse énigmatiques et en abordant les grooves comme de minutieux ouvrages artisanaux, les NOJIA arrivent à nous effleurer pour mieux nous percuter par la suite.
Dès « Shattered Species », on s'aperçoit que NOJIA est un groupe économe de ses effets. Ils jouent bien mais ils sombrent pas dans le démonstratif. Ils construisent des ambiances mais les laissent s'échapper lorsqu'ils sentent qu'elles étouffent. Ils évoquent en deux notes ce que certains peinent à faire en dix et au final réussissent à se faire oublier tant leur « ailleurs » nous parle.

NOJIA n'est pas un groupe déprimant, pas plus qu'ils sont un groupe lumineux. Trop de groupes pensent que taper fort permet de marquer les esprits. Lorsque d'autres prennent conscience qu'il faut savoir ménager la puissance, ils en deviennent ennuyeux et répétitifs.
NOJIA fait les choses très simplement en définitive et tout semble clair et naturel pour eux. Ils nous amènent dans leur monde mais ils ont le bon goût de se placer à ôoté de nous pour nous laisser admirer le décor qu'ils ont planté. Une très belle entrée en matière avec un premier opus de qualité et finalement pas grand-chose à reprocher à "Solarchitect". Avec quelques années de plus, le groupe fera peut-être de grandes choses. Un album à écouter et à rêver.


Rédigé par : Pamalach | 14.5/20 | Nb de lectures : 12703