"Où finit l'art, et où commence la fumisterie ? Comment les parents de ce cramé ont fait pour le supporter plus jeune ? Est-il hyperactif, épileptique et accro au speed ? Et bordel, où est-ce que j'ai bien pu carrer ce tube d'aspégic ?"

Voilà les substantielles questions qui se bousculent au portillon de mon cortex en sortant de ce premier album des Nippons de Noism, enfin du Nippon, les autres membres ayant déserté le projet. Petites natures... Le pays du Soleil Levant abrite quand même de sacrées brochettes de tarés. Ici, notre terroriste sonore se nomme Tomoyuki Akiyama, à la fois guitariste et programmateur, line-up minimal mais suffisant pour pondre un mélange totalement déshumanisé de breakcore et de grind/death ultra technique .

Je crois que la description donnée par leur label au goûtu catalogue, Crucial Blast (Across Tundras, Monarch! ...), sera la meilleure : "Sounds like multiple Agoraphobic Nosebleed CD playing at the same time%." Ouais, le pitch est plaisant et ça file un bon avant-goût, au moins on pourra pas dire qu'on était pas prévenus. Effectivement, à côté des Ricains, la boîte à rythme semble surdopée. Sonnant comme un règlement de compte au Uzi entre yakuzas, elle ne ralentit... jamais. Pas un seul moment de répit, le sadique Tomoyuki s'est démerdé pour pousser la bestiole dans ses derniers retranchements, entre les breaks toutes les demi-secondes et les descentes de toms quasi imperceptibles. Autant dire que c'est extrêmement éprouvant, et que ça flatte pas tellement le conduit auditif. Comme les travaux les plus speedés de Venetian Snares, mais passés en accélérés jusqu'au sur-régime. Et niveau "tout dans le rouge", il sait se démerder à la guitare aussi. Du sweep, du sweep, et encore du sweep, joué sur une guitare à laquelle il n'a laissé que 3 cordes. Jusqu'à l'épuisement. J'ose même pas imaginer comment doit se dérouler la composition des morceaux... Les notes sont balancées à une vitesse tellement faramineuse que l'on a souvent du mal à distinguer ce qui se passe, et le son de gratte à la limite de la bouillie sonore n'est pas des plus coopératifs...

Bref, jusque-là, le programme est plutôt sympathique. Sauf que le problème, c'est que TOUT est là. Que le mec ne ralentisse jamais la cadence, que la notion de musicalité se fasse sacrément molester, pas de souci. Mais qu'il n'y ait rien de fait pour rendre ce bordel sonore moins linéaire, ça passe moyen, et l'ennui débarque assez rapidement. En effet, l'album est entièrement instrumental, et aucun élément, ni voix, ni variations guitaristiques, ni aucune autre sonorité ne vient troubler le couple sweeps/boîte à rythme déréglée pendant ces 20 minutes, l'intérêt de l'ensemble trouvant du coup rapidement ses limites. On finit par se demander si l'on a affaire à un délire de guitar-geek cherchant à pondre le truc le plus extrême et bordélique possible. Dans un sens, c'est réussi, puisque malgré le fait que la formule soit trop pauvre pour en faire quelque chose de réellement marquant, le silence qui succède à l'album est d'une volupté incroyable. Le genre d'albums qui vous rappelle pourquoi vous n'avez plus d'amis.


Rédigé par : Crown_Me | WTF?/ | Nb de lectures : 10556