Mais que se passe-t-il dans le monde de la musique extrême actuellement ? Auparavant, mes livraisons de cd s'équilibraient honnêtement autour d'un schéma souvent immuable : sur une dizaine de cd, un ou deux sortaient véritablement du lot, quatre ou cinq constituaient des albums très corrects et le reste était composé soit de démos, soit de pièces pas très enthousiasmantes sur lesquelles je ne pouvait que poser un doigt accusateur, voire deux pour les pires d'entre eux. Depuis un ou deux mois, le pourcentage d'albums méritant une écoute plus approfondie se fait de plus en plus conséquent et il semblerait que l'année 2003 débute sous les meilleurs auspices (ou les hospices si votre ingrate famille vient de vous placer en maison de retraite...). Ce Noctiferia n'a pourtant rien d'attirant à la base : une signature sur un label pas très connu tenu par un membre de Malevolent Creation, une origine pas forcément synonyme de qualité (la Slovénie), une pochette passe-partout et un logo pas génial. Pourtant, ce qui se cache à l'intérieur est assez particulier et mérite certainement sa chance. Imaginez des ambiances rampantes et lancinantes posées sur un mur de double grosse-caisse alternées avec des parties de blasts soutenues par des nappes discrètes de synthés et vous obtiendrez une alliance réussie entre Morbid Angel et Emperor. La musique de Noctiferia s'articule principalement sur des morceaux assez longs (souvent plus de 7 minutes), assez complexes et aux changements de rythmes nombreux mais très évolutifs - comprenez qu'on ne passe pas du doom au blast-beats en 0,2 seconde montre en main -. Le tout est d'une lourdeur assez caractéristique et l'atmosphère générale est particulièrement malsaine, surtout grace au clivage black/death dans lequel le meilleur de chaque style a été conservé. Le seul petit problème est que l'alliance de ces styles nécessite un songwriting en béton et ce n'est pas toujours le cas. Certains passages sont un peu ennuyeux et la sensation de remplissage se fait sentir sur quelques minimes parties. Mais je peux vous assurer que ce disque constitue un évident motif de joie pour les férus d'ambiances sombres et décadentes ou de musique méchante et sans compromissions. Seuls quelques défauts de jeunesse viennent un peu entâcher le tableau mais il est évident que le potentiel de Noctiferia est de toute évidence énorme. Le diable a fait un petit séjour au pied des Alpes Juliennes et Ljubljana a du trembler sur ses bases car il faudra désormais compter sur ces slovènes pour perpétuer la grande tradition du métal extrême des pays de l'est.


Rédigé par : Loufi | 14,5/20 | Nb de lectures : 7472