Ah enfin, revoilà notre bon vieux NKVD. Amis russes, rassurez-vous, la police politique des années 30 n’est pas de retour, il s’agit ici de musique (oui, de musique et uniquement de musique) et du projet français NKVD. Projet qui avait fait couler beaucoup d’encre avec son premier EP sorti en 2007. Car oui, intituler son EP Diktatura et choisir comme thématique les grands dictateurs de ce monde était le meilleur moyen de se faire remarquer. Mais la musique n’est pas en reste, L.F. nous présentant un Black Indus ultra-martial, violent et implacable. Un style diaboliquement puissant et sans pitié mettant en musique les pires dérives de l’humanité. Le premier full-length du projet se fera attendre et ne sortira finalement que début 2011. La nouvelle offrande totalitaire se nomme alors Vlast (Власть pour faire plus trve, ce qui veut dire « pouvoir » en russe, tout un programme…).

Premier constat, NKVD s’amuse encore avec les codes totalitaires, c’est ainsi que la faucille et le marteau côtoient le drapeau nazi sur la pochette. Et parmi les illustrations du digisleeve, Lénine côtoie des membres encapuchonnés du KKK. Cédécoco, cédénazi, céquoi alors ? Ah, ça vous en bouche un coin, hein ! Rien de tout ça, tout est dans la thématique totalitaire et guerrière, qui n’a pour seul but que de disserter sur l’aspect le plus sombre et sanguinaire de l’humanité. Eh oui c’est du Black-Metal ma bonne dame, ça ne parle pas de petites fleurs de merde (©) ! Retour sur les dictatures donc, avec d’ailleurs "Incipit SSSR" qui figurait sur l’EP (tout comme le morceau sur Milosevic "Sloboda" qui est ici rebaptisé "Socijalisticka Federativna Republika Jugoslavija" et bénéficie d’une intro différente), et la belle brochette de joyeux drilles (©) est complétée ici avec Ceausescu (-je suppose, les paroles n’étant pas fournies- sur "Geniul din Carpati"), la Gestapo ("Geheime Staats Polizei") et Ibn Al-Khattab qui fut un chef de guerre islamiste lors des conflits en Tchétchénie ("Ibn Al-Khattab"). La Tchétchénie est d’ailleurs un autre sujet abordé sur Vlast avec "Alkhan-Kala" et "Grozny". Bon, voilà pour le concept et le projet est bien bloqué là-dessus. Passons maintenant à ce qu’il y a de plus intéressant : la musique, si vous le voulez bien…

Pas de changements par rapport à Diktatura, NKVD pratique toujours un Black Indus très agressif, à grand renfort d’une BAR qui mitraille, le tout dans une ambiance martiale écrasante à souhait, pour coller au mieux au concept. Les gros riffs incisifs et les effets symphoniques très sombres terrasseront à coup sûr l’auditeur, surtout lorsqu’ils sont accompagnés par des samples lugubres et par les vocaux haineux et inhumains. Des vocaux parlons-en, ils sont assurés par un certain H.S. (et par le dénommé Tyrant Moloch sur "Krasnaya Paranoia"), mais de nombreuses rumeurs prétendent qu’il s’agit de Mortuus a.k.a. Arioch (MARDUK, FUNERAL MIST), mais même si le ton de voix est reconnaissable il est impossible ni d’affirmer ni d’infirmer quoi que ce soit. L’album démarre par l’excellent "Geheime Staats Polizei" qui pose le style (reconnaissable entre mille) et l’ambiance implacable de l’art de NKVD. A partir de là, c’est simple : tout le reste de l’album est dans la même veine. Les samples changent d’un morceau à l’autre mais côté strictement Metal, ça reste la même chose pendant les 37 minutes que durent Vlast. Les plages sont plus ou moins rapides et plus ou moins ambiancées, mais la recette instrumentale ne varie pas, avec toujours des assauts martiaux et un chant halluciné déclamatoire. Du coup, il est difficile de dégager une piste par rapport à une autre, et un sentiment de linéarité s’installe très vite à l’écoute de Vlast. Certes, cet album est à prendre comme un gros bloc barbare et violent, mais le manque de variations fait que l’ennui se fait sentir en multipliant les écoutes. Le format court rend cet opus direct et efficace, mais uniquement de façon ponctuelle car on fait très vite le tour de Vlast.

Dur de dire si Vlast est une véritable déception, le style totalitaire et martial de NKVD est unique en son genre, demeure percutant et présente une ambiance apocalyptique toujours aussi jouissive, mais cet album n’est pas vraiment l’aboutissement qu’on aurait pu attendre. Si vous avez aimé Diktatura, cet album vous apportera juste des nouveaux morceaux de NKVD, ni plus ni moins. Dommage car il y avait peut-être de la marge pour aller un peu plus loin. Vlast reste un bon album, froid et inhumain à souhait, vraiment prenant grâce aux effets d’ambiance et au chant, mais ne va pas chercher plus loin que ce qui avait été fait sur l’EP et j’en attendais un peu plus. Au prochain coup, peut-être… et il y a encore quelques dictatures et conflits à aborder, la liste est longue !




Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 15115