"Come on people now,
Smile on your brother,
Everybody get together,
Try to love one another right now..."

C’est sur ces paroles fédératrices que nous démarrerons la chronique de ce nouveau live de NIRVANA, le troisième officiel, troisième également à être commercialisé après la mort de Kurt Cobain qui, comme chacun sait, a vilement été exécuté par les moines Shaolins, qui n’ont jamais accepté qu’il ose enseigner l’art sacré du Kung Fu à ces petits fumiers d’occidentaux. A moins que ce soit Bruce Lee…

Bref, certains crieront au scandale, à l’exploitation dégueulasse d’une tragédie qui, quinze ans plus tard, est encore dans toutes les mémoires, et d’autres y verront une sortie bien sympathique puisqu’un live de NIRVANA à se mettre sous la dent, ça fait toujours du bien par où ça passe et ça vaut toujours mieux qu’un Best Of de plus. Cette fois, pas de concert enregistré sur des rives boueuses, pas d’exercice acoustique, mais du NIRVANA au sommet de son art, se produisant dans le cadre d’un festival renommé, qui plus est en tête d'affiche, et délivrant ce que beaucoup décrivent comme l’un de ses meilleurs concerts. Sans aller jusque là, un simple coup d’œil à la setlist montre qu’en dehors de certains titres d’« In Utero », que le groupe s’apprêtait à enregistrer, et qui auraient eu leur place, on retrouve quasiment tous ses meilleurs morceaux dont la quasi intégralité de « Nevermind ». De l’incontournable pour tout fan donc, voire pour tout amateur de rock braillard et noisy qui voudrait des versions plus rugueuses des tubes du trio.

Niveau packaging et présentation, on fait dans le sobre chez Geffen, avec un digipack+fourreau pour cette version agrémentée d'un CD, aux visuels fidèles à ceux que NIRVANA avait l’habitude de proposer et un menu de DVD dépouillé à l’extrême. En même temps, ce qu’on veut c’est de l’image et du son !... et on va en avoir ! L’image est de bonne qualité, un peu granuleuse comme il se doit pour ce type de concert, quoique encore trop propre, et les plans ne sont pas des plus spectaculaires mais permettent de profiter de la prestation des musiciens ce qui est finalement le principal. Les caméras semblent en effet être fixes, ce qui peut expliquer la récurrence de certains plans et le manque d’inventivité en général des prises de vues. Pas bien grave tout ça, on a largement de quoi profiter du trio et, surtout, le son est MONSTRUEUX !!!

J’ai toujours privilégié les pistes stéréo aux pistes multi canaux des DVD musicaux, me disant qu’à un concert on n’a pas d’effet surround et que le Kaméhaméha sonore on le prend en pleine face, pas derrière et sur les côtés, avec effet balles siflantes, grincement de plancher juste dans votre dos et tout et tout… Eh bien c’eût été une énorme erreur de ne pas tester la piste DTS, qui est fantastique et vous plongera directement au cœur de la fosse, juste devant le guignol qui gesticule pendant tout le concert entre Cobain et Novoselic. La basse semble gronder à quelques cm de vous, les guitares rugissent et on sent presque trembler les peaux des fûts de Dave Grohl, le public enveloppant tout cela de ses vociférations. La différence de clarté et de puissance entre la piste DTS et la piste 5.1 Dolby Digital est saisissante, alors qu’en ce qui concerne la stéréo, Dolby Digital également, on ne ressent pas le même écart. Dans un sens, heureusement, me direz-vous, sinon quel intérêt de posséder une piste DTS ?

Passons maintenant au concert proprement dit, dont tout ceux qui suivaient l’actualité hard rock de cette époque doivent avoir quelques souvenirs, ne serait-ce qu’en raison des photos de Cobain sur scène en chemise d’hôpital ou de son arrivée en chaise roulante, clin d’œil au séjour en clinique qu’il venait de passer. Malgré ce qu’on a pu entendre à l’époque sur son état de santé, c’est un Kurt en plutôt bonne forme qui joue ce soir-là, qui déconne avec Novoselic entre les morceaux et qui s’applique finalement beaucoup pour ne pas foirer les chansons, même quand sa voix commence à le lâcher dès le début du set sur « In Bloom ». Les amateurs du NIRVANA ingérable en seront certainement déçus, les autres se réjouiront de pouvoir visionner ce concert mythique dans de bonnes conditions, même si la grande scène de Reading semble effectivement un poil trop spacieuse pour le groupe, avec un Cobain cantonné à droite de la scène et un Novoselic qui s’agite beaucoup mais ne parcourt pas tellement de terrain… on ne peut pas tout avoir non plus.

Les hits s’enchaînent, presque trop mécaniquement pour une formation réputée pour ses shows incandescents, et même les morceaux de « Nevermind » semblent perdre (un peu) du feu sacré qui les anime sur l’album. Quoi qu’il en soit, cette même succession de tueries montre à quel point NIRVANA avait un talent unique pour composer des morceaux intemporels, quoi qu’aient pu en dire à l’époque (et encore maintenant) ses détracteurs. Aucune baisse d’intensité n’est à déplorer et un moment est même, si on se laisse aller, touchant, quand Kurt demande au public de hurler « Courtney, we love you » afin de rassurer sa femme qui croit que tout le monde la déteste (le couple prenait cher à cette époque par la presse), avant d’enchaîner sur « All Apologies ». Cette déclaration en public peut sembler démago, la chanson qui suit et ses poignantes paroles peut-être moins. Les Américains n’ont pas été avares et ont parfaitement joué leur rôle de tête d’affiche, avec une prestation 25 titres dont deux reprises, des inédits qui apparaîtront plus tard sur « In Utero », et quelques vieilleries qui se retrouveront également dans les bacs plus tard par le biais de la compil « Insesticide ». Ce « Live At Reading », d’un point de vue musical, s’impose donc d’emblée comme l’un de ceux qu’il faut absolument posséder, l’un de ces témoignages incontournables dont est faite l’Histoire du Rock, le pendant électrique du « MTV Unplugged ». En ce qui me concerne, le seul véritable regret, finalement, c’est que Cobain ne se détruise pas la voix sur « Territorial Pissings », avec laquelle le groupe termine son concert et qui, sans cela, paraît presque fade…

Setlist
01. Breed
02. Drain You
03. Aneurysm
04. School
05. Sliver
06. In Bloom
07. Come as You Are
08. Lithium
09. About a Girl
10. Tourette's
11. Polly
12. Lounge Act
13. Smells Like Teen Spirit
14. On a Plain
15. Negative Creep
16. Been a Son
17. All Apologies
18. Blew
19. Dumb
20. Stay Away
21. Spank Thru
22. Love Buzz (uniquement)
23. The Money Will Roll Right In (FANG cover)
24. D-7 (WIPERS cover)
25. Territorial Pissings

Tech :
Format Image : 16:9 (PAL)
Format Audio : Dolby Digital Stéréo, Dolby Digital 5.1, DTS
Durée : environ 95 minutes
Zone : Toutes zones


Rédigé par : Dungorpat | Live Buzz/ | Nb de lectures : 11733