Whaaa! Haaaaa... Voile sur les filles... Tudududu! Barques sur le NILE!
Je suis dans ta vie! Je suis dans tes bras!

Allez hop, pas de temps à perdre à chanter du Cloclo! Enduisez-vous de crème solaire et direction Hamunaptra, ça cogne là-bas. Ca cogne presque autant que le dernier opus de NILE. Même si je n'aurais pas donné un dében pour cette galette sablée, j'avoue avoir été bluffé dès le départ! Comme quoi, il ne faut pas vendre les bandelettes de la momie avant de l'avoir embaumée!

NILE fait partie des rares groupes qui ont réussi à squatter le Panthéon du Métal en moins de temps qu'il faut à Lemmy pour vider une chopine. Le légendaire "Amongst The Catacombs Of Nephren-Ka" les a propulsés au sommet et "Black Seeds Of Vengeance" leur a offert un trône douillet - et mérité - sur lequel NILE s'est quelque peu endormi. Ces mots me vaudront le courroux de leurs serviles groupies (et j'en ai rien à carrer) mais, depuis son avènement, NILE commençait sévèrement à schlinguer le moisi... Un "In Their Darkened Shrines" aussi prétentieux que pompeux et un "Annihilation Of The Wicked" aimable mais un poil transparent; NILE s'enfonçait peu à peu dans le marécage où croupissent beaucoup de groupes "sacrés". Toujours la même popote, la magie d'antan remplacée par de la poudre aux yeux.

Avec ce nouvel album, NILE parvient à s'extirper de ce marasme et retrouve la puissance et le panache de ses débuts. "Ithyphallic" est un grand album pétri de brutalité et de grandeur. La magie est revenue et NILE fera tremper ses fans dans un bon bain de natron bien chaud! L'album s'ouvre avec splendeur, l'ambiance "péplum" est revenue. La batterie retentit au loin alors que des guitares titanesques grondent avant de fondre sur l'auditeur qui se fera engloutir corps et âme sous un déluge de violence suffocante, monumentale et véritablement extraordinaire. On est toujours bouchée bée face à une telle orgie de sauvagerie, on ne sait plus où donner de la tête, et dès les premières secondes, on est étourdi, hébété. Des nuées de blasts surhumains, des flots de riffs compacts et massifs qui écrasent tout, des breaks inattendus qui viennent lacérer le tout et des vocaux hargneux... NILE renoue avec la bestialité du somptueux "...Nephren-Ka"...

L'ensemble de l'album est plus chaotique, plus sauvage, plus intense que ces prédécesseurs qui stagnaient dans une linéarité soporifique. N'espérez pas tomber sur le moindre refrain, "Ithyphallic" est très probablement l'album le plus haineux que NILE ait pondu depuis 1998. Le côté nerveux et "2.000-idées-à-la-seconde" est omniprésent, et c'est bien cette petite touche bordélique qui donne à cette nouvelle rondelle toute sa puissance! Finis les refrains guillerets et les riffs popo! Place au carnage le plus parfait! J'imagine que ce retour vers un Brutal Death hystérique déconcertera plus d'un habitué qui cherchera en vain le calme, le prévisible... l'ennui.
L'album semble n'avoir ni queue ni tête, mais c'est là l'avènement de la barbarie primaire, bestiale! Quel panard!
Avec ce chef d'œuvre, NILE crache tout ce qu'il a dans les tripes! Et par Osiris, c'est monstrueux!

En plus de flageller son public avec un album quasi-parfait, NILE apporte quelques nouveautés à son style. Jamais NILE n'avait dégagé une atmosphère aussi lourde, menaçante, morbide. Les tempos sont exceptionnellement sinistres et offrent un visage aussi radieux que celui de Karloff dans le film de Freund... ça rigole pas. N'allez pas croire pour autant que ça tourne en rond, ces passages lourds n'édulcorent pas la furie de ce "Ithyphallic". Une autre innovation se perçoit dans les vocaux qui sont plus aigres (moins grognons) et beaucoup, beaucoup plus syncopés qu'auparavant. Ces lignes vocales renforcent d'une part la brutalité indescriptible de l'album mais aussi et surtout cet aspect incantatoire, obsessionnel et hypnotique. On remarquera aussi le travail d'orfèvre réalisé par George Kollias (le batteur) qui ne se contente pas de bourrer ses fûts comme un couillon. Le matraquage, il le maîtrise à la perfection, mais il sait aussi insuffler à son jeu et à l'album entier un aspect plus léger, plus expressif. D'ailleurs, puisqu'on cause de ça, "Ithyphallic" est l'album le plus (attention, je mets des guillemets) "émotionnel". En clair, plus authentique et viscéral.

L'album dévoile certaines nouveautés que je ne compte pas déflorer, à vous de les sentir vous chatouiller les boyaux. Si l'on gomme ces éléments, on peut dire que "Ithyhallic" est du pur NILE, qui ravira la majorité des fans de Brutal Death technique qui a du poil aux genoux. Le trip de NILE est toujours le même: sponsoriser l'office du tourisme du Caire. Le tralala égyptien mâtiné de délires Lovecraftiens est là, et même si l'originalité du truc s'est un peu estompé au fil du temps, c'est toujours un pur plaisir de se dégourdir les guiboles entre Karnak et Louxor.

NILE ne surprend plus mais il a repris du poil de la bête et prouve, même aux plus sceptiques (dont je fais partie) qu'il a encore son mot à dire! Il est appréciable de voir qu'un groupe aussi gros de NILE ne baisse pas son falesard pour chier encore et toujours le même album.

Il va sans dire que la production est pharaonique! Le hic, c'est que ce type de son est un peu trop "chirurgical" et du coup on perd un peu en feeling. Dommage... "Ithyphallic" bénéficie d'un son aussi massif que "...Nephren-Ka" mais hélas aussi propret que "Annihilation Of The Wicked". Quoi qu'il en soit, ce son fait trembler le sol!

NILE sort à nouveau un pur chef d'œuvre. "Ithyphallic" est sans doute l'album le plus abouti de leur carrière; un album brutal, entier, majestueux qui sait éviter les écueils de la redite ou de l'étalage masturbatoire de technicité technico-technichiante. La classe.
So let it be written, so let it be done!

PS: La version "limitée" propose les versions instrumentales de "As He Creates So He Destroys" et de "Papyrus Containing The Spell To Preserve Its Possession Against Attacks From He Who Is In The Water" qui figurent déjà sur le skeuds... Des bonusalacon typiques des épiciers de nuclear blast...


Rédigé par : Ardath Bey | 18/20 | Nb de lectures : 15994