NIKLAS KVARFORTH - Quand le prozac ne suffit plus (Camion Noir) - 20/05/2016 @ 07h28
Il semblerait qu'avec le temps tout le monde connaisse Niklas KVARFORTH, le célèbre chanteur de Shining, autant pour ses frasques que pour sa musique. Personnage controversé aux propos et agissements souvent borderline et polémique, le blondinet à finit par se distinguer de ses homologues blackeux en affichant une attitude provocante, souvent agressive et misanthropique. Si il me semble difficile de remettre en cause les aspects les plus sombres de sa personnalité, le musicien sait aussi faire parler de lui et susciter intérêt et curiosité grâce à des mises en scène savamment dosées et étudiées. En entremêlant ces enchevêtrements de personnalité complexe et les aspect plus "business" inhérents à tout musicien "connu", KVARFORTH propose aussi à travers l'ouvrage qui nous intéresse un véritable voyage poétique au cœur de son âme torturée.
"Quand le prozac ne suffit plus" est une sélection de lyrics de chansons des huit premiers albums de Shining, rehaussés dans cette nouvelle édition d'une nouvelle écrite pour Urgehal six mois avant la mort de Trond. Ces textes forment un recueil poétique aux forts relents de désespoir et au fort goût de dépression qui tourne au suicide... rien que du familier pour KVARFORTH en somme. Mais avant d'aller plus loin dans mes investigation littéraires, je me permet de poser quelques interrogations qui me chatouillent un peu. Le dos du recueil précise que ce livre n'est pas "un recueil de poésie suédoise comme les autres". Que faut il comprendre avec cette phrase ? Que c'est tellement sombre et hardcore que ça cloue au pilori tous les poètes suédois de ces dernières années ?
Comme je ne suis pas un expert en littérature scandinave, j'ai été m'entretenir avec des personnes qui s'y connaissait un peu mieux que moi. A chaque fois, on à pu me dire que les suédois étaient habitués à des formes d'art qui ne s'embarrassaient pas de fioritures et que les rapports à l'angoisse, au désespoir et au suicide avaient été traités à de nombreuses reprises dans le théâtre, le cinéma, la musique ou la peinture de ce beau pays. Sans enlever le talent ou l'obscurité des textes de KVARFORTH, cela relativise un peu son œuvre en la situant dans un contexte plus général.
Ensuite, si j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage, j'avoue que je m'attendais à bien "pire". Bien sûr, la prose est noire comme le charbon, les mots tranchants comme des lames de rasoir et les vers tournés vers de funestes destinées mais je m'attendais à quelque chose de plus viscéral et déchiré. L'approche de KVARFORTH me semble assez frontale, directe et brutale. Les mots ont la virulence d'une série de coups de poing qui font que l'abstrait, le vide et l'inconnu ont du mal à se faire une place dans tout ce barnum maléfique.
Après, à bien des aspects, KVARFORTH à cette facilité à poser un cadre lugubre sans trop forcer. Il y a une certaine économie des effets de style et des circonvolutions visant à planter un décor. Sans trop en faire en somme, le hurleur fait des merveilles. Torturé et écorché vif, l'auteur l'est certainement au vu de ce qu'il nous livre comme tonnes de désespoir... et ce qu'il laisse deviner à certains moments de sa part de lumière. Car oui, plus ou moins consciemment peut être, il laisse échapper lors de fugaces formules une part plus vulnérable de son art, comme si le barbare posait les armes entre deux charcutages sans pitié de ses propres veines et de celle de son entourage. Intéressant à plus d'un titre lorsqu'on décortique l'œuvre bout à bout "Quand le prozac ne suffit plus" n'est cependant pas, et certainement pas, une œuvre à mettre sous les yeux de personnes fragiles.
Notre rapport à un texte poétique est souvent en lien étroit avec l'auteur qui en a accouché (ce n'est cependant pas exclusif, je le reconnais volontiers). Dès lors, la personnalité et l'image de l'auteur déteignent sur la nature du texte proposé, puisque par essence, c'est de sa plume qu'en sont nés les mots. N'étant pas particulièrement fan du personnage, je peux dire sans arrière pensée que je trouve ce recueil intéressant et plein d'émotions, quand les fans y trouveront certainement des pépites de Black Metal mises en vers, KVARFORTH restant un poète mouillant sa plume au plus écarlate des encres suédois.
Titre : Quand le prozac ne suffit plus
Par : Niklas Kvarforth
Editeur : Camion noir
Nombre de pages : 132
Prix : 28 Euros
Des traductions de paroles... inutile.
La dernière fois certains se plaignaient de la version française du titre, c'est juste la traduction du titre original, ni plus ni moins.
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"Quand le prozac ne suffit plus" est une sélection de lyrics de chansons des huit premiers albums de Shining, rehaussés dans cette nouvelle édition d'une nouvelle écrite pour Urgehal six mois avant la mort de Trond. Ces textes forment un recueil poétique aux forts relents de désespoir et au fort goût de dépression qui tourne au suicide... rien que du familier pour KVARFORTH en somme. Mais avant d'aller plus loin dans mes investigation littéraires, je me permet de poser quelques interrogations qui me chatouillent un peu. Le dos du recueil précise que ce livre n'est pas "un recueil de poésie suédoise comme les autres". Que faut il comprendre avec cette phrase ? Que c'est tellement sombre et hardcore que ça cloue au pilori tous les poètes suédois de ces dernières années ?
Comme je ne suis pas un expert en littérature scandinave, j'ai été m'entretenir avec des personnes qui s'y connaissait un peu mieux que moi. A chaque fois, on à pu me dire que les suédois étaient habitués à des formes d'art qui ne s'embarrassaient pas de fioritures et que les rapports à l'angoisse, au désespoir et au suicide avaient été traités à de nombreuses reprises dans le théâtre, le cinéma, la musique ou la peinture de ce beau pays. Sans enlever le talent ou l'obscurité des textes de KVARFORTH, cela relativise un peu son œuvre en la situant dans un contexte plus général.
Ensuite, si j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage, j'avoue que je m'attendais à bien "pire". Bien sûr, la prose est noire comme le charbon, les mots tranchants comme des lames de rasoir et les vers tournés vers de funestes destinées mais je m'attendais à quelque chose de plus viscéral et déchiré. L'approche de KVARFORTH me semble assez frontale, directe et brutale. Les mots ont la virulence d'une série de coups de poing qui font que l'abstrait, le vide et l'inconnu ont du mal à se faire une place dans tout ce barnum maléfique.
Après, à bien des aspects, KVARFORTH à cette facilité à poser un cadre lugubre sans trop forcer. Il y a une certaine économie des effets de style et des circonvolutions visant à planter un décor. Sans trop en faire en somme, le hurleur fait des merveilles. Torturé et écorché vif, l'auteur l'est certainement au vu de ce qu'il nous livre comme tonnes de désespoir... et ce qu'il laisse deviner à certains moments de sa part de lumière. Car oui, plus ou moins consciemment peut être, il laisse échapper lors de fugaces formules une part plus vulnérable de son art, comme si le barbare posait les armes entre deux charcutages sans pitié de ses propres veines et de celle de son entourage. Intéressant à plus d'un titre lorsqu'on décortique l'œuvre bout à bout "Quand le prozac ne suffit plus" n'est cependant pas, et certainement pas, une œuvre à mettre sous les yeux de personnes fragiles.
Notre rapport à un texte poétique est souvent en lien étroit avec l'auteur qui en a accouché (ce n'est cependant pas exclusif, je le reconnais volontiers). Dès lors, la personnalité et l'image de l'auteur déteignent sur la nature du texte proposé, puisque par essence, c'est de sa plume qu'en sont nés les mots. N'étant pas particulièrement fan du personnage, je peux dire sans arrière pensée que je trouve ce recueil intéressant et plein d'émotions, quand les fans y trouveront certainement des pépites de Black Metal mises en vers, KVARFORTH restant un poète mouillant sa plume au plus écarlate des encres suédois.
Titre : Quand le prozac ne suffit plus
Par : Niklas Kvarforth
Editeur : Camion noir
Nombre de pages : 132
Prix : 28 Euros
Rédigé par : Pamalach | Niklas et Théralène/ | Nb de lectures : 8349