Teloch est un fainéant.
Même si le bonhomme a trempé dans nombre de projets norvégiens (Gorgoroth, 1349, Orcustus, les sessions d'Ov Hell, etc), le guitariste avoue lui-même qu'il ne se consacre pas assez à son bébé Nidingr. Une poignée de démos, l'album Sorrow Infinite and Darkness et la compilation Sodomize the Priest en 14 années d'existence, ça ne pèse effectivement pas très lourd dans la balance. Et pourtant, c'est suffisant pour marquer les esprits de manière insidieuse. Indisieuse, car au premier abord Nidingr pratique un black bizarre avec une voix horrible posée dessus. Mais comme ce fut le cas avec le fort goûtu Sorrow Infinite and Darkness, je n'ai pas réussi à me détacher de Wolf-Father. J'ai remis l'album dans la platine encore et encore, attiré comme une éphémère par une lumière trop brillante. Encore et encore, tellement de fois, que ce que vous lisez est la troisième version de la chronique.
Il est difficile de coller une étiquette à la va-vite à Nidingr. Si vous demandez à Teloch quel black metal il pratique, il vous répondra "du metal". Va pour le metal, dans ce pétrissage incessant de riffs black, death ou thrash, où les parties les plus brutes peuvent être suivies d'un plan atmosphérique tout cool (le final de "Bladrs Daumar" avec Garm invité à pousser la vocalise). Ce final est symbolique car Nidingr n'est finalement qu'opposition. Opposition entre des guitaristes au caractère différents, qui sont fréquemment en conflit (Blargh, actuel gratteux de DHG, claque la porte toutes les cinq minutes pour revenir ensuite). Opposition entre l'esprit old school du projet et la froideur de sa production, tellement froide que la transition de la BAR à Hellhammer sur ce nouvel opus ne choque pas. Opposition entre le metal qui dégouline à flot et le râle du fond du thorax d'un cancéreux en phase terminale proposé par Cpt. Estrella Grasa. Finalement, une opposition permanente qui est la source même de l'énergie du projet et son mode de gestion. Sans conflit, pas de Nidingr, de l'aveu même de Teloch.
Le vrai point faible de ce nouvel opus est qu'il n'était plus espéré; Wolf-Father doit supporter toutes les attentes fondées sur lui. Et "ça ne l'a pas fait" tout de suite. Les sept titres sont courts et nerveux, blindés de riffs qui sautent à la gorge. Mais l'album se paye aussi le luxe de trainer en longueur par moments. Alors qu'il ne dure que 22 courtes minutes!! Diantre!! Et là où je m'attendais simplement à un coup de porte en chêne dans la face similaire à Sorrow Infinite and Darkness, Nidingr a évolué et simplifié son propos. Le premier album comportait pas mal d'interventions "extérieures", des samples, des lignes de piano, qui venaient enrichir la base très rythmique proposée. Cette fois, l'effectif est réduit à l'essentiel et les guests se font très rares. C'est à un album plus direct, plus crû qu'on a affaire. Un album plus metal effectivement. Après avoir laissé reposer le CD pendant quelques temps, j'ai pu y revenir avec moins d'attente et ça l'a enfin fait!
Même le concept a évolué, des références à Crowley vers la mythologie nordique. Mais promis, ils reviendront à Crowley sur les deux prochains opus, pour lesquels le stock de riffs est déjà prêt à sévir. Mais en attendant d'enregistrer et de s'écharper au mixage, la formation est surtout désireuse de monter sur les planches. Espérons que nous aurons l'occasion de les voir sublimer leurs brûlots sous nos yeux, de répandre leurs miasmes sur nos organismes suintants. Car Wolf-Father est bien le genre d'album qui gangrène son auditeur petit à petit, tout comme leur premier méfait. Assez court pour en devenir frustrant, à le remettre encore et encore.
Bon album, mais teeeeerriblement court, 22 minutes c'est limite indécent :/
grozeil Membre enregistré
Posté le: 14/01/2011 à 13h12 - (90669)
En même temps, s'il avait duré plus longtemps, personnellement, j'aurai regardé ma montre... Pas super novateur, mais par contre, c'st vraiment du "prends ça dans ta grande gueule", notamment avec ces vocaux assez... punk finalement. J'aime assez, mais ça restera pas une pierre angulaire dans le genre!
xfuelx Membre enregistré
Posté le: 14/01/2011 à 13h30 - (90671)
Il est juste énorme cet album, un peu court certes et la prod est différente suivant les morceaux (je pense notamment au dernier "lokasenna") mais ca apporte un coté brut de pomme. une des meilleures sorties 2010 pour moi.
V.R.S. Membre enregistré
Posté le: 14/01/2011 à 21h47 - (90685)
Court mais bon !
lokasenna IP:83.115.44.3 Invité
Posté le: 15/01/2011 à 00h35 - (90694)
un de mes album 2010 préféré!
Monceau Membre enregistré
Posté le: 15/01/2011 à 01h12 - (90695)
Et une fois de plus le winner is... Sorrow Infinite and Darkness !
Faut que je me le trouve
Tetanos Membre enregistré
Posté le: 15/01/2011 à 05h02 - (90696)
Sorrow Infinite and Darkness m'avait bien scotché, faut vraiment que je me penche sur celui là.
Ars Membre enregistré
Posté le: 15/01/2011 à 14h40 - (90703)
Excellent tout comme son prédécesseur, mais diantre qu'il est court...
Bloodsong IP:80.14.221.52 Invité
Posté le: 15/01/2011 à 15h29 - (90704)
Sur l'e-shop de PlasticHead ils le vendent comme un mini... Sinon c'est bien bon.
Danaos Membre enregistré
Posté le: 15/01/2011 à 21h14 - (90709)
Musicalement, c'est très bien.
Par contre, je trouve la voix insupportable, monocorde, et pas du tout adaptée aux superbes riffs black. Pourquoi ne pas avoir opté pour une voix criarde ?
V.R.S. Membre enregistré
Posté le: 16/01/2011 à 01h38 - (90711)
Danaos: bah pour changer un peu lol
tartampion IP:41.130.40.19 Invité
Posté le: 16/01/2011 à 08h14 - (90712)
Je préfère la voix de pochtron sur sorrow infinite, celle-là elle changeait beaucoup.
XXuK Membre enregistré
Posté le: 16/01/2011 à 15h33 - (90714)
Un très bon EP... euhhh, un très bon album :-)
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Même si le bonhomme a trempé dans nombre de projets norvégiens (Gorgoroth, 1349, Orcustus, les sessions d'Ov Hell, etc), le guitariste avoue lui-même qu'il ne se consacre pas assez à son bébé Nidingr. Une poignée de démos, l'album Sorrow Infinite and Darkness et la compilation Sodomize the Priest en 14 années d'existence, ça ne pèse effectivement pas très lourd dans la balance. Et pourtant, c'est suffisant pour marquer les esprits de manière insidieuse. Indisieuse, car au premier abord Nidingr pratique un black bizarre avec une voix horrible posée dessus. Mais comme ce fut le cas avec le fort goûtu Sorrow Infinite and Darkness, je n'ai pas réussi à me détacher de Wolf-Father. J'ai remis l'album dans la platine encore et encore, attiré comme une éphémère par une lumière trop brillante. Encore et encore, tellement de fois, que ce que vous lisez est la troisième version de la chronique.
Il est difficile de coller une étiquette à la va-vite à Nidingr. Si vous demandez à Teloch quel black metal il pratique, il vous répondra "du metal". Va pour le metal, dans ce pétrissage incessant de riffs black, death ou thrash, où les parties les plus brutes peuvent être suivies d'un plan atmosphérique tout cool (le final de "Bladrs Daumar" avec Garm invité à pousser la vocalise). Ce final est symbolique car Nidingr n'est finalement qu'opposition. Opposition entre des guitaristes au caractère différents, qui sont fréquemment en conflit (Blargh, actuel gratteux de DHG, claque la porte toutes les cinq minutes pour revenir ensuite). Opposition entre l'esprit old school du projet et la froideur de sa production, tellement froide que la transition de la BAR à Hellhammer sur ce nouvel opus ne choque pas. Opposition entre le metal qui dégouline à flot et le râle du fond du thorax d'un cancéreux en phase terminale proposé par Cpt. Estrella Grasa. Finalement, une opposition permanente qui est la source même de l'énergie du projet et son mode de gestion. Sans conflit, pas de Nidingr, de l'aveu même de Teloch.
Le vrai point faible de ce nouvel opus est qu'il n'était plus espéré; Wolf-Father doit supporter toutes les attentes fondées sur lui. Et "ça ne l'a pas fait" tout de suite. Les sept titres sont courts et nerveux, blindés de riffs qui sautent à la gorge. Mais l'album se paye aussi le luxe de trainer en longueur par moments. Alors qu'il ne dure que 22 courtes minutes!! Diantre!! Et là où je m'attendais simplement à un coup de porte en chêne dans la face similaire à Sorrow Infinite and Darkness, Nidingr a évolué et simplifié son propos. Le premier album comportait pas mal d'interventions "extérieures", des samples, des lignes de piano, qui venaient enrichir la base très rythmique proposée. Cette fois, l'effectif est réduit à l'essentiel et les guests se font très rares. C'est à un album plus direct, plus crû qu'on a affaire. Un album plus metal effectivement. Après avoir laissé reposer le CD pendant quelques temps, j'ai pu y revenir avec moins d'attente et ça l'a enfin fait!
Même le concept a évolué, des références à Crowley vers la mythologie nordique. Mais promis, ils reviendront à Crowley sur les deux prochains opus, pour lesquels le stock de riffs est déjà prêt à sévir. Mais en attendant d'enregistrer et de s'écharper au mixage, la formation est surtout désireuse de monter sur les planches. Espérons que nous aurons l'occasion de les voir sublimer leurs brûlots sous nos yeux, de répandre leurs miasmes sur nos organismes suintants. Car Wolf-Father est bien le genre d'album qui gangrène son auditeur petit à petit, tout comme leur premier méfait. Assez court pour en devenir frustrant, à le remettre encore et encore.
Rédigé par : Prince de Lu | 15/20 | Nb de lectures : 13912