Alors que les fans ardus de Sorrow Infinite And Darkness (2005) avaient dû attendre 5 ans pour déguster les… 22 minutes de Wolf-Father (2010), NIDINGR va se montrer légèrement plus productif en sortant deux ans plus tard Greatest Of Deceivers, son 3ème album qui allonge 47 minutes. C’est déjà ça de pris. Pour le reste, je ne vais pas refaire la bio du groupe norvégien mené par la paire Teloch-Blargh, et les fans attendent déjà cette galette au tournant. Ils auront eu raison et NIDINGR ne va pas louper le virage, même s’il conduit un peu trop vite comme le montre la curieuse vidéo de "Vim Patior".

Au fond, le style NIDINGR ne change pas. Si l’on ne retrouvera pas les claviers lugubres de Sorrow Infinite And Darkness, on évolue toujours ici dans ce Black assez indescriptible, sorte de DØDHEIMSGARD en plus rentre-dedans sans les bidouillages électro divers, avec toujours la voix arrachée du Cpt. Estrella Grasa qui nécessite chez le tout-à-chacun un certain temps d’adaptation. NIDINGR abandonne pourtant les thèmes nordiques de Wolf-Father et reprend des textes d’Aleister Crowley, tout comme sur Sorrow Infinite And Darkness. Avec l’acronyme G.O.D. pour « Greatest Of Deceivers » comme base, et des noms de morceaux comme "O Thou Empty God", le ton est donné et cet album va s’annoncer assez sombre. On notera d’ailleurs que de nombreux arpèges mélodiques parsèment Greatest Of Deceivers, ce qui nous fait plonger dans une ambiance particulièrement inquiétante sur la majorité des morceaux. Mais du reste, NIDINGR nous balance toujours ses parties rythmiques particulièrement accrocheuses, ses trémolos prenants et ses breaks râpeux, pour un album diaboliquement efficace.

Teloch et Blargh puisent donc dans leur réservoir de riffs pour nous livrer un Greatest Of Deceivers très inspiré. L’album s’ouvre par le morceau-titre qui est un quasi-hit, excellent de bout en bout avec des blasts bien rentre-dedans. Notons d’ailleurs qu’après la BAR de Sorrow Infinite And Darkness et Hellhammer sur Wolf-Father, NIDINGR s’offre un son de batterie plus organique mais plus discret, assuré par Øyvind Myrvoll (ex-KIN). Ça change mais en mieux, et Teloch semble ici avoir trouvé un équilibre parfait pour sa production. NIDINGR est en forme sur tous les points et nous offre une pelletée de morceaux géniaux, comme "All Crowns Fall" et ses changements de rythmes rondement menés, "O Thou Empty God" et ses riffs terribles (ainsi que ses ambiances occultes), ou encore "Vim Patior" et l’énormissime "Pure Pale Gold". Les autres plages de Greatest Of Deceivers ne sont pas en reste, et on remarquera encore "The Balances" qui se la joue pied au plancher avec des assauts frénétiques de trémolos, le plus travaillé "The Worm Is Crowned" qui atteint 7 minutes avec une nouvelle intervention de Garm en milieu de course, ainsi que "Mother of Abominations" avec un Cpt. au meilleur de sa forme.

Si "Rags Upon A Beggar" et le final "Dweller in the Abyss" qui se traîne un peu en longueur sont légèrement en dessous du reste, dans l’ensemble Greatest Of Deceivers est tout simplement un album impeccable de NIDINGR. Des riffs et trémolos en veux-tu en voilà, des blasts, des passages occultes, un chant atypique mais toujours bien adapté, tout ce qui fait le charme de NIDINGR est là et Greatest Of Deceivers est tout simplement le meilleur album du combo, avec des compos de premier choix de Teloch et Blargh. Je pense qu’avec ce groupe, on aime ou on déteste sans demi-mesure, mais si vous aimez le BM original n’hésitez pas à poser une oreille sur ce groupe sous peine de passer à côté de quelque chose d’intéressant, ce qui a d’ailleurs failli m’arriver. NIDINGR ne fait pas évoluer son style, mais nous livre un 3ème album bien couillu et efficace, avec des morceaux redoutables, et l’essentiel est là.


Rédigé par : ZeSnake | 15.5/20 | Nb de lectures : 13947