NE OBLIVISCARIS - Citadel (Season of Mist) - 04/12/2014 @ 07h39
La voilà enfin en chronique sur VS, la sensation australienne, la révélation du Metal extrême. Formé en 2003, NE OBLIVISCARIS avait remué l’Internet grâce à sa démo The Aurora Veil (2007), qui avait créé cinq ans plus tard une véritable émulation et un plébiscit rarement vu autour de leur premier album Portal Of I. Je me souviens encore des commentaires hystériques de fans sur des sites communautaires dont un qui disait « je tuerai la personne qui osera me déranger lors de ma première écoute de cet album ». Le monstre de Black/Death progressif qu’était cet album aura lancé en fanfare la carrière de NE OBLIVISCARIS, passé de Code666 à Season Of Mist pour Citadel, son second full-length ambitieux et à nouveau précédé d’une certaine effervescence, bien qu’elle reste surtout cantonnée au cercle de fans. Mais la quantité de likes facebook, le nombre d’écoutes sur les extraits Soundcloud et le succès actuel de cet album dans les charts australiens montrent bien que la formation de Melbourne est en train de réaliser quelque chose d’assez énorme, et de fédérer des amateurs qui crient au « chef d’œuvre » et à « l’album de l’année ». Citadel se pose donc déjà comme une des sorties Metal remarquables de 2014.

Voilà, maintenant que j’ai posé à peu près objectivement le contexte entourant ce second opus de NE OBLIVISCARIS, j’appelle donc les vrais fans à commander directement l’album si ce n’est pas déjà fait, de toute façon je pense que vous êtes déjà conquis et vous n’aurez plus besoin de moi, quoi que je puisse penser de l’album. Les autres ou les fans les plus courageux qui ne se laisseraient pas choquer par une note « sévère » (et encore, j’étais parti pour mettre bien moins à la base) et par quelques arguments assassins, je vous demande juste d’entendre mon modeste avis. Car au milieu de toutes ces louanges concernant NE OBLIVISCARIS, se pose mon incompréhension envers ce que je considère déjà comme une des formations les plus surestimées des années 2010. Non vraiment, je ne comprends pas, je ne peux pas. Etant intéressé par tout ce qui est catalogué « Metal extrême progressif », avec des curiosités comme des aspects techniques, modernes voire symphoniques, je me suis logiquement penché sur Portal Of I en son temps, surtout vu la kyrielle d’éloges qu’il a reçu en peu de temps. Et je me demande comment tant de monde a pu être époustouflé par un truc aussi bordélique, confus, mal foutu et mal produit. Une bouillie de Metal progressif, ni Black, ni Death, extrême plus dans son côté tape-à-l’œil que dans une certaine efficacité Metal. Portal Of I est un album qui me file mal au crâne, et c’est véridique. Je soufflais à chaque fois que se pointait un break atmo. Quand une batterie hyper claquante se retrouve surplombée par un enchevêtrement totalement incohérent et hors sujet de riffs techniques, de leads, de voix claires et extrêmes et de violons (qui sonnent mal en plus), le bordel est au rendez-vous. On a souvent l’impression que 3 groupes jouent en même temps, étalant des compositions et arrangements qui ne suivent aucune logique, si ce n’est celle d’en mettre plein la vue aux metalleux facilement impressionnables. Un énorme foutoir hyper répétitif et interminable (70 minutes !), étouffant et insupportable, voilà ce que j’ai retenu de Portal Of I, pour moi une des plus grandes arnaques metalliques des années 2010 en regard de sa réputation fulgurante. Messieurs, le talent, ce n’est pas juste balancer ses compos, c’est travailler l’ensemble pour qu’il soit digeste et cohérent, ce que cet album foutraque et prétentieux n’était absolument pas.

Autant dire que l’affaire était mal engagée concernant Citadel, que j’ai d’ailleurs profondément haï lors de ma première écoute en streaming sur VS même. Mais heureusement pour moi, pour mes oreilles et les vôtres, et pour les fans, réécouter Portal Of I avant Citadel a bien vite fait remonter ce dernier dans mon estime. Tout simplement parce que ce nouvel effort est bien plus digeste, varié et aéré que son prédécesseur. Ouf ! Mais ceci se fait tout de même à dessein, Citadel montrant un groupe qui est encore loin de son équilibre et de son firmament en termes de compos, d’inspiration et de son. Aussi le plébiscit pour ces deux premiers albums me semble disproportionné et le groupe australien est capable de bien mieux, et d’autres groupes ont eux fait bien mieux dès leurs débuts. C’est pour toutes ces raisons que je ne mettrai pas NE OBLIVISCARIS sur un piédestal, dussé-je être le seul à le faire dans la galaxie webzinale. Alors Citadel est un album bien plus atmosphérique que Portal Of I, travaillant ses ambiances et tempérant sa furie bordélique, distillant bien plus parcimonieusement ses assauts metalliques qui pourraient être jouissifs dans l’absolu. Mais de nombreux défauts subsistent. Déjà, l’aspect atmosphérique de Citadel se résume surtout à des parties orchestrales aux violons, violoncelles et pianos. Parties qui se retrouvent dans l’intro "Painters of the Tempest (Part I) : Wyrmholes", l’interlude "Painters of the Tempest (Part III) : Reveries from the Stained Glass Womb" (putain c’est long a réécrire) et l’outro "Devour Me, Colossus (Part II) : Contortions", et dans les nombreux breaks des 3 autres morceaux fleuves. Ce qui représente quand même, mis bout à bout, un gros tiers des 48 minutes de l’album et ça fait un peu beaucoup. Surtout que ces parties orchestrales sont loin d’être passionnantes, sont souvent longuettes voire interminables, et certaines sonorités de cordes sont même crispantes. Des groupes comme IN TORMENTATA QUIETE et THY CATAFALQUE ont fait nettement mieux au niveau des violons et bidules à corde. L’ensemble s’insère bien (sans passer du coq à l’âne ou balancer des breaks comme des cheveux sur la soupe) dans le concept en 3 parties de Citadel, rendant déjà l’album bien moins éprouvant à écouter que Portal Of I. Mais ces passages ne brillent ni par leur qualité, ni par leur intérêt, et rendent une bonne partie du disque assez ennuyeuse au final. Portal Of I était trop intense, celui-ci ne l’est pas assez. Bref, premier raté.

Intéressons-nous désormais à l’aspect purement Metal de Citadel, qui lui aussi va montrer que NE OBLIVISCARIS n’est pas encore franchement au point. Si la plupart des riffs proposés sont entraînants, les leads ou passages techniques convaincants sur la forme, l’ensemble est toujours aussi hésitant et mal goupillé. Un coup les rythmiques semblent être complètement en marge du reste, un coup les violons semblent suivre un schéma mélodique totalement distinct de ce qui est derrière ; la batterie est la plupart du temps hors-sujet, blastant au mauvais moment où étant plus subtile quand il n’y en a pas forcément besoin ; les parties de chant ne suivent souvent aucune logique, lignes de chant clair ne semblant pas correspondre avec la forme rythmique adjacente, et le chant extrême est balancé à des moments qui sont tout sauf cruciaux pour pareil exercice ; la basse est également mise en avant à des moments où ça ne semble pas forcément adéquat, style « on va mettre un passage de basse qui fait to-do do-dong ça fera trop techno-death »… Bref, une nouvelle fois, on a l’impression que deux ou trois groupes jouent en même temps, qu’il y a un chanteur clair qui n’a rien à faire là, que le chanteur extrême s’égosille dans le vide, que des violons se sont incrustés par magie dans le mix, que le batteur nous fait une démonstration pendant qu’un groupe de Metal progressif essaie vainement de poser ses compositions, avec un guitariste qui nous balance un solo sans crier gare… C’en est presque à se demander si le groupe a vraiment travaillé son sujet et n’a pas fait Citadel à la va-vite pour contenter ses fans qui trouveront ça génial de toute façon. Les 16 minutes de "Painters of the Tempest (Part II) : Triptych Lux" ne sont donc jamais loin du foutoir de Portal Of I, toutefois l’ensemble est relativement plus digeste (encore heureux) grâce à la composante plus aérée et mélodique. Reconnaissons aussi que la dernière partie de ce morceau, nommée "Movement III : Curator", est le moment fort de Citadel avec notamment une fabuleuse intro. Dommage que les balbutiements extrêmes qui suivent souffrent toujours de ce manque criant de cohérence, alors que certains riffs sont tout de même croustillants. C'est peut-être une question de ressenti, mais je ne ressens rien d'autre qu'un groupe mal coordonné qui tabasse dans le vide, même FLESHGOD APOCALYPSE a plus de maîtrise de son capharnaüm metallique. Voilà donc un nouveau raté à mettre au discrédit de NE OBLIVISCARIS.

Le troisième raté concernera des multiplies petits accrocs de fond et de forme qui vont finir de desservir l’ensemble, pour moi bien loin des chefs-d’œuvre que l’on chante. Tiens le chant justement : le chant extrême est anecdotique au possible, le chant clair loin d’être maîtrisé, il en devient parfois même assez niais. Ceci est conjugué à une production qui n’est pas forcément à la hauteur, sonnant même parfois datée sur certains points, comme certaines guitares rythmiques qui manquent cruellement de mordant. La batterie est tout de même bien moins synthétique que sur Portal Of I (ouf), ce qui hélas ne lui fait pas pour autant gagner des points au challenge du mixage et de la cohérence avec le reste. Le son de Portal Of I était trop puissant à tel point qu’il en devenait rébarbatif, celui de Citadel ne l’est pas assez et ne porte pas cet album souvent plat qui a du mal à décoller, faute d’intensité qui était l’apanage de Portal Of I, bien trop d’ailleurs. Oh, bonjour à vous les deux belles chaises ! Le cul des australiens va très bien se placer entre vous deux. Des australiens qui, à de nombreux moments, semblent encore bien proches de leurs influences, entre OPETH, BETWEEN THE BURIED AND ME, et une ribambelle de groupes de Metal prog’ et de Death technico-progressif (genre OBSCURA et l’école québécoise). "Pyrrhic" sonne donc très influencé dès ses premières secondes, et l’aspect légèrement bordélique toujours latent me fait penser que NE OBLIVISCARIS n’est pour l’instant que capable de pondre un melting-pot d’influences, avec des parties de violon plus ou moins (surtout moins) bien intégrées (et chiantes quand elles sont seules). "Devour Me, Colossus (Part I) : Blackholes" constitue alors 12 minutes assez vaines, plates et inintéressantes, de Metal progressif extrême qui ne s’en sort que grâce à quelques riffs sympa, de jolis moments d’ambiance, et un ensemble tout de même mieux mené et plus clair que Portal Of I et des précédents morceaux de l’album. Comme quoi il y a toujours quelque chose qui ne va pas. C’est bien maigre pour un groupe « sensationnel, unique et intense » qui récolte les commentaires élogieux à la pelle, alors qu’au final NE OBLIVISCARIS a encore beaucoup de choses à améliorer et à prouver pour être digne des plus grands. Les chefs-d’œuvre qu’on me promet, désolé mais je le cherche encore, un chef d’œuvre est censé représenter un aboutissement, ce que ni Portal Of I ni Citadel ne sont.

Voilà, je pense que j’ai fait le tour des arguments qui me font dire que NE OBLIVISCARIS n’est pas le « phénomène » qu’on nous présente à tout bout de champ. Tout au plus un groupe qui a certaines qualités, de l’inventivité certes, une certaine richesse même, mais qui à mon avis se contente de bien peu et en est tout juste aux premiers stades de son évolution, sur le fond et sur la forme. Après deux albums qui pourtant font presque l’unanimité, dont ce Citadel chez Season of Mist (qui a pris pour habitude de nos dénicher quelques perles, mais pour le coup, il a pour moi cédé trop facilement au plébiscit disproportionné d’une bonne frange d’internautes…), NE OBLIVISCARIS a donc d’importants stades d’amélioration à creuser pour devenir véritablement hénaurme. Je pourrais encore repasser des heures à relister les défauts du groupe australien, à chercher des groupes actuels qui font bien mieux dans un style similaire (en plus de THY CATAFALQUE et IN TORMENTATA QUIETE cités plus haut, je pourrais aussi vous parler de PERSEFONE dans un style plus approchant qui a certes plus d’expérience désormais mais rien que son deuxième album, Core, enfonce largement cet autre « deuxième album » qu’est Citadel), mais pour moi le mal est fait, NE OBLIVISCARIS n’est pas encore un groupe exceptionnel. Inutile de me sortir le refrain « t’as pas compris », « t’as pas assez creusé » voire pire « #takafairemieux », mon avis est arrêté sur ma propre analyse avec mes propres critères et il a peu de chances de changer, sauf si le groupe s’améliore drastiquement par la suite, et il en la possibilité, sincèrement. Citadel a au moins le mérite d’être bien plus supportable que Portal Of I, de proposer quelques bonnes choses, pour un album qui dans sa globalité ne m’apparaît que juste correct, plombé par les excentricités du groupe qui s’emballe trop facilement sur les parties extrêmes, et qui n’est pas en réussite sur les parties orchestrales peu passionnantes, même si cet album conceptualisé a le mérite d’être plutôt bien mené, surtout après l’horrible Portal Of I. Mais en l’état, NE OBLIVISCARIS reste de mon avis un groupe de Metal extrême progressif moyen qui ne maîtrise pas son sujet et dont ses premiers efforts sont largement surestimés, au risque de choquer définitivement ses fans (hé, si vous me lisez encore, je vous avais prévenus !).




Rédigé par : ZeSnake | 12/20 | Nb de lectures : 12381




Auteur
Commentaire
Clitorine
IP:195.132.199.142
Invité
Posté le: 04/12/2014 à 10h57 - (115045)
Bon, je me laisserai tout de même tenter, grâce à la pochette qui éveille en moi un certain nombre de trucs chelouds.

Deadheads
Membre enregistré
Posté le: 04/12/2014 à 11h23 - (115046)
Une musique à écouter attentivement, à ingurgiter, à digérer et enfin à apprécier, ou pas...

Pour ma part un chef-d'oeuvre, un disque totalement hors norme en terme de créativité et d'émotions (comme son prédécesseur) pour peu que l'on adhère et en faisant fi de certaines appréciations intrinsèques... Ne Oblivscaris est une musique qui marche avant tout au feeling c'est indéniable !

@ZeSnake : pas de soucis chef, ton avis est parfaitement clair et argumenté quant à ton ressenti sur le disque, maintenant je ne suis pas vraiment d'accord sur le côté surestimé, le groupe a un succès quand même très limité pour le moment dans nos contrées et la plupart des personnes avec qui j'en ai discuté partagent à peu près ton point de vue. Comme quoi ! ;)



AKHII
Membre enregistré
Posté le: 04/12/2014 à 23h05 - (115055)
ça a l'air très chouette ça, assez riche comme musique en effet il va falloir pas mal d'écoute.

Jaymz88
IP:109.18.168.209
Invité
Posté le: 05/12/2014 à 01h46 - (115058)
Je trouve ça plutôt pas mauvais comme album même si les parties de chant claire sont complétement bidons à mon goût.
Pas certains que c'était nécessaire d'écrire autant pour justifier la note, l'appréciation d'un album étant purement subjectif, ça se comprends qu'on puisse ne pas aimer un groupe et un disque (même si j'ai l'impression que le dégoût du groupe est renforcer par l'engouement qu'on peut voir autour de ce dernier).

Elendil
IP:88.165.119.65
Invité
Posté le: 05/12/2014 à 21h25 - (115072)
Vraiment bof, ça vaut pas Be'lakor

mydrin
Membre enregistré
Posté le: 07/12/2014 à 15h36 - (115091)
perso j'aime bien ce nouveau cd. Ce groupe n'est pas du tout "surestimé", le groupe n'est pas très connu non plus.

dani666
IP:80.9.153.112
Invité
Posté le: 09/12/2014 à 01h26 - (115103)
SAns la voix claire cela aurait été parfait !

ce que j'en dis aussi
IP:82.229.167.171
Invité
Posté le: 26/02/2015 à 21h01 - (115881)
Arrêtez les vois claires les gars !!!!
Sinon, continuez, y a des putains de riffs, c'est très bien travaillé !! Je vous vois cet été au Motocultor


ce que j'en dis aussi
IP:82.229.167.171
Invité
Posté le: 26/02/2015 à 21h02 - (115882)
les "voix claires", pardon !
Vous avez intérêt à envoyer du bois sur scène !!!

Erk
IP:83.200.243.239
Invité
Posté le: 26/08/2015 à 16h57 - (117641)
Les voix claires, on dirait de la K POP !

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