N’allez pas croire que je n’aime pas chroniquer les rééditions mais depuis la sortie en 2002 de « Truth Beyond… », je commençais à me lasser de revenir toujours sur les précédents opus de NEURAXIS, à l’occasion de ressorties européennes ou québécoises. L’envie de nouvelles munitions ne se faisait que trop ressentir à chaque fois que je devais m’exprimer sur les premiers albums de nos fringants Québécois.

C’est vrai qu’ils ont bien pris leur temps nos cinq compères et pourtant les trois ans qui nous séparent de « Truth Beyond… » n’ont pas été de tout repos. Bien entendu, il y a eu les projets parallèles comme THORN WITHIN, URBAN ALIENS ou HANDS OF DEATH, pour les plus connus. Ensuite plusieurs tournées les ont vus écumer le Nord américain mais également l’Europe avec une série de date en 2003. Ajoutez à tout ça des changements de batteur à répétition et vous arrivez début 2005.

Hé oui, l’attente nous a paru longue mais NEURAXIS a mis ces années à profit pour nous revenir plus en forme que jamais avec un quatrième album, j’ai nommé « Trilateral Progression ».

C’est l’occasion de nous délecter de ce brutal death technique que NEURAXIS nous prodigue depuis, maintenant, une bonne décennie. Si le groupe confirme la maîtrise qu’il a du style, son alchimie musicale n’a pas beaucoup changée depuis « Truth Beyond… ». Le métal de NEURAXIS s’articule toujours autour d’une paire de gratteux bien inspirés et versés dans l’art de trouver des riffs qui procurent des petits picotements du côté de l’épine dorsale. On ajoute, derrière, une section rythmique affublée d’un batteur né sous le signe du marteau-piqueur ascendant mitrailleuse lourde, un chanteur qui prend des boulons de 12 en guise de céréales et ça nous donne NEURAXIS.

Plus sérieusement « Trilateral Progression » nous propose néanmoins quelques aspects un peu nouveaux du gang. Avec ce nouveau disque, NEURAXIS insiste un peu plus sur l’aspect mélodique des six cordes sans perdre, pour autant, la barbarie qui animait leurs jeunes années. Les trames comme les riffs sont toujours aussi inventifs avec ce petit côté suédois qu’on leur connaît bien mais les accalmies sont un peu plus nombreuses et surtout mieux amenées que dans le passé. Ian Campbell n’essaye plus de varier son chant à l’extrême comme il le faisait auparavant. Oh, bien entendu, ce bon vieux Ian n’a rien perdu de son puissant growl néandertalien, de même qu’il ne rechigne pas à nous balancer quelques braillements dont il a le secret (voir le détail de son petit-déjeuner quelques lignes plus haut). Mais c’est un peu comme si NEURAXIS avait acquis une puissance sereine avec le temps. Après tout, quoi de plus normal quand les zicos d’un groupe ont dépassé allégrement la trentaine, qu’ils ont bouffé autant de kilomètres dans des vans plus ou moins pourris et qu’ils ont versé quelques hectolitres de sueur sous les spots. L’expérience porte inévitablement ses fruits. NEURAXIS n’a plus à faire ses preuves et « Trilateral Progression » met en avant un groupe qui a trouvé son identité, son équilibre entre la sauvagerie des blasts et la finesse des mélodies. Les fans de la première heure regretteront peut-être la spontanéité et la pure démence des précédents opus mais qu’ils se rassurent, le grain de folie et surtout l’envie, sont toujours là…

Avec l’indispensable Yannick St-Amand à la prise de son, Jason Suecof (CARPHARNAUM) au mixage et Scott Hull (PIG DESTROYER) au mastering, je ne crois qu’il faille m’étaler sur la production que vous allez vous prendre derrière les oreilles.

Un disque tout en finesse et pourtant, doté d’une férocité imparable.



Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 14552