Dans la série « Ah ! ouais ça va loin là… », j’ai reçu le premier album de Netra, projet français qui a deux démos à son actif. Il s’agit encore d’un one man band mais attention, même si on est loin de la joie de vivre, on n’est pas non plus dans le dépressif typique avec ses riffs hypnotiques. Netra se rapproche plus volontiers d’un Amesoeurs voire de ce qu’a pu proposer Pensées Nocturnes sur "Vacuum" mais en exagérant beaucoup et avec quatre grammes dans le sang.

Attention aux mélanges, cela peut être fatal pour votre foie ! Netra tiraille sa musique entre d’une part un Black dépressif pleuré par des hurlements plaintifs, d’autre part un Trip-Hop tendant vers l’Electro Ambient et enfin côté Blues/Jazz qui laisse s’envoler des volutes de fumée. Ne me regardez pas comme ça ! Si, si je vous jure… Netra nous embarque dans une déambulation nocturne où vont alterner les sonorités froides et désabusées de ces nappes urbaines avec le désespoir illustré par des accords plaqués et les cris de désespoir. Mais ce noctambulisme est aussi enluminé par quelques effluves de rythmiques obsédantes puisées dans la New-Wave.

La grande réussite de l’album est que nous sommes positivement plongés dans cette nuit urbaine où des réverbères blafards se reflètent sur l’asphalte. Musicalement en revanche la réussite se montre moins probante et particulièrement tout ce qui a trait au Metal. Le coup des accords plaqués n’est pas forcément judicieux surtout que ces derniers font preuve de bien peu d’inspiration. D’autre part, l’ensemble s’apparente plus à un patchwork laissant l’auditeur dubitatif devant ce terrain vague. De plus, les parties Trip-Hop ne rattrapent malheureusement pas les parties Metal. A l’aube, le noctambule désespéré n’aura pas retenu grand-chose de son vagabondage urbain.

Mais parfois cela peut être beau une ville la nuit ! On rencontre tout de même quelques instants sympathiques. Comme par exemple l’interlude "Terrain Vague" qui avec sa boucle de contre-basse hypnotique et son clavier analogique qui rappellera les débuts d’un Cypress Hill ou le genre de samples Jazzys pondus par Da Beatminerz sur le mythique premier album de Black Moon. Dans un autre genre, "Outside… Alone" nous la joue long développement atmosphérique et ambient. Ça démarre comme un Blues lancinant tout droit échappé d’un film de Lynch pour s’échouer dans un Black Ambient bourdonnant où pour une fois, les lignes mélodiques bien que classiques vont éveiller notre intérêt. Le dernier titre montre lui aussi un visage plus marquant avec son piano lourd et minimaliste seulement rehaussé par la voix qui pleure, chuchote et hurle. Autre motif de satisfaction, la voix claire s’avère tout à fait écoutable lorsqu’elle apparaît.

Il est indéniable qu’il y a une idée, une ambiance malheureusement la mise en forme montre des ratés. La majorité des passages Black sont à la fois classiques et peu inspirés. De même, j’ai écouté meilleur Trip-Hop dans ma vie. Reste cette ambiance palpable qui sauve vraiment cette première œuvre de l’indifférence. Vraiment dommage… Certes, une vraie singularité pour l’instant trop brouillonne pour vraiment nous passionner. Je suis quand même curieux de savoir comment ce projet va évoluer et si le maître d’œuvre réussira à canaliser et à unifier l’ensemble de ses influences.




Rédigé par : Dark Rabbit | 9,5/20 | Nb de lectures : 13780