Il n’y a qu’en France pour voir débarquer un groupe comme Nemost car même si on n’a pas de pétrole ou de scènes homogènes comme purent l’être le Thrash de la Bay, le Death floridien ou le suédois, depuis quelques temps maintenant, on a un beau paquet de combos bien iconoclastes qui apportent une touche foncièrement singulière quel que soit le style pratiqué.
Ce jeune combo francilien ne déroge pas à la règle en nous proposant leur toute première sortie. Même si les aboyeurs publics ont tendance à présenter le bébé comme du Doom/Death progressif, je reste sceptique et surtout j’y vois un objet bien plus complexe à l’arrivée.

Effectivement, un caractère progressif pointe le bout de son nez dès l’intro via un instru acoustique typé flamenco et dès le premier titre aux effluves orientales. D’ailleurs, on retrouvera à plusieurs reprises cet aspect acoustique tout au long de ces 36 minutes avec à la clef un titre uniquement instrumental. De même, le quatrième titre intitulé "Whisper" se présente comme un tour de montagnes russes de près de huit minutes. L’auditeur se fait chahuter entre Rock/Metal, explosions chaotiques, soli mélodiques et crescendo final fondu dans le plomb. Tout Nemost est résumé sur ce titre. A l’instar du chanteur, dont la palette navigue entre un growl proche d’Amon Amarth à un chant éraillé très Rock et dont certaines intonations sont quasiment Grunge mais qui rappelle surtout Sentenced.

Le nom est lâché ! J’ai beaucoup pensé à Sentenced surtout que l’album est imprégné tout du long d’une bonne dose de mélancolie. Comme Sentenced, Nemost reste mélodique de bout en bout et n’hésite pas malgré le petit côté Prog à composer des couplets et des refrains. En fait, imaginez un Sentenced qui flirterait plus franchement avec le Death. Il faut reconnaître qu’à l’écoute c’est assez unique et l’œuvre en dépit de tous ces mélanges reste fluide et relativement cohérente. Il s’agit déjà d’un joli tour de force car il n’est pas évident de faire cohabiter Doom/Death, refrain Mélodeath, trémolos limite Black, Rock/Metal «gentillet », passages acoustiques, break Hard-Rock, riffs rythmiques modernes voire même un passage bien païen que ne renierait pas Primordial.

Malheureusement, ce bel édifice singulier est assombri par quelques fissures apparaissant sur les fondations. La situation actuelle du monde musical impose de sortir un album sinon rien mais je pense qu’il aurait été profitable au combo d’affiner sa musique avant de présenter une œuvre finie. Certes, un vent de fraîcheur souffle sur la galette, mais on tombe aussi sur quelques erreurs de jeunesse au niveau de la mise en place voire même un petit problème de fluidité lors des soli. Ca sonne un tantinet scolaire et maladroit.
De même, il n’est pas rare de trouver certaines structures ou lignes mélodiques un brin naïves.
Sur ce modèle, le chanteur veut tellement bien faire qu’il a tendance à en faire des caisses. Les lignes de chant sont surjouées et particulièrement lorsque vient le moment de faire pleurer dans les chaumières lors de ces accalmies proches de la ballade Rock.
C’est là tout le problème, on m’aurait présenté ça comme une démo, j’aurais été dithyrambique mais en tant qu’aboutissement "The Shadow’s Trail" expose bien trop de défauts pour pouvoir échapper à la critique.

Mais alors pourquoi cette note vilain lapin ? Me demanderez-vous. Non pas que j’aie reçu un gros chèque de la part du groupe, mais il apparaît malgré les défauts que Nemost dévoile outre un certain talent mélodique, une personnalité dont l’expression se traduit par une identité singulière et originale. Avec un poil plus d’expérience et de finitions, il n’est pas impossible que Nemost explose vraiment dans le monde du Metal. Une affaire à suivre…


Rédigé par : Dark Rabbit | 12/20 | Nb de lectures : 12802