NEHËMAH - Requiem Tenebrae (Oaken Shield/Adipocere) - 26/09/2004 @ 18h58
Quelles que soient les réserves qu'on puisse émettre quant au parcours du black metal à la Darkthrone depuis Darkthrone, on ne pourra pas reprocher à Nehëmah d'avoir contribué à fossiliser le style, leurs trois albums étant tout sauf interchangeables. Ceux qui ont célébré la (re-)naissance de Nehëmah à l'occasion d'un “Light of a Dead Star” classique et engagé auront peut-être ressenti une certaine surprise à voir son proche successeur, “Shadows from the Past...”, présenter un profil de macchabée avant l'heure, rongé par l'acide d'une guitare malingre aux accords faisandés. Et ceux qui ont le plus goûté le makeover (une métamorphose très “light”, quand même) seront aujourd'hui aux premières loges pour constater que le Nehëmah 2004 a repris des bourrelets au-dessus de la ceinture, à cause, entre autres, d'un appétit de mélodies revenu dans une fourchette “normale”. Mathrien-D (Himinbjorg), qui a succédé à Ludovic Tournier derrière la console, a accédé à la volonté de groupe de quitter sa caverne de vices et de pourrissement pour redevenir une machine d'assaut. “The Great Old Ones”, qui lance les premiers fers brûlants, se charge vite d'étouffer les doutes à ce sujet. Nehëmah semblent avoir besoin de frapper très vite et très fort, histoire d'imprimer un sceau sans équivoque: blasts joufflus, tranchants de guitares sans atermoiement dans les descentes de notes, grunts de Corven redevenus le véhicule d'une haine directe, capable de concrétiser la rancoeur enchaînée de “Shadows from the Past...” en meurtre de sang froid. L'efficacité le dispute à l'authenticité, et on signerait des deux pieds pour que l'album dans son entier épouse la fermeté et la conséquence affichées ici. C'est encore le cas pendant quelques minutes et puis, à l'approche de la partie médiane, Nehëmah lèvent le pied sans trop prévenir pour s'engager dans une suite de titres lancinants, peu commodes à apprivoiser. Il ne s'agit pas de marches funèbres à la présence incantatoire évidente, comme pouvait l'être “Nehëmah in Vulva Infernum” sur le premier album, mais plutôt de lents glissements de terrain qui s'attachent, par une alchimie de monorhytmie obsessionnelle et de brumes atmosphériques adroitement jetées, à faire progressivement perdre pied. La durée et le côté inexorable de ces parties peut agacer lors d'une prise de contact, mais on comprend vite qu'en faisant ce choix, Nehëmah ont maîtrisé de bout en bout le pari de téléporter la blitzkrieg initiale dans une seringue distillant avec patience et méthode un virus pernicieux dont les effets ne sont pas moins désastreux qu'un raid au napalm. Et si l'on remonte par paliers vers des tempos de plus en plus enlevés en fin d'album, on reste marqué par ce “marais” nauséeux qui domine le coeur de l'album. On peut presque partir du principe que les chroniques franchement élogieuses seront une denrée rare, “Requiem Tenebrae” réclamant davantage que le nombre d'écoutes syndicales du journaliste affairé pour se découvrir sous tous ses masques – une raison parmi d'autres du décalage honteux de cet article avec la sortie officielle. En effet on peut le dire, le temps passé sur l'album joue incontestablement en sa faveur – la forte accoutumance à terme qu'il provoque, par opposition à la mise en route hâchée des premières écoutes, ne doit pas être passée sous silence au moment de le recommander à autrui. En bon album suggestif qu'il est, “Requiem Tenebrae” commence vraiment à s'épanouir lorsque l'auditeur arrive à dépasser le statut de réceptacle passif pour s'accrocher, lui et son ressenti instinctif, à la main glaciale et osseuse que lui tend la musique, quitte à laisser traîner des bouts de raison en cours de route. Apprécier cet album est donc un processus de convergence: il faut aller vers la musique tout en la laissant venir à soi. En noir et contre tous, Nehëmah se tirent de leur première trilogie avec la queue et les oreilles, et on ne peut que leur souhaiter de continuer à bâtir sur ces bonnes fondations avec le soutien de leurs fans et en dépit de leurs détracteurs – ou plutôt grâce à eux car, qu'on se le dise, les groupes sans détracteurs sont, à 99%, des groupes dont tout le monde se fout...

http://www.nehemah.org - 470 visite(s)


Rédigé par : Uriel | 16/20 | Nb de lectures : 10706




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Commentaire
sakrifiss
Membre enregistré
Posté le: 27/09/2004 à 16h49 - (10590)
Pour moi c'est surement l'album de l'annee. Les morceaux sont monstrueux et on se le repasse en boucle. Simples, efficaces, melodies venues du fond de l'ame qui se repercutent en nous par tous les pores. Un monde singulier qu'on ne peut plus quitter si on le penetre.



metalliron
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2005 à 13h35 - (14595)
Ya pas a chi** c une tuerie. Ca fait longtemps que je l'attendais un album sombre, puissant, ambiant,....! Ya qu'un mot ca TUE tout!
Vive NEHEMAH



brutal homosapien
Membre enregistré
Posté le: 17/05/2005 à 19h50 - (15722)
un putain dalbum !
good chronique



Transilvanian
Invité
Posté le: 29/11/2005 à 17h53 - (21650)
Le meilleur groupe français de tout les temps (les mots sont lachés!!)
Ouaip...aussi bon que light of... apres un shadows vraiment moins bon.
Supers riffs, supers ambiances bien sombre (un des groupe qui fait le mieux passé ce ge,re d'ambiance justement).
Vivement le prochain.

frokost metal
Invité
Posté le: 03/04/2006 à 09h51 - (26758)
ultime....

I-brid
Invité
Posté le: 01/07/2006 à 16h40 - (30344)
Je n'aurais jamais pensé qu'un groupe français pourait me mettre une baffe pareil! Ce groupe est définitivement énorme!!!!

Dun4n
IP:92.148.188.16
Invité
Posté le: 31/12/2011 à 13h30 - (99525)
Putain j'avais oublié à quel point les chros d'Uriel sont illisibles : connais tu le terme paragraphe, bordel ?

On apprend ça en CE1

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