Les tchèques de Negligent Collateral Collapse font véritablement figure d'extra-terrestres sur leur scène nationale. Alors que tous leurs comparses en brutalité (et ils sont nombreux dans ces coins là!) s'obstinent à détailler dans leur lyrics des eviscérations en masse dans des maisons de retraite pour anciens cadres de la SNCF ou bien des explorations anales sur des chiens errants qui regretteront d'avoir fouillé des poubelles de grindeux, ces trois déjantés ont tout bonnement décidé de nous offrir le premier disque de grind/gore réservé aux scientifiques. Et par "scientifiques", ils précisent bien qu'ils ne s'adressent exclusivement qu'à ceux de la NASA. Donc, ami lecteur, si tu n'es qu'un piètre chercheur débutant en micro-chirurgie intra-moléculaire de l'anus porcin au CNRS, sache que tu n'as pas encore atteint le niveau suffisant pour comprendre ce disque. J'ai donc pris quelques cours du soir à la fac de physique et ma sublimissime thèse de fin d'études portera sur les effets de la propagation du grindcore à travers les trous noirs et sa répercussion sur les dérèglements de l'espace-temps consécutifs à l'injection d'une telle dose de brutalité dans les oreilles des autochtones des planètes contigües à Alpha Sphinctera et Proxima du Scrotum. Ne croyez pourtant pas que ce disque constitue, comme c'est trop souvent le cas, une apologie du n'importe-quoi et une idolâtrie du bordel organisé façon "surprise-partie au 57° étage du world trade center". Cet album est capable de se poser en standard du genre et de faire la leçon à bon nombre de serial-killers sonores sévissant sur la scène extrème.
Les 23 titres (en 33 minutes) sont pour chacun d'entre eux un petit bijou grinçant et dérangeant renfermant à chaque fois une idée lumineuse, un passage inédit, un effet boeuf qui fait sourciller ou un break bien délirant. En général, ce genre de production souffre souvent d'un son abominable mais ici, on atteint aisément le haut du panier du genre. Les guitares sont terriblement puissantes et agissent tel un rouleau-compresseur conduit par George Bush dans un poulailler afghan bien garni. L'alien figurant sur la pochette témoignera certainement des innommables souffrances qu'il a enduré. Le batteur, véritable métronome stakhanoviste, qui a eu au passage la bonne idée de ne pas se faire remplacer par une machine, reste dans des limites de vitesse acceptables et les passages mid-tempo sont bien plus nombreux qu'à l'accoutumée. Il va de soi que les vocalises gore rebuteront les non-initiés restés sur terre mais l'adjonction de vocaux additionnels plus "woodywoodpeckeriens" rendent ce carnage beaucoup plus supportable. Jetez une oreille sur "something is collapsed in my analbase" et vous trouverez même un feeling très rock n'roll. L'autre oreille pourra utilement servir à l'écoute de brulôts commme "on the return trip home" ou "new generation of neutrino / experiments begins" qui vous décaperont les méninges sans grande difficulté. J'ai réellement apprécié le travail de composition sans faille sur cet album ainsi que la production très propre qui mérite aisément quelques décibels supplémentaires sur la chaîne hi-fi de Mamy Claudine lors du sempiternel et interminable repas en famille du dimanche. Les productions grind de qualité estampillées 2002 ont été relativement peu nombreuses et ce disque sera certainement celui qui aura ma préférence pour toute l'année. Il paraît que le bruit ne se répand pas dans l'espace mais je suis certain que la diffusion de ces quelques pièces de bon vacarme terrestre dans le cosmos risque d'avoir des effets irréversibles sur la trajectoire des comètes ou l'orbite des planètes. La voie lactée a sérieusement intérêt à surveiller ses mamelles...


Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 10000