Faut pas déconner avec le Thrash. Le Thrash, il a ses règles que si tu les suis pas, ben c'est plus du Thrash. Le Thrash, ça se respecte, ça se mérite, ça se bichonne comme tes vieux patches de DARK ANGEL brodés au fil d'argent. Les Slovènes de NEGLIGENCE l'ont bien compris, et ce n'est certainement pas un hasard si un label comme Metal Blade s'est intéressé à eux, au point de sortir leur deuxième album, « Coordinates Of Confusion ».

Autant le dire tout de suite, tout ce que vous entendrez sur cet album, vous l'aurez déjà entendu auparavant, pour peu que vous soyez amateur de Thrash et que vous ayez jeté une oreille à ce qui s'est fait aux États-Unis dans les années 80-90. L'intérêt de NEGLIGENCE n'est donc pas la nouveauté, mais plutôt la préservation d'une tradition et d'un savoir-faire, jusque dans la production (faite à la maison) qui reprend ce son chaud et rond qu'avaient beaucoup de disques de cette époque. Immédiatement, les noms de TESTAMENT ou ANTHRAX viennent à l'esprit pour décrire le metal viril et mélodique du groupe. Ce ne sont pas les seules références que vous trouverez dans les dix morceaux de l'album, mais disons qu'ils résument assez bien l'atmosphère qui s'en dégage.

Constitué en majeure partie de titres rapides, montrant un goût prononcé pour les allers-retours hetfieldiens, « Coordinates Of Confusion » met également très largement en avant le chant, mélange du timbre rocailleux de Chuck Billy (TESTAMENT) et de celui, plus lyrique, de Joey Belladonna (ANTHRAX). Aucune surprise dans les lignes vocales non plus, qui reprennent les caractéristiques des deux frontmen. Les spécialistes du genre avanceront en terrain connu, peut-être trop d'ailleurs, les autres découvriront un album très bien fait, constitué de morceaux dynamiques contenant des plans de batterie réjouissants, de bons solos et des rythmiques de guitares qui vous donneront une nouvelle fois envie de hurler votre amour et votre entière dévotion pour l'inventeur de la guitare électrique.

On pourrait penser que NEGLIGENCE joue la sécurité en restant aussi proche de ce que faisaient les groupes de l'époque, et c'est peut-être le cas, mais je pencherais plutôt pour une passion entière et totale pour ce style (cf. le premier album du groupe, “Options Of A Trapped Mind”, composé à l'identique) qui malheureusement, aussi louable soit-elle, ne les conduit pour l'instant qu'à faire une bonne reproduction. Il faut avouer qu'après de nombreuses écoutes, on finit par oublier un peu cet aspect « copie » pour apprécier les morceaux pour ce qu'ils sont, mais Papy Grincheux n'est jamais loin et ne demande qu'à refaire surface pour râler sur les lignes de chant qui semblent les mêmes d'un bout à l'autre du disque, sur certains riffs similaires ou sur un léger manque de hargne qui donne un rendu tout de même assez gentillet même aux morceaux les plus rapides.

Malgré tout, on peut relever quelques morceaux comme le titre d'ouverture « Mind Decay » ou encore « Disharmony », voire « Shark Attack » qu'on croirait extrait de « State Of Euphoria », qui pourraient bien devenir des classiques si le groupe tient assez longtemps pour ça. C'est encore une fois avec un avis mitigé que la plupart d'entre nous ressortiront de l'écoute de cet album, comme c'est souvent le cas malheureusement avec ces jeunes groupes adorateurs de Thrash à l'ancienne. On balance entre la joie d'entendre ces vieux riffs, ces chants anachroniques (mais toujours aussi bons), ces productions vintage (très bonne en ce qui concerne NEGLIGENCE) et la déception de ne finalement avoir qu'une copie plus ou moins bien exécutée de groupes dont nous avons usés les K7 ou vinyles.


Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 12964