Neetzach est un projet norvégien qui nous vient de Stavanger, sur la côte méridionale. J'imagine que vous vous souvenez parfaitement de la démo "Pinseltronen" parue en 1995. Non? Ca tombe bien ANP Records vient de la rééditer, ce qui est un moyen de découvrir la faible activité du one-man band à l'époque. En 2005, Gidim Xul (on ne rit pas), unique membre survivant, s'est adjoint les services de Vrangsinn (Carpathian Forest, Secht, World Destroyer, Hatepulse, etc) et Dirge Rep (la moitié des grosses locomotives norvégiennes, à peu de choses près, Secht) pour concocter ce premier album. Hormis Dirge Rep qui se retrouve seul à taper les fûts, tout le monde y va de sa partie de gratte, de basse ou de vocalises sucrées/salées. C'est la fête au village en l'honneur de notre Seigneur et Maître, comme l'indique le titre sans équivoque aucune.

Neetzach est tombé dans le true quand il était petit. Le groupe s'avère très très standard, jouant des rythmiques à trois notes en trémolo sur fond de pouca pouca. Nous avons hélas fait le tour des points positifs, le reste étant du simple packaging "Satan m'habite". Dirge Rep confirme les craintes que sous-entendait ses prestations live cataclysmiques. Le batteur est à côté de la plaque. S'il est régulier sur les blasts lents, les parties les plus rapides sont un peu à l'ouest. Le plus ridicule reste ses breaks et divers roulements qui démontrent étonnamment une inventivité quasi nulle et une mise en place hasardeuse. Le reste du groupe étant satisfait de ses services, cela fait un peu peur sur le niveau de l'ensemble, et les pains dans l'exécution des simplissimes parties de guitare ne sont guère rassurants. Seules les voix, convaincantes et engagées, permettent de savoir qu'il ne s'agit pas d'un groupe de lycée. L'extrait dispo, basé sur un morceau mid-tempo ne permet pas de se rendre compte de ce point.

Vous trouvez mon réquisitoire sévère? Hélas, il est réaliste et Neetzach est représentatif d'une majeure partie de la scène true. Là où quelques groupes essaient de faire cohabiter un état d'esprit et une musique old school bien exécutée, de créer un joyeux bordel communicatif et émotionnellement accrocheur, nombreux sont ceux qui plagient sans aucune rigueur, sous couvert d'une attitude maintenant galvaudée. Je profite de cette kronik d'un album de true, pas forcément le pire (j'ai encore "Secht" en magasin) mais certainement pas le meilleur, pour vous livrer le fond de ma pensée sur cette scène qu'on me reproche fréquemment de ne pas apprécier.

Séquence pétage de plombs
L'attitude truiste a ses limites qui sont le respect de l'auditeur et de l'argent qu'il dépense (ou alors il ne faut pas pleurer du téléchargement intensif). Ceux qui comme moi défendent que le BM est un art musical espèreront toujours que les détracteurs de la scène ne tomberont pas sur ce genre d'album. Ceux qui pensent que le BM est un concept bruitiste, un état d'esprit rebelle pourront par contre apprécier cette sortie. Mais s'il s'agit de hurler Satan maquillé comme un Kiss et jouer comme une carpette des compositions inintéressantes, autant faire du théâtre. Avec tout le respect que je peux avoir pour l'auditeur potentiel de Neetzach, il se fourvoie à écouter des albums d'une telle pauvreté musicale et d'une exécution aussi sommaire. Il se fourvoie potentiellement à écouter de la musique puisque c'est (ce sont) le message/l'esthétique/les corps chétifs ou musclés qui l'attire(nt). Je lui conseille plutôt d'aller à la blibliothèque/la galerie d'art/le hammam du coin pour assouvir ses pulsions émotionnelles. Etre rock'n'roll n'a jamais signifié se vautrer dans la facilité pour autant et surtout pas jouer comme une vache dès que ça accélère un peu. Je termine en parallèle de cette kro celle de Spite Extreme Wing qui a enregistré en deux jours un album ultra rock et carré. Ca groove et c'est techniquement irréprochable, là je dis un grand "oui". A ce Neetzach, je préfère cent fois le mini de Elite "Bekmørkt", enregistré dans des conditions live et qui, sans être irréprochable, apporte l'ambiance en restant décent. Le problème ne vient pas du style "true" mais du foutage de gueule orchestré autour du genre. Je propose un débat sur le forum à ceux qui veulent en parler.
Fin du pétage de plombs

Pour conclure, Neetzach propose hélas l'album type qu'on a déjà entendu des centaines de fois. Visuel standard, zéro idée et une exécution digne d'un groupe débutant. A conseiller aux mordus du genre, si je n'ai pas réussi à les convaincre d'aller au hammam. Je vais me remettre le dernier Merrimack pour ma part, joyau bien plus éclatant de noirceur que quantité de sorties.


Rédigé par : Prince de Lu | 07,5/20 | Nb de lectures : 12594