C'est donc chez Stephen King que ce groupe tchèque a trouvé son nom; NEEDFUL THINGS – "Le Bazaar de l'Epouvante" en VF – démoule un premier stuff fort agréable mais un tantinet convenu. Un énième groupe tchèque? Oui et non... Malgré un goût prononcé pour un classicisme flagrant, NEEDFUL THINGS parvient à se hisser au-dessus du lot tchèque qui –reconnaissons-le – commence à piétiner et sentir la noisette. "Dead Point" fait en quelque sorte partie du flot incessant de CD qui lavent plus blanc que blanc.... Mais celui-ci lave blanc clair quand même.

Rien qu'en prononçant les mots "Grind" et "Tchèque" on est en mesure de savoir ce qui nous pend au pif... d'autant plus que NEEDFUL THINGS répond à tous les critères du terroir tchèque. Leur musique s'ancre donc dans la plus pure tradition de cette contrée devenue au fil des ans la mère patrie du Grind Core actuel. Du blast, du grunt des cavernes et des riffs massifs aussi lourds et bourrus que les calembours de Tonton-les-doigts-de-fée (C'est l'hôpital qui se fout de la charité! hurle-t-il au loin...) Le moins que l'on puisse dire c'est qu'à l'instar de BIRDFLESH, NEEDFUL THINGS fera se tortiller plus d'un fessard avec ses quinze titres hargneux et bouffis. On songe souvent à une mixture entre HAEMORRHAGE et ROTTEN SOUND / THE ARSON PROJECT teintée de MINCING FURY AND GUTTURAL CLAMOUR OF QUEER DECAY le tout enrobé de plans à la PLASTIC GRAVE. C'est un fait, ce groupe ne pète pas dans la soie et envoie la sauce sans guimauve ni pignolades futiles. Brutal et massif et quelques grumeaux à la JIG-AI sautillent ici et là.

"Dead Point" file à fond les ballons et l'on n'a pas le temps de compter les mouches. Une musique viscérale et prenante qui est recouverte d'une fine pellicule de Crust / HxCx... Une touche que l'on devine plus que l'on constate. L'apparition du nom de DISRUPT dans cette kro ne serait pas incongrue.

Malgré une efficacité irréprochable, il faut néanmoins reconnaître que NEEDFUL THINGS se pointe sur nos mange-disque avec de bien gros sabots. Niveau originalité, franchement, il n'y a pas de quoi se taper le sifflet sur un parpaing mais le groupe sauve les meubles grâce à une sauvagerie perpétuellement renouvelée. Cette ambiance teigneuse est sans doute créée par le batteur qui ne ménage jamais ses efforts pour martyriser sa caisse claire. Les seuls passages "calmes" surviennent lors des Mosh parts gorgées d'un Groove digne de EARDELETE / NxCxCx.

On ne peut rien reprocher à cet album, les titres sont excellents, le son et fabuleusement épais et dru et les vocaux grognons proches de l'ami Barney sont impeccables... Loin de moi l'envie de chier dans la soupe mais ce tableau trop idyllique connaît un vilain défaut. Comme si la Joconde avait les ongles sales... c'est beau mais il y a un truc qui cloche. Un zest de personnalité plus prononcée aurait été le bienvenu car malgré ses indéniables qualités, "Dead Point" ne reste pas longtemps en tête. On passe au travers de l'album comme un nuage. C'est brutal, intense et dense mais le souvenir de ces quinze titres (dont une reprise de NxDx "Low Point") n'est pas indélébile.

Un bon album certes, mais noyé dans le cortège des Tchèqueries "habituelles". Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le genre d'achat que l'on peut regretter.


Rédigé par : Cobra Commander | 14.5/20 | Nb de lectures : 9475