Quel que soit le lubrifiant employé, les desseins de la destinée sont impénétrables. Ainsi, Mors Dalos Ra, leader énigmatique de NECROS CHRISTOS, aurait pu, vu ses goûts pour les interludes et les lunettes de soleil faire une belle carrière dans la musique d'ascenseur ou devenir VRP pour Ray-ban. Fort heureusement pour nous, les muses du death metal en ont décidé autrement en se penchant sur le berceau de notre sataniste teuton.

« Tu feras du métal de la mort mon enfant » (oui, je sais, ça perd beaucoup à la traduction) et voilà le culte en marche. Quelques quatre années après le buzz de leur première galette, « Triune Impurity Rites », NECROS CHRISTOS se décide enfin à nous remettre le couvert pour un second sabbat à la gloire de quelque dévotion impie.

Si le groupe a subi quelques mutations avec l'arrivée d'un nouveau batteur et celle d'un second guitariste, nos diaboliques Germains, n'ont pas dévié de leur trajectoire d'origine toute dédiée au culte pour le moins nébuleux d'un death metal aussi mystique que minimaliste.

Autant le dire tout de suite, si l'évocation d'interludes musicaux aussi réussis soient-ils, suffit à vous couvrir d'un urticaire du plus bel effet, je ne saurais trop vous conseiller de prendre tout de suite rendez-vous chez votre dermato préféré ou de reporter vos délicates oreilles sur l'autre projet de Mors Dalos Ra, châtré de toute ritournelle instrumentale, j'ai nommé DROWNED.

Une fois encore, le « Christ Noir » mise tout sur la mise en scène de sa musique pour nous concocter une ambiance digne de rituels vachement « Ivole ». OK, je charrie un peu parce que les ficelles de toute la panoplie cabalistique de rigueur sont un peu grosses pour qu'elles n'aient pas une lointain goût de tartufferie à prendre au quatrième degré.

Quoi qu'il en soit, la recette fonctionne à merveille et les quelques neuf titres sertis au milieu de quatorze interludes (fallait au moins ça) sont de véritables petits bijoux de death/doom moulé à l'ancienne, dépouillé de toutes fioritures. Voix d'outre-tombe, riffs entêtants pour ne pas dire hypnotiques, rythmiques de plomb, le métal de NECROS CHRISTOS progresse inexorablement avec la force tranquille d'un panzer.

Comme son prédécesseur, « Doom of the Occult » est le genre d'album aux allures conceptuelles qui se savoure dans son intégralité sans qu'on y déniche une baisse d'intensité ou la moindre faute de goût. Découpé sous forme de chapitres (d'aucuns diraient rituels) sobrement nommés « Temple » ou « Gate », cette nouvelle offrande semble néanmoins la plus aboutie du groupe à ce jour. En effet, difficile de ne pas remarquer l'attention toute particulière dont ont bénéficié nos fameux interludes. Orgues solennelles (« Temple ») ou instruments traditionnels du bassin méditerranéen qui confèrent au disque de délicates volutes aux sonorités orientales (« Gate »), voire médiévales, qui apportent un zest de légèreté contrastant superbement avec la noirceur de son death, NECROS CHRISTOS s'est foulé pour étayer son style et lui donner un second souffle.

Si vous êtes comme moi, client de véritable death metal faisant fi des tendances ou de rapidité d'exécution sclérosant la majeure partie des sorties actuelles, il se pourrait bien que vous y trouviez votre compte avec ce « Doom of the Occult », ma foi, fort réussi.

A signaler le superbe artwork, une jolie gravure du XIXème (non non, pas l’arrondissement) signée John Martin.


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 14117